Quand les violences éducatives parasitent les comportements innés humains (attachement, empathie, imitation)
Violence éducative et lien parents/ enfants
Olivier Maurel écrit dans livre Oui, la nature humaine est bonne ! que, parmi les comportements innés de l’enfant humain, aucun ne le prépare à être agressé par les êtres qui constituent précisément sa base de sécurité. Quand un enfant est tapé, moqué ou encore ignoré par ses propres parents, il se retrouve isolé dans une situation où le lien de confiance indispensable à ses parents est rompu. Or le contrat de confiance entre un enfant et ses parents fait partie des “fondations de l’édifice de sa vie et de sa personnalité”. Olivier Maurel reconnaît qu’il est possible pour les humains fessés, punis, brimés, maltraités de cicatriser et de se remettre d’une enfance malheureuse mais qu’il est évidemment préférable d’éviter ces premières blessures.
Les effets de la violence, quelle qu’en soit la forme (maltraitance au sens commun mais également violence éducative dite ordinaire telles que les fessées occasionnelles ou les claques), sur les relations parents/ enfants ne sont pas simples. La violence de la part des parents qui représentent la base de sécurité ne produit pas un rejet de ces personnes par l’enfant. En effet, ce dernier a trop besoin d’une base et est trop dépendant pour pouvoir se permettre ce rejet.
La relation aux parents passe avant tout, y compris avant la violence, parce qu’elle est vitale, ni plus ni moins.
Ce comportement permet de comprendre pourquoi les parents maltraitants prétendent que les coups ne traumatisent pas leurs enfants puisqu’ils recherchent leur affection et même semblent parfois “chercher” la claque. – Olivier Maurel
Conséquences des violences éducatives
Quand un enfant est reçu avec empathie, tendresse et douceur par des parents qui répondent à ses besoins, ce même enfant intègre l’empathie, la tendresse et la douceur à son répertoire de comportements normaux (tout en gardant en tête que le cerveau des enfants est immature et que les comportements enfantins d’agressivité ne sont pas synonymes de violence mais de manque de régulation des impulsions).
Quand un enfant est reçu avec négligence, que des gestes violents (fessée, claque, tirage d’oreille ou de cheveux, “petite” tape sur la main, paroles humiliantes…) lui sont prodigués, alors cet enfant-là va intégrer cette violence physique et affective dans son répertoire de comportements normaux. L’attachement comportera pour cet enfant de la violence et il est possible qu’il la reproduise sur ses propres enfants, sur son/sa conjoint.e ou sur les autres en général. Ou alors certains de ces enfants considéreront normal d’être violentés dans une relation affective puisqu’ils auront appris qu’on peut être aimé et être violenté, de même qu’on peut aimer et violenter.
Pour un enfant, les coups (fessée, gifle, calotte, tapes, bastonnades, tirage d’oreilles…) signifient menace de rejet et d’abandon. Un enfant frappé peut être amené à :
- s’endurcir pour survivre (ou du moins ne pas trop souffrir),
- s’identifier au jugement implicite contenu dans les coups et ainsi s’accuser en justifiant les violence qu’il subit (“les adultes ont raison de me frapper parce que je suis méchant”, “ils ont raison de ne pas avoir de peine pour moi parce que je ne le mérite pas”, “je ne suis pas digne d’être aimé”),
- croire à la loi du plus fort (les forts ont le droit de taper les faibles),
- justifier les violences éducatives en refusant de les reconnaître pour ce qu’elles sont (“j’en ai pris des fessées et j’en suis pas mort”),
- se conformer pour éviter la souffrance, au détriment de l’imagination, de la créativité, de l’enthousiasme, de l’exploration, de l’initiative individuelle,
- rechercher la souffrance comme seule manière d’éprouver du plaisir ,
- perdre son instinct de défense contre les agressions extérieures ,
- adhérer aux pires idéologies justificatrices de la violence (faire du “mal” au nom d’un “bien” supérieur, ce “bien” passant avant le respect dû à tout être humain),
- faire naître des désirs de substituts au bonheur : avoir, pouvoir, biens matériels, paraître.
Pour Olivier Maurel, les violences éducatives de toute nature qu’elles soient (maltraitance reconnue comme telle ou violence éducative dite ordinaire) ne peuvent qu’avoir des effets négatifs et parasites sur les comportements innés d’attachement, d’imitation et d’empathie.
Sortir de la violence éducative
Olivier Maurel constate que le premier pas pour sortir de la violence éducative est de réhabiliter notre vision de l’enfant et de la nature humaine en général. C’est la raison pour laquelle son livre porte le titre de Oui, la nature humaine est bonne !
Il propose d’autres pistes pour sortir de la violence éducative, y compris celle de qualifiée d’ordinaire :
- convaincre l’opinion publique de la nécessité de renoncer à la violence éducative
- offrir des ressources pour accompagner les parents en souffrance et les aider à briser le cercle de la violence éducative
- introduire dans les programmes scolaires et dans les recommandations publiques destinées aux parents et aux professionnels de l’enfance la notion de respect de l’enfant
- informer les parents sur les différentes approches qui permettent d’élever les enfants sans violence
- diffuser ces approches lors de visites prénatales, lors de la déclaration à l’état civil, dans les salles d’attentes médicales, dans les haltes garderies et crèches
- voter une loi d’interdiction des châtiments corporels
- lancer des campagnes de sensibilisation à portée nationale (voir le livret de la CAF : Le livret des parents (ressources officielles, informations pratiques et conseils bienveillants) )
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Source : Oui, la nature humaine est bonne ! de Olivier Maurel (éditions Robert Laffont)
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