Sommeil des enfants : apprendre à repérer le moment du sommeil

Claire Leconte est professeur émérite de psychologie de l’éducation à Lille 3 et chercheuse en chronobiologie, spécialiste des rythmes de l’enfant.

Elle est favorable à une pédagogie du sommeil et insiste sur la nécessité d’apprendre aux enfants à faire attention à leurs états physiologiques. Savoir repérer les indices annonciateurs du sommeil leur permettront de mieux gérer leur journée.

A la découverte des rythmes biologiques humains (pour comprendre le sommeil des enfants)

Des rythmes biologiques propres à chaque personne… et donc différents !

Tous les êtres vivants possèdent des rythmes biologiques. Un rythme est la reproduction à l’identique d’un même événement en fonction d’une périodicité.

Les rythmes biologiques humains sont :

  • des propriétés de la vie (on ne peut pas s’y soustraire)
  • génétiquement programmés (et donc différents d’un être humain à un autre)
  • multiples (nous possédons 3 classes de rythmes biologiques selon leurs périodes)

Nos rythmes biologiques, qui nous sont donc propres, apparaissent dès la première année de la vie. Or nous n’avons jamais appris à détecter nos rythmes biologiques individuels et les écoles (et parfois les familles) ne prennent pas en compte ces différence interindividuelles de rythmes biologiques.

L’importance des rythmes circadiens

Claire Leconte insiste sur les rythmes circadiens : ce sont les rythmes autour du jour, c’est-à-dire qu’ils durent environ 24 heures (mais pas forcément 24 heures précisément car certaines personnes ont un rythme circadien de 20h et d’autres de 28h).

Les rythmes circadiens recouvrent entre autres :

  • le rythme veille/ sommeil

La veille et le sommeil sont interdépendants car la qualité de l’un influence la qualité de l’autre.

  • la température centrale

La température augmente de 1h à 1h30 avant l’éveil spontané (on a donc froid si on se réveille en avance par rapport à l’heure d’éveil spontané).

La température baisse lors du creux méridien en milieu de journée.

Elle baisse également au moment de l’endormissement spontané : le frisson de fin de journée est donc un signe physiologique annonciateur du sommeil.

  • le cortisol

Le taux de cortisol est au plus bas au milieu de la nuit et atteint son pic avant l’éveil spontané (entre 6h et 9h du matin).

Le taux de cortisol baisse lors du creux méridien.

L’après midi n’est donc pas équivalent au matin en termes de vigilance, de capacité de concentration et de réflexion.

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En résumé :

  • chaque individu a un rythme biologique propre,
  • on gagnerait à être plus vigilants à nos sensations corporelles, et notamment les frissons de fin de journée qui sont des signes physiologiques annonciateurs du sommeil.
  • on peut apprendre aux enfants à écouter leurs sensations (plutôt que leur imposer un rythme unique qui par nature ne correspond pas à tous les membres de la famille).