10 suggestions pour une éducation féministe (issues du livre Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe)
Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe dans lequel elle répond à une de ses amies qui vient d’accoucher d’une petite fille et qui lui demande des conseils éclairés pour lui donner une éducation féministe. Elle y fait 15 suggestions à son amie pour déjouer les pièges que tend le sexisme aux filles dès la naissance.
est une autrice nigériane engagée dans la lutte contre le racisme et le sexisme. Elle a écrit le livreChimamanda Ngozi Adichie est nigérianne et fait des références à son pays à plusieurs reprises. Le message qu’elle souhaite faire passer y gagne en universalité.
1.Sois une personne pleine et entière.
Chimamanda Ngozi Adichie écrit :
Refuse, je t’en prie, l’idée selon laquelle la maternité et le travail seraient incompatibles.
Ne sois pas trop dure avec toi-même. Demande de l’aide. Compte sur cette aide.
Accorde toi le droit d’échouer. Ne pars pas du principe que tu devrais tout savoir.
Accorde -toi du temps pour toi. Satisfais tes propres besoins.
Les tâches domestiques et l’éducation des enfants devraient appartenir également aux deux sexes et nous devrions nous demander non pas si une femme est capable de tout gérer de front mais comment aider au mieux les parents à assumer la double responsabilité au travail et à la maison.
2.Faites les choses ensemble.
Pour Chimamanda Ngozi Adichie, un père est un “verbe” autant qu’une mère.
Elle estime que, si les tâches liées à l’éducation de l’enfant et aux tâches domestiques sont équitablement réparties, nous le saurons, nous le sentirons parce que nous n’aurons pas la moindre rancoeur.
Elle reprend l’idée de bannir l’idée du vocabulaire de l’aide. Quand nous disons que les pères aident, nous suggérons que s’occuper des enfants est un territoire appartenant aux mères, dans lequel les pères s’aventurent vaillamment.
3.Apprends-lui que les rôles de genre n’ont absolument aucun sens.
“Parce que tu es une fille” ne sera jamais une bonne raison pour quoi que ce soit. Jamais.
Chimamanda Ngozi Adichie a été frappée de voir à quel point notre culture commence tôt à façonner nos représentations de ce qu’un garçon doit être et de ce qu’une fille doit être. Elle souhaite que les jouets soient rangés par catégories plutôt que par genre.
Elle conseille aux parents de filles :
Compare la à ce qu’elle devrait être en donnant le meilleur d’elle-même.
Nous sommes si profondément conditionnés aux rôles de genre que nous leur obéissons souvent même quand ils contrarient nos désirs véritables, nos besoins, notre bien-être.
4.Méfie toi des pièges de ce que j’appelle le féminisme light.
Chimamanda Ngozi Adichie se demande pourquoi, quand une femme a du pouvoir, nous avons toujours besoin de déguiser le fait qu’elle ait du pouvoir.
Le bien être des femmes ne doit jamais dépendre de la bienveillance des hommes.
5.Apprends lui à lire et à aimer les livres.
Chimamanda Ngozi Adichie insiste sur l’importance de l’exposition aux livres et à une diversité littéraire et culturelle dès le plus jeune âge.
Je ne parle pas de livres scolaires. Je parle de livres qui n’ont rien à voir avec l’école, d’autobiographies, de romans et de livres historiques. – Chimamanda Ngozi Adichie
6.Apprends-lui à questionner les mots.
Les mots sont les réceptacles de nos préjugés, de nos croyances et de nos présupposés.
Nous pouvons décider nous-mêmes ce que nous nous autorisons (et nous interdisons) de dire à nos enfants. Parce que ce que nous leur disons compte. C’est ce qui leur enseigne la valeur qu’ils doit attacher aux choses, aux gens ou encore aux idées.
A propos des filles, Chimamanda Ngozi Adichie propose aux parents :
Apprends lui à poser des questions comme celles-ci : quelles sont les choses que les femmes ne peuvent pas faire parce que ce sont des femmes ? Ces choses possèdent-elles un certain prestige dans notre société ? Si c’est le cas pourquoi seuls les hommes peuvent-ils faire ce qui a du prestige ?
En réalité, les femmes n’ont pas besoin qu’on “défendre leur cause” ou qu’on les “vénère” : elles ont juste besoin qu’on les traite en êtres humains égaux.
7.Ne présente jamais le mariage comme un accomplissement.
Dans une société véritablement juste, on ne devrait pas attendre des femmes qui se marient des changements qu’on n’attend pas des hommes.
8.Apprends lui à ne pas se soucier de plaire.
Aucune fille ne devrait chercher à se rendre aimable mais toujours veiller à être pleinement elle-même, une personne sincère et consciente que les autres sont humains autant qu’elle.
Apprends lui à être sincère. Et bienveillante. Et courageuse. Encourage la à exprimer ses opinions, à dire vraiment ce qu’elle pense, à parler vrai.
Dis lui qu’elle n’est pas seulement un objet qu’on aime ou qu’on n’aime pas, elle est également un sujet qui peut aimer ou ne pas aimer.
9.Offre lui un sentiment d’identité.
Chimamanda Ngozi Adichie insiste sur l’importance d’expliquer aux enfants, en particulier aux filles, les privilèges et les inégalités, et l’éthique de reconnaître sa dignité à toute personne en même temps que reconnaître les personnes mal intentionnées à leur égard.
10.Pèse soigneusement ta façon d’aborder son apparence physique.
Chimamanda Ngozi Adichie rappelle que donner une éducation féministe aux filles n’implique pas de les contraindre à refuser la féminité.
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Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe de Chimamanda Ngozi Adichie (éditions Gallimard) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe, un livre à lire pour soi, quel que soit notre genre, à offrir à nos sœurs, tantes, mères, filles, nièces, amies, filles d’ami.e.s, cousines, collègues, enseignantes… mais aussi à nos frères, oncles, pères, fils, neveux, amis, fils d’ami.e.s, enseignants ! Un magnifique texte sous forme de lettre intime et authentique qui raisonne à tout âge et qui tente de semer des graines pour un monde plus juste à l’égard des femmes et des hommes.