5 pistes pour réconforter les enfants anxieux efficacement
Dans son livre J’ai plus peur ! Aider un enfant à surmonter ses craintes, Lawrence Cohen écrit que réconforter les enfants anxieux n’est pas facile. Certains enfants sont imperméables aux mots qui s’appuient sur la logique (exemple :”non, il n’y a pas de monstre sous ton lit, regarde en même temps que moi avec la lampe de poche“), voire sont carrément perturbés ou énervés par des efforts de réconfort “ratés”. Lawrence Cohen propose plusieurs pistes pour réconforter les enfants anxieux efficacement :
1.Rassurer sans dévaloriser
Prendre les craintes au sérieux sans les nier ou les minimiser est essentiel. On pourra par exemple reformuler la peur exprimée par l’enfant puis réfléchir à voix haute : les différentes étapes de notre réflexion pour écarter les possibilités de la réalisation de l’action crainte par l’enfant, montrer notre confiance dans notre réflexion, relater une histoire similaire (de notre propre enfance ou sous forme de témoignage entendu à la radio ou à la télé par exemple).
2.Valider les émotions d’abord, rassurer ensuite
De nombreux parents foncent dans le réconfort trop vite. Les enfants sont plus réceptifs aux efforts d’apaisement une fois leurs émotions reconnues. Tout se passe mieux si nous créons d’abord une réelle proximité affective avec les enfants. – Lawrence Cohen
La manière la plus simple et efficace de valider les émotions des enfants est de refléter ce qu’ils disent sans corriger ni interpréter. L’empathie et la patience sont les clés.
Par exemple : “Tu dis que tu ne connais personne à cet anniversaire et que tu ne t’amuseras pas. J’ai bien compris ?”
L’objectif de l’écoute active est d’aider l’enfant à en dire plus, à approfondir, à mieux développer sa pensée. L’écoute active peut passer par des expressions du type :
Tu sembles (fâché contre)…
Tu es tellement (en colère) que tu as envie de…
Tu n’aimerais pas…
Tu aimerais mieux…
Tu crois que…/ Tu as cru que…
Tu as l’impression que…
Tu te sens…
Quelque chose (te fait peur/ te met en colère/ te rend triste), c’est ça ?
C’est vraiment…. qui (te fait peur/ te met en colère/ te rend triste) ?
Tu en as assez de…
Tu aimes vraiment… ? / …, ça te plait beaucoup, on dirait.
Tu as peur de…
Tu es déçu de…
Tu veux dire que…
…., c’est ça qui t’embête ?
Tu n’as pas assez de temps pour…
Ça doit être (douloureux/ gênant) de…
Tu as ressenti (de la honte/ de la peine/ de la peur/ de la colère) ?
Tu te demandes pour quelle raison….
Il te semble (difficile/ risqué) de…
Faire comme ça/ comme ci ne te donne pas ce que tu voudrais
3.Réconforter les enfants en suivant la règle des 15 secondes
Lawrence Cohen conseille d’arrêter nos efforts de réconfort quand ils n’ont pas donné lieu à des signes d’apaisement chez les enfants au bout de 15 secondes. Pour lui, le réconfort agit presque immédiatement quand il apaise.
Dans le cas d’un enfant hyper anxieux, il arrive que les parents essaient de calmer leur enfant pendant si longtemps qu’ils finissent tous les deux énervés et frustrés.
4.Quand les mots ne suffisent plus : des câlins et/ou des jeux
Quand le cerveau anxieux est activé, il ne réagit plus aux nouvelles informations. Il doit d’abord être calmé et rassuré. Ainsi malgré toute la logique du monde, les parents n’arriveront pas à calmer les craintes de certains enfants hyper anxieux. Ces derniers ont besoin d’autre chose avant tout : le sentiment de sécurité et de proximité que leur donne un contact physique (une main donnée, un câlin, une simple pression sur l’épaule…).
Dans ces moments là, un geste tendre accompagné de murmures affectueux agira beaucoup mieux que tout argument de bon sens. C’est ce que Lawrence Cohen appelle “l’Approche primaire” : la zone émotionnelle du cerveau réagit mieux aux stimuli primaires (câlins, chansons douces, autres signes de réconfort non verbaux) qu’aux informations sophistiquées utilisant le langage et la logique.
Ces signes non verbaux peuvent être accompagnés de mots très simples : “Je suis tout à côté de toi. Est-ce que tu sens mes bras autour de toi ? Ça te fait peur de penser à…“.
Lawrence Cohen propose tout une série de jeux pour aider les enfants à surmonter leurs peurs : par exemple, le jeu du Stop et Démarre (quand l’enfant dit STOP, tout le monde s’arrête, quand il dit DÉMARRE, tout le monde reprend sa marche. Ce jeu peut être efficace pour s’approcher en douceur d’un objet d’un animal ou d’une activité qui fait peur à l’enfant) ou le Jeu de la ficelle (“Tu te rappelles comme tu détestes être séparé de moi ? Et si on mesurait la distance exacte entre nous deux à partir de laquelle c’est trop difficile pour toi ?” On exagérera alors pour désamorcer l’angoisse de séparation en serrant l’enfant dans les bras et en lui demandant “et comme ça, je te manque ?”.Une fois cette première étape sur le mode ludique engagée, on s’éloignera de quelques centimètres et, aux premiers signes d’anxiété, on prendra une ficelle ou un mètre pour mesurer la distance. On pourra recommencer à plusieurs jours d’intervalle pour voir si la distance augmente).
On peut également apprendre aux enfants à reconnaître leurs sensations corporelles pour différencier l’anxiété ressentie et le réel danger. Lawrence Cohen appelle cela “Avoir peur en sécurité” : “Mon coeur bat très vite et mes mains sont moites parce que je suis anxieux.se, et non pas parce que quelque chose de dangereux m’arrive“.
5.Soutenir les évaluations et les signaux de fin d’alerte, sans tenter de les remplacer par les nôtres
Lawrence Cohen parle du Système de Sécurité pour nous protéger du danger. Une partie de notre conscience reste vigilante en permanence. Une fois alerté, notre corps doit réagir immédiatement. De la menace au calme, le Système de sécurité déroule quatre étapes :
- le signal d’alerte (le système de veille qui augmente notre vigilance en cas de “raisons” de s’angoisser)
- l’alarme (le cerveau émotionnel nous pousse à agir : lutter, évaluer la situation, se cacher, fuir, se prostrer, appeler à l’aide..)
- l’évaluation (la recherche d’informations logiques et rationnelles pour classer les menaces et, en conséquence, ordonner à l’alarme d’accroître la réaction de peur ou déclarer que tout va bien)
- la fin d’alerte (le corps et l’esprit se détendent)
Si le danger est réel, et seulement dans ce cas, nous avons besoin d’une alarme efficace pour nous préparer à fuir, à lutter ou à appeler au secours. Comment savons-nous si nous sommes vraiment en face d’un danger ? En l’évaluant, nous dit Lawrence Cohen. Sans évaluation, la peur et l’anxiété continuent d’être activées. La peur et l’anxiété sont là pour protéger nos vies mais nous avons besoin de pouvoir éteindre leurs signaux d’alarme quand le péril s’est évanoui ou que nous sommes assurés qu’il s’agissait d’une fausse alerte.
Pourtant, Lawrence Cohen écrit que nous ne pouvons pas nous insérer dans les mécanismes du Système de sécurité de notre enfant et déclarer la fin d’alerte à sa place.
Notre rôle est de lui procurer apaisement, protection et informations fiables, mais le sien est de s’imprégner des preuves de sa sécurité et de franchir lui-même la dernière étape. – Lawrence Cohen
Ainsi, pour réconforter les enfants, nous pourrions essayer de dire “Je suis là. Me sens-tu à côté de toi ?” plutôt que dire “Tout va bien, tu n’as rien à craindre.”
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Source : J’ai plus peur ! Aider un enfant à surmonter ses craintes de Lawrence Cohen (éditions JC Lattes). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur les sites de ecommerce.
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