La science de la résilience : pourquoi certains enfants arrivent à surmonter des traumatismes alors que d’autres sont marqués à vie ?

résilience enfants

La résilience est définie comme « l’art de naviguer dans les torrents » par Boris Cyrulnik. C’est la capacité à rebondir après des événements douloureux et à surmonter les épreuves de la vie.
La résilience est un processus entre des caractéristiques individuelles et l’environnement dans lequel l’individu évolue.

Le concept de résilience pour les enfants

On peut voir le concept de résilience comme une balance entre les expériences positives et les expériences négatives avec les gênes en guise de pivot. Les gênes peuvent rendre plus ou moins vulnérables au stress : le pivot peut donc être déplacé à gauche ou à droite selon les personnes.

Les expériences positives ou négatives peuvent recouvrir plusieurs formes :

  • une relation bienveillante avec un adulte, la sécurité affective et financière, une bonne santé
  • la pauvreté, l’exposition à la violence, un faible niveau d’éducation…

Le cumul d’expériences de même nature va faire pencher la balance à droite ou à gauche. Les expériences de nature opposée vont en contre balancer les effets.

Quand les expériences positives s’accumulent et que les enfants apprennent des compétences de résilience telles que la régulation du stress, la résolution de problèmes, la gestion des émotions ou encore la capacité à prévoir et à anticiper, le pivot bouge et la capacité de résilience croit.

De plus en plus d’études scientifiques mettent l’accent sur un facteur clé de résilience : Chaque enfant qui a réussi à rebondir après un malheur a connu au moins une relation stable et engagée avec un adulte encourageant et bienveillant.

D’après le National Scientific Council on the Developing Child, le pouvoir de cette relation forte entre un enfant et un adulte est un élément indispensable dans la résilience.

La résilience dépend de relations encourageantes et ouvertes ainsi que de la maîtrise d’un ensemble de compétences qui nous aident à répondre et à s’adapter à l’adversité de manière saine. Ce sont ces compétences et ces relations qui peuvent transformer un stress toxique en stress tolérable. – Jack Shonkoff, directeur du Center on the Developing Child at Harvard

Le bon développement du cerveau compte sur des interactions cohérentes d’attachement qui ont lieu entre un jeune enfant et sa figure primaire d’attachement. Quand ces interactions sont régulières, elles offrent les bases pour la construction de capacités clés, comme la capacité à planifier, à contrôler, à réguler son propre comportement et à s’adapter aux changements de conditions. Ces capacités permettent aux enfants de faire face à l’adversité et de s’épanouir.

En l’absence d’une relation soutenante, le cerveau ne se développe pas de manière optimale. Le corps perçoit cette absence comme une menace et active les hormones du stress dont la sécrétion prolongée entraîne des changements physiologiques qui affectent le cerveau et le fonctionnement de l’organisme d’un point de vue physique et mental. Dans ce cas, le stress devient toxique et les enfants auront plus de mal à s’adapter ou à rebondir après des difficultés.

8 points clés sur la science de la résilience

  • 1. La résilience naît de l’interaction entre la disposition innée interne et l’expérience externe. Elle découle d’une relation bienveillante, de capacités d’adaptation et d’expériences positives.

L’éducation bienveillante est un point central pour favoriser la capacité de résilience des enfants.

parentalité respectueuse

 

  • 2. On peut voir et mesurer la résilience en termes de réponses du cerveau, du système immunitaire et des gênes des enfants face à des circonstances stressantes.

 

  • 3. Il existe un ensemble commun de caractéristiques qui prédisposent les enfants à des issues positives dans l’adversité :
    • la présence d’au moins une relation stable, aimante et soutenante entre un enfant et un adulte qui s’occupe de lui (en savoir plus sur la théorie de l’attachement)
    • l’impression d’avoir du pouvoir et de la maîtrise sur sa propre vie (laisser des choix à l’enfant lui donne ce sentiment de contrôle, lui poser des questions et lui demander son avis même quand il est à l’origine d’une question participe à développer sa compréhension du monde). Se voir proposer un choix, c’est vivre un sentiment de liberté. Entendre la question “et toi, qu’est-ce que tu en penses ?” participe à renforcer la confiance en soi des enfants.
    • des fonctions exécutives bien développées
    • l’intégration dans une culture ou des traditions culturelles
    • la capacité à connaître et gérer ses émotions (les reconnaître, les nommer, les réguler, les exprimer)

 

  • 4. L’apprentissage à la gestion de menaces soutenables et “normales”, à la prise de risques raisonnés est critique pour le développement de la résilience

Pour aller plus loin : Quand le manque de risque et d’encouragement provoque l’anxiété des enfants

 

  • 5. Certains enfants se montrent très sensibles par nature, de par leurs gênes (à la fois aux expériences positives et négatives)

 

  • 6. Pour une même personne, la capacité à résilier peut dépendre des situations

 

  • 7. Toutes les expériences (qu’elles soient positives ou négatives) continuent d’influencer le développement physique et mental tout au cours de l’enfance. La capacité de résilience se construit; ce n’est ni une disposition innée ni une ressource épuisable.

La psychologie positive peut favoriser la capacité de résilience des enfants. La psychologie positive propose des ressources pour développer les compétences émotionnelles des enfants, stimuler leur motivation, pour favoriser la gestion non violente des conflits ou encore pour augmenter la confiance en soi des enfants (en identifiant leurs forces ou leurs ressources internes et externes).

Voici quelques activités de psychologie positive pour les enfants :

tableau psychologie positive enfants

 

  • 8. La réponse de chaque personne aux expériences stressantes varie de façon spectaculaire, mais l’exposition à l’adversité extrême génère de sérieux problèmes chez tous les êtres humains, nécessitant un traitement.

Pour aller plus loin : 5 principes essentiels pour la renégociation du traumatisme chez les enfants (chutes, accidents, opérations, peurs…)