Cette vidéo Tedx (en anglais) par Rami Mahmoud, enseignant, traite de la peur de l’échec et de la prise de risques à l’école. Rami Mahmoud propose 3 choses à faire en tant qu’adultes côtoyant des enfants :

1. Offrir un environnement adapté.

Plus les situations seront adaptées à la prise de risque mesurée, plus les enfants oseront et moins ils auront peur de l’échec.

2. Valoriser les efforts, le processus, la manière de faire, les progrès.

Mettre l’accent sur le travail fourni permet de faire comprendre à l’enfant qu’il a le pouvoir de progresser, même si le résultat final est en dessous des attentes.

3. Inciter les enfants à prendre des risques et à accepter l’idée d’échouer.

Cela peut passer par habituer l’enfant à se poser des questions du type “Quel a été mon rôle dans cet échec ?”, “Qu’est-ce qui est de ma responsabilité ?”, “Qu’est ce que je peux contrôler ?”, “Qu’aurais-je pu faire différemment ?”, “Qu’est-ce que je peux apprendre de cet échec ?”

Déterminer son niveau de peur face à l’échec

Rami Mahmoud propose un test à son public afin de vérifier ce que les personnes sont capables de faire par elles-mêmes.

questions du test peur de l'échec

Il donne ensuite la réponse et la manière de la trouver.

réponse au test peur de l'échec

Puis il propose  un deuxième test appelé “Choisissez votre propre aventure”. Le public a deux options :

1. répondre à une question similaire à la première

2. répondre à une question complétement différente

Rami Mahmoud indique que nous avons tous un niveau de peur plus ou moins élevé quand nous prenons une décision : nos décisions sont toujours basées sur une expérience passée et dépend donc de la manière de voir ces expériences (échec ou réussite ?). Il continue en disant que la peur peut nous être utile en cas de danger (c’est elle qui nous empêche de traverser une autoroute bondée). Cependant, la peur de l’échec peut manipuler chaque aspect de notre vie.

Il n'y a pas de deuxième question mais j'en sais plus sur votre niveau de peur :-)

Il n’y a pas de deuxième question mais j’en sais plus sur votre niveau de peur :-)

 

Les personnes à fort niveau de peur visent la perfection

Pour une personne à fort niveau de peur, tout doit être parfait que ce soit la première ou la quinzième fois qu’elle réalise l’action. Cette personne se sent stressée, sous pression à chaque “première fois”. Elle a donc tendance à éviter les défis et la nouveauté puisqu’ils sont synonymes de risques et fatalement d’échec.

Les personnes qui ont répondu correctement à la première question et qui ont un fort niveau de peur vont donc choisir une question similaire : elles veulent continuer avec ce qu’elles connaissent et maîtrisent.

Les personnes à fort niveau de peur qui ont fait une erreur à la première question voudront à tout prix éviter de se retrouver en situation d’échec. Elles choisiront l’option n°2.

Les personnes à faible niveau de peur ne craignent pas l’imperfection

Pour celles-ci, la perfection n’existe pas car il existe toujours quelqu’un de plus intelligent, de plus riche, de plus drôle… Tout est question de perspective. Ces personnes raisonnent en termes de progrès et de croissance pour identifier leurs propres limites et surtout les surmonter.

En cas de succès, les personnes à faible niveau de peur ne veulent pas refaire la même chose car elles recherchent le défi. L’échec est pour elle un moyen de s’améliorer.

“Ne faites jamais pour un enfant ce qu’il est capable de faire seul.” Maria Montessori

Rami Mahmoud considère que nous vivons dans une société de “satisfaction immédiate”. Il ne parle pas seulement de la profusion d’informations sur Internet mais aussi de la façon dont les parents se substituent à leurs enfants quand des efforts leur sont demandés, dont ils font à leur place.

Rami Mahmoud y voit deux effets pervers :

  • dévaluation de la notion d’efforts

Ces enfants reçoivent le message selon-lequel quel que soit l’effort consenti, tout le monde reçoit la même récompense.

  • élimination des occasions de connaître l’échec

Les enfants sont capables de comprendre les défis qu’ils doivent relever, de ne pas s’arrêter au premier obstacle venu, de surmonter des obstacles plutôt que de se décourager, d’apprendre de leurs erreurs et échecs. Pour ce faire, les adultes ne doivent pas empêcher les enfants de faire leurs propres expériences (par exemple, en désignant systématiquement un coupable ou un bouc émissaire responsable de l’échec de l’enfant, en trouvant des excuses aux enfants).

Pourquoi les enfants se trouvent-ils des excuses pour ne pas réussir à l’école ?

Il est facile de cataloguer les élèves de “brillants mais paresseux” ou encore de “incapables de se concentrer”. Pourtant, ces mêmes enfants sont capables de jouer pendant 12 heures d’affilée aux jeux vidéos, en oubliant même de manger… dans ces cas là, ils sont plus que concentrés !

Les enfants sont tous capables de tenir leur attention sur quelque chose mais ce qui les en empêche est souvent leur niveau de peur très élevée: l’explication la plus probable est que les personnes de leur entourage les ont systématiquement éloignés des obstacles, cette source potentielle d’échecs, chaque fois qu’ils se sont mis en peu en danger.

C’est pourquoi ces enfants développent en classe des stratégies efficaces face à le peur de l’échec : pour éviter les erreurs, ils ont appris à les générer ! Ils évitent consciemment et consciencieusement de mettre les efforts nécessaires dans une tâche. Quand ils échouent, ils peuvent ainsi se trouver des excuses  en disant qu’ils n’ont pas mis assez d’efforts dans la tâche pour réussir, qu’ils n’étaient pas à 100%.

Rami Mahmoud utilise l’expression “donner une glace” pour désigner le fait que les adultes ne “bousculent” pas les enfants dans le sens où ils jouent le jeu de dupes des enfants, où ils continuent à leur trouver des excuses de ne pas réussir. Tant que les parents donneront des glaces à leurs enfants, ceux-ci ne pourront pas se frotter à l’échec ni à l’autonomie !

Or un niveau de peur élevé est acquis, pas inné : comme chaque comportement acquis, il peut être corrigé et c’est la bonne nouvelle !

Comment faire pour que les enfants acceptent de prendre des risques à l’école ?

Pour qu’un enfant (et même un adulte) accepte de prendre des risques même face à une situation comportant une forte probabilité d’échouer, il est nécessaire de préparer l’environnement et de diminuer les dommages possibles à long terme.

Rami Mahmoud donne l’exemple d’un salto qu’il a fait dans une salle de gym. Bien qu’il n’ait jamais pratiqué la gym de sa vie auparavant, il a accepté de tenter l’expérience pour une seule et unique raison : il savait qu’il ne se ferait pas mal du fait de la réception en mousse. Il n’aurait jamais osé le faire sur un sol en dur. Et dans ce cas, qui aurait osé le traiter de paresseux ?

réception en mousse peur de l'échec

Quand les enseignants ou les parents mettent en place des situations d’apprentissages avec de fortes probabilités d’échec face à des enfants à fort niveau de peur, les premiers s’étonnent que les derniers ne s’y engagent pas. Rami Mahmoud propose de développer un environnement favorable à la prise de risque pour que les enfants retrouvent confiance en eux et dépassent leur peur de l’échec. Il faut :

  • assurer des situations peu risquées (comme avec la réception en mousse de la salle de gym),
  • proposer ces situations encore et encore aux enfants sans chercher à les mettre en difficulté,
  • les laisser tomber et se relever,
  • les accompagner, leur montrer, répondre à leurs questions sans faire à leur place,
  • les laisser apprendre petit à petit
  • les aider à prendre confiance jusqu’à ce qu’ils soient prêts à sauter sur un sol en dur.
final thought tedx ramy Mahmoud peur de l'echec

Un oiseau posé sur un arbre n’a jamais peur que la branche casse, car il fait confiance à ses propres ailes, pas à la solidité des branches.