Informer, argumenter, persuader, convaincre fonctionnent peu pour que les enfants écoutent

L’information, l’argumentation et la persuasion sont nécessaires, mais pas suffisantes en matière d’éducation

Expliquer pourquoi un comportement est inadapté et démonter avec des arguments à un enfant ou un adolescent pourquoi tel autre comportement est préférable est rarement efficace pour qu’ils changent de perceptions et de comportements. L’information, l’argumentation et la persuasion sont nécessaires en matière d’éducation, puisque nous faisons le pari de l’intelligence et de l’éducabilité des enfants. Toutefois, elles ne sont pas suffisantes pour entraîner une modification de comportements de leur part.

Répéter est indispensable.

La répétition et la démonstration sont indispensables pour influencer les enfants, car c’est le fait de répéter un comportement qui crée des chemins neuronaux dans le cerveau, à la base des habitudes. Cela signifie que nous pouvons procéder par étapes avec les enfants :

• dire ce que nous attendons en spécifiant les gestes dans l’ordre chronologique et à l’aide de phrases courtes;
• démontrer ce qui est attendu en faisant nous-mêmes les gestes souhaités;
• faire avec l’enfant en l’engageant à faire ensemble;
• regarder l’enfant faire en l’encourageant par un sourire, des gestes ou des mots valorisants.

Agir de cette façon rend explicite ce qui est attendu. En effet, nous partons parfois du principe que les enfants n’écoutent pas alors que nous n’avons pas assez explicité les comportements que nous attendons d’eux. Ainsi, quand nous demandons à un enfant ou un adolescent de débarrasser la table, nous souhaitons qu’il débarrasse les assiettes et les couverts, les mette dans le lave vaisselle, jette les emballages à la poubelle et passe l’éponge sur la table. Or, pour l’enfant, il s’agit peut-être juste de mettre les assiettes dans l’évier.

Par ailleurs, le fait de rentrer en contact physique léger avec l’enfant le rend mieux disposé à modifier son comportement et tendre vers ce que nous lui demandons.

6 propositions pour que les enfants écoutent (quand ils ne veulent pas faire ce qu’on leur demande)

1.Pour reprendre l’exemple de la table à débarrasser. Vous demandez à votre enfant de vous aider à débarrasser la table. Vous souhaitez qu’il débarrasse les assiettes et les couverts, les mettent dans le lave vaisselle, jettent les emballages à la poubelle et passent l’éponge sur la table.

Exemple de demande -> “J’ai vraiment besoin de ton aide pour débarrasser la table. Si tu mettais au moins les assiettes et les couverts au lave-vaisselle, cela me soulagerait vraiment. “

 

2.Votre fille de quatre ans refuse de se préparer toute seule le matin.

Exemple de demande -> “Je parie que tu peux mettre ta culotte et ta robe toute seule. Je t’aiderai pour le reste.”

 

3.Un adolescent doit rendre un devoir maison de français, mais il ne comprend pas l’énoncé (ou ne cherche pas vraiment à le comprendre, se braque et est prêt à abandonner).

Exemple de demande -> Vous lisez l’énoncé du DM et vous déclarez : “Oula, je n’ai pas tout compris. Je ne me souviens pas de ce qu’est une litote, peut-être pourrais-tu m’expliquer ?” Vous incitez votre ado à relire la consigne pour être en mesure de définir les termes spécifiques et vous l’encouragez à approfondir en disant : “Hum, donc ça veut dire que… C’est bien ça ? Moi, je commencerais comme ça. Ça te paraît correct ?”

 

4.Vous souhaitez que votre enfant choisisse un objet/ un aliment plutôt qu’un autre.

-> Présenter les objets de telle manière que votre préférence soit facilement accessible, tandis que les autres choix sont éloignés. L’enfant pourra les choisir (les objets ne sont ni cachés ni interdits), mais il devra faire un effort supplémentaire pour les atteindre.

 

5.Votre enfant se trouve laid.

Exemple de demande -> “A quel moment te trouves-tu un peu plus joli.e ? Quelle est la partie de ton corps que tu préfères ?” (et ajouter par exemple : “Moi, ce que je préfère chez toi, ce sont tes taches de rousseur/ tes longs cils recourbés/ tes lèvres fines”).

 

6.Votre enfant ramène un 3/20 à un devoir de géographie.

Exemple de demande -> “Et bien, il semblerait que ce contrôle-là est raté. On va examiner ensemble ce qui n’a pas fonctionné et ce qui t’a manqué pour réussir. C’est la leçon que tu n’avais apprise ou comprise ? Ou alors tu ne t’attendais pas à ces questions ? Ou peut-être que tu n’as pas eu assez de temps ?”

 

Ces suggestions ne sont ni des prescriptions ni des baguettes magiques. L’enfant peut évidemment se montrer réfractaire à ces propositions et les rejeter. Cependant, en tant que parent, nous multiplions les chances que nos enfants nous écoutent, en ayant en tête des manières diverses de s’adresser à eux.

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