La fatigue émotionnelle et physique des mères : un livre sur le burn-out maternel
Présentation de l’éditeur
Être mère est un bonheur immense. C’est aussi une situation qui expose les femmes à une intense fatigue physique et émotionnelle : haut niveau de responsabilité permanent, stress, partage des tâches inéquitable, absence de reconnaissance, etc. Tous ces facteurs peuvent engendrer un état de burn-out similaire à celui que l’on rencontre dans les milieux professionnels.
Non, vous n’êtes pas coupable de mal vous organiser ni de mal élever vos enfants ! Qu’ils soient en bas âge ou adolescents, que vous ayez une activité professionnelle ou non, et quelle que soit votre situation familiale, ce livre vous permet de comprendre ce que vous vivez et répond à vos questions : comment faire face au stress quotidien ? Comment vous protéger, physiquement et émotionnellement, pour être capable de mener à bien le beau métier de mère ?
L’autrice : Docteur en psychologie diplômée de l’Université d’Atlanta (États-Unis), Violaine Guéritault est consultante dans une société de conseil aux entreprises sur les thèmes du burn-out et du stress au travail. Elle est mère de deux enfants.
Les points forts
Violaine Guéritault explique dans cet ouvrage que l’épuisement maternel intervient quand les responsabilités maternelles usent petit à petit l’ensemble du capital énergie. Elle propose dans son livre un tour d’horizon de ces facteurs stressants au point de conduire au burn out maternel :
- surcharge de travail;
- absence de contrôle ou contrôle limité (sur situations, événements…);
- imprévisibilité des événements et des situations;
- absence de récompenses ou de reconnaissance pour le travail accompli;
- absence de soutien physique et émotionnelle d’un point de vue conjugal et social;
- valeur personnelle élevée donnée par l’individu à son travail;
- absence de formation appropriée en vue d’accomplir les responsabilités qui sont confiées.
Violaine Guéritault utilise le mot « travail » pour caractériser les actes de la vie quotidienne de nombreuses mères. Elle estime par ailleurs que le burn out maternel est un problème qui trouve ses racines non pas dans les femmes mais dans leur environnement social.
Mais pourquoi alors si peu de reconnaissance envers les mères ? Violaine Guéritault avance 4 raisons culturelles symboliques de la pensée occidentale :
- les hommes ont parfois (souvent) une vision limitée de ce qu’englobe réellement la maternité (du fait d’un système patriarcal qui valorise le modèle homme au travail/ femme « oisive » au foyer, du fait d’inégalités salariales en faveur des pères qui conduisent les mères à s’arrêter plus facilement puisque c’est le plus petit salaire du foyer et du fait des faibles incitations sociétales pour permettre l’arrêt longue durée des pères dans le cadre de congés parentaux);
- « bien faire son boulot, c’est normal » (ce qui conduit à une absence de reconnaissance quand le travail est bien fait mais à une avalanche de critique dans le travail n’est pas fait ou « mal » fait selon des critères par ailleurs subjectifs de la personne ou de la société qui s’érigent comme juges… ainsi qu’à une quête de la perfection et à une auto culpabilisation des mères);
- « il n’est pas bon de faire trop de compliments » (encouragement, félicitations et renforcement positif étant censés développer chez les mères orgueil, vanité et paresse… traduisant peut-être une peur des pères à ce que les mères arrêtent de faire le travail qu’elles sont supposées faire, les obligeant à assumer leurs propres responsabilités, à mettre la main à la pâte et à endosser des qualités dites féminines par une société qui valorise les attributs dits masculins);
- « faire des compliments, c’est être faible » (la critique est plus facile car le critiqueur se pose en situation de domination dans un rapport de force avec le/la critiqué.e).
Violaine Guéritault décrit le burn out comme un phénomène résultant d’un processus multidimensionnel défini par trois composantes principales qui se présentent sous la forme de stades successifs :
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- épuisement émotionnel et physique
- dépersonnalisation ou distanciation
- reniement des accomplissements passés, présents et futurs; baisse de la productivité
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Pour Violaine Guéritault, le modèle du burn out, qui a au départ été appliqué aux contextes professionnels, colle parfaitement avec ce que vivent au quotidien des milliers de mères. Ces stades peuvent être causés par le stress qu’une mère rencontre quotidiennement.
Pour Violaine Guéritault, mieux comprendre les sources de stress qui mènent au burn out et savoir en reconnaître les effets, c’est être capable de mieux s’en protéger et d’en sortir.
Le burn out n’est pas le fait de l’incapacité d’un individu à faire face aux contraintes qui l’entourent. Il est dû à une dynamique complexe, émergeant de l’interaction entre cet individu et l’environnement dans lequel il se trouve et qui le modèle en partie. Mieux connaître les facteurs de stress dans votre vie, c’est mieux les comprendre et mieux vous comprendre vous-même. Etre une maman stressée n’a rien d’inadmissible, de honteux ou d’inavouable.
Il est temps que notre culture autant que les mères elles-mêmes cessent de minimiser les difficultés associées aux responsabilités maternelles. Etre une mère est un travail à part entière et en ignorer les risques et les dangers peut s’avérer un bien mauvais calcul à long terme. – Violaine Guéritault
Violaine Guéritault écrit qu’il n’existe pas une seule solution miracle au burn out (ou épuisement) maternel. Elle propose une approche plurielle pour que chaque mère puisse puiser des idées selon ses besoins, son tempérament, son état d’esprit, sa situation…
Le simple fait de reconnaître la légitimité de nos émotions, l’existence des maux et leurs validité a une valeur curative en soi.
Cela étant dit, apprendre à réduire le stress et à surmonter le burn out parental est un processus long qui peut prendre des semaines, voire des mois : reconnaître l’état de burn out et en comprendre les causes est seulement la première étape vers une guérison.
Violaine Guéritault incite à nouer des liens avec d’autres mères. Se laisser aller et se confier sans risque d’être condamnée, jugée ou juste incomprise est une aide précieuse dans le processus de guérison. La simple écoute, sans jugement ou intervention arbitraire pour expliquer quelles émotions devraient être ressenties ou quelles actions devraient être entreprises, est une authentique source de bienfaits aux « pouvoirs anti stress ».
Les dialogues ouverts entre parents offrent de nombreux bénéfices :
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- l’empathie dont il était question au point précédent,
- la baisse de la culpabilité,
- l’encouragement mutuel,
- le partage d’idées et de solutions.
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Le fait de demander de l’aide, de renoncer à l’idéal de perfection et de s’organiser différemment sont de précieux alliés pour éviter l’épuisement parental ou en sortir.
Violaine Guéritault nous invite à
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- faire l’inventaire de nos obligations : lister les tâches qui prennent beaucoup de temps et, pour chaque tâche, nous demander quelle serait la pire chose qui pourrait arriver si nous devions ne pas l’accomplir. Le choix d’abandonner certaines tâches plutôt que d’autres est personnel et peut prendre du temps (pour ma part, je suis toujours étonnée de savoir que certaines personnes continuent à faire du repassage : depuis que ma fille est née, je n’ai plus touché un fer à repasser, j’ai simplement décidé de ne plus mettre de chemisier 🙂 );
- développer des standards de qualité réalistes : viser le bien propre plutôt que le parfaitement propre;
- s’organiser de façon plus efficace pour effectuer les tâches qui restent sur la liste (des ouvrages livrent des solutions clés en main comme La magie du rangement de Marie Kondo ou Flylady de Marla Cilley).
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Ces propositions nous convient sur la voie du minimalisme et du kaizen (ne pas aborder tous les problèmes en même temps mais aborder les problèmes un à un, en ayant en tête qu’acquérir de nouvelles habitudes prend du temps).
N’ayez pas peur de demander de l’aide quand vous en avez besoin ! Les mères ont tellement l’habitude d’assumer la majeure partie des responsabilités familiales qu’elles en arrivent à ne plus savoir appeler au secours. Dans certains cas, elles ne demandent rien parce que l’expérience leur a appris qu’elles n’obtiendront rien de leur entourage. – Violaine Guéritault
Par ailleurs, Violaine Guéritault invite les mères, à prendre du temps pour elles. Le fameux « les parents doivent prendre soin d’eux »… oui, je sais, c’est bateau et, en même temps, bien plus facile à dire qu’à faire. Ce temps pour souffler peut se faire grâce à un réseau de soutien (ami.e.s, famille, conjoint.e…) ou des aides publiques (maison parents/ enfants où il est possible de rencontrer des professionnel.le.s et d’autres parents, TISF qui interviennent à domicile…).
En prenant soin de tout le monde sans s’occuper d’elles-mêmes, elles sont aggravé non seulement leur stress mais aussi et surtout toutes les émotions et les frustrations qui l’accompagnent. – Violaine Guéritault
Violaine Guéritault sait bien que donner des idées et des conseils pour réduire le stress n’est pas toujours suffisant. Un burn out maternel traité trop tard ou qui se heurte à des contraintes matérielles trop fortes peut se transformer en dépression. Quand le burn out est déjà bien installé et que la dépression est proche, il est possible que l’énergie disponible pour appliquer les conseils mentionnés ci-dessus soit inexistante.
Dans le cas où le lever matinal est presque insurmontable, où le moindre acte du quotidien semble pomper le peu d’énergie restant, où la gestion du quotidien devient presque indifférente, il est utile de s’adresser vers un professionnel de santé.
Un soutien psychologique efficace est nécessaire pour exprimer toute les frustrations. Violaine Guéritault conseille de choisir un thérapeute qui pratique une approche centrée sur la personne (d’après la méthode de Carl Rogers). Ce type de thérapie privilégie une écoute empathique et chaleureuse dénuée de tout jugement. Elle s’appuie sur les points forts de la personne pour l’aider à développer son plein potentiel et l’encourager à utiliser ses ressources personnelles.
On rejoint dans ce livre le concept de « charge mentale » qui a fait les gros titres des journaux il y a quelques temps. Reconnaître l’existence de l’épuisement maternel, c’est également reconnaître l’existence de cette charge mentale. Les pères comme les mères gagneront donc à lire cet ouvrage qui éveille les consciences et ouvre des perspectives pour mieux vivre la parentalité avec l’idée que chacun des parents fasse sa juste part dans le foyer.
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La fatigue émotionnelle et physique des mères : Le burn-out maternel de Violaine Guéritault (éditions Odile Jacob) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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