5 choses dangereuses que nous devrions laisser faire à nos enfants

Dans cette vidéo (en anglais), Gever Tulley propose cinq choses dangereuses que nous, parents, devrions laisser faire à nos enfants.

Pourquoi exposer les enfants à (certains) dangers ?

Gever Tulley est un ingénieur, co-fondateur de la Tinkering School (école du bricolage). Il adore aider les enfants à :

  • faire des expériences,
  • construire,
  • résoudre des problèmes
  • recycler de vieux matériaux pour de nouveaux usages. I

Il part du principe que, si les parents éloignent leurs enfants de toutes les sources de danger (couteaux pointus, angles de table…), ces enfants se blesseront fatalement la première fois qu’ils entreront en contact avec. Gever Tulley conseille donc de plutôt confronter les enfants au danger pour qu’ils se montrent créatifs, confiants et capables de contrôler leur environnement.

Il introduit sa présentation en critiquant l’illusion entretenue par les médias que nos enfants sont en danger. Aux Etats-Unis, les parents sont tellement exposés aux médias qu’ils développent des peurs irrationnelles. Le top 5 des plus  grandes angoisses des parents américains est :

  1. les kidnappings,
  2. les tueries à l’école,
  3. le terrorisme,
  4. les inconnus dangereux,
  5. les drogues.

Or Gever Tulley rappelle les 5 plus grandes causes de décès infantiles aux Etats-Unis :

  1. les accidents de voiture,
  2. les infanticides familiaux,
  3. les mauvais traitements,
  4. les suicides,
  5. les noyades.

5 choses dangereuses que nous devrions laisser faire à nos enfants

Ces données sont issues d’études américaines mais reflètent un état d’esprit commun à tous les pays occidentaux. Gever Tulley propose donc cinq choses dangereuses que les enfants devraient faire. Elles permettront aux enfant d’apprendre à identifier des risques et à adopter une attitude sécuritaire pour y faire face. Les parents accompagnent les enfants dans ces expérimentations afin de garantir le cadre de sécurité de tous et la protection de l’environnement.

1. Aller à l’école à pieds

Gever Tulley y voit de nombreux avantages :

  • diminution du risque d’accidents de voiture (c’est sur les parcours les plus fréquents que le taux d’accidents est le plus élevé),
  • apprentissage des attitudes et comportements adéquats (traverser au passage piéton, regarder à droite et à gauche avant de traverser…),
  • développement d’une attitude alerte, indépendante et prudente diminuant les risques d’être victime de kidnapping,
  • ancrage de bonnes habitudes et d’appétence pour l’exercice physique .

Pour aller plus loin : Rentrée : petites astuces pour l’autonomie des enfants (rentrer seul de l’école, rester seul à la maison, sortir…)

2. Grimper aux arbres

Gever Tulley y voit là encore de nombreux avantages :

  • sollicitation de l’esprit logique et de la motricité en même temps,
  • stimulation de l’intellect et de la représentation mentale en 3D afin de visualiser l’arbre et ses branches pour savoir où poser ses mains et ses pieds,
  • fierté d’arriver en haut de l’arbre,
  • dépassement de soi pour relever les challenges que représente chaque arbre différent.

3. Brûler des choses avec une loupe

Gever Tulley affirme que ce genre d’expériences permet de comprendre les lois de la nature. C’est seulement en ayant l’occasion de jouer avec le feu que les enfant apprendront :

  • comment le contrôler.
  • comment se forme la fumée,
  • ce qu’est la combustion,
  • quelles choses brûlent et lesquelles ne brûlent pas.

4. Expérimenter des réactions chimiques

Nous sommes des composants chimiques entourés de composants chimiques et consommant des composés chimiques. Le fait d’expérimenter une réaction chimique simple permet de comprendre les fondements conceptuels de réactions chimiques plus complexes.

Ainsi générer une petite explosion et faire varier les mesures pour faire varier les effets est une bonne introduction dans le monde scientifique. Dans le commerce, il existe des kits de chimistes pour les enfants qui peuvent être une introduction aux expériences avec des composés chimiques.

5. Se coller les doigts avec de la colle

Gever Tulley estime qu’il faut faire vivre des expériences inhabituelles aux enfants car :

  • un handicap temporaire permet de mieux apprécier notre condition physique normale, 
  • on invente quand on n’a pas le choix car il faut s’accommoder de cette nouvelle situation.

 

Dans son livre 50 Dangerous Things (You Should Let Your Children Do), Gever Tulley propose 50 autres choses dangereuses que nous devrions laisser faire à nos enfants comme :

  • posséder un couteau suisse,
  • jeter un javelot,
  • démonter des appareils domestiques.

Pour ma part, certaines idées de ce livre comme enfreindre la loi concernant le piratage des films ou laisser les enfants conduire la voiture me laissent dubitative et je ne suis pas favorable à l’infraction des lois, même je suis plutôt partisane de cet état d’esprit (en gardant en tête que les parents restent bien sûr garants du cadre et des règles de sécurité, et que chaque parent agit en fonction de ses valeurs).

Les difficultés et les risques stimulent la vigilance et apportent de la joie chez les jeunes mammifères.

Les scientifiques qui étudient le jeu chez les mammifères suggèrent qu’une des visée majeures du jeu du point de vue de l’évolution est de donner l’opportunité aux jeunes d’apprendre à faire face aux urgences, aux dangers. Les jeunes mammifères de toutes les espèces se mettent dans des situations de danger modéré de manière intentionnelle et répétitive. Dans les jeux de chasse et poursuite (courir, attraper, laisser partir, changer de rôle), ils alternent en permanence entre perdre et regagner le contrôle. Dans leurs jeux, les jeunes mammifères intègrent délibérément des éléments de danger qui leur permettent de s’exercer (à sauter, à tomber, à grimper…) sans risquer de se faire trop mal : ils sont capables eux-mêmes d’évaluer les actions dont ils ont besoin pour exercer telle ou telle compétence et le niveau de difficulté qui leur permet de progresser.

Le danger procure des émotions positives. Or les émotions positives sont la manière qu’a trouvé la nature pour nous récompenser quand nous apprenons/ découvrons quelque chose afin que nous puissions accepter de nous mettre en danger et d’entreprendre des choses difficile et coûteuses en termes d’énergie.

Au cours de ces jeux, les petits humains testent leurs propres peurs ainsi que leur condition physique dans un environnement sécurisé. Ces jeux sont forcément libres et auto dirigés parce que seuls les enfants savent pour eux-mêmes quel est le niveau de peur et la dose de difficulté dont ils ont besoin pour progresser (ni trop, ni trop peu). Si le niveau n’est pas adapté, les enfants sont libres de quitter le jeu. Sans cette possibilité, on ne peut plus parler de jeu.

Quand on empêche les jeux que nous adultes estimons dangereux, on détériore les capacités des enfants à savoir ce qui est bon pour eux, à prendre soin d’eux mêmes en fonction de leurs propres besoins et à prendre des décisions sensées en autonomie. Un cercle vicieux se met alors en place :

les adultes privent les enfants de liberté, d’autonomie et d’une certaine dose de danger -> les enfants perdent en conscience d’eux-même et en auto apprentissage (sur le plan physique, cognitif et émotionnel) -> les adultes estiment alors que c’est leur rôle de guider les enfants et de montrer ce qu’ils peuvent/ doivent faire -> les enfants perdent encore plus en conscience d’eux-mêmes et en autonomie…

Il nous reste alors à trouver le bon équilibre entre nos peurs excessives (héritées justement du fait que nous avons également été sur protégés dans l’enfance et que nous avons perdu le contact avec cette disposition dont la nature nous a dotés et alimentées par les informations pointant toujours plus les drames et accidents… le sensationnalisme faisant vendre des journaux…) et les besoins des enfants.

Lire aussi : Pourquoi les enfants jouent-ils à des jeux dangereux ? (et les conséquences de la politique du risque zéro)