Quand on a fait preuve de violence contre l’enfant (fessée, tape, humiliation, cris…) : réparer la relation et s’engager fermement à ne plus recommencer
Dans son livre Une journée Montessori : Mettez en pratique la parentalité positive au quotidien !, Audrey Zucchi propose quelques pistes pour agir quand on a fait preuve de violence contre l’enfant (fessée, tape, humiliation, cris…).
Commencer par comprendre les mécanismes qui poussent à la violence malgré les convictions
Les gifles et autres fessées que nos enfants subissent ont davantage pour origine nos blessures d’enfant qu’une quelconque bêtise commise. – Isabelle Filliozat.
Cela paraît être un poncif, voire de la psychologie de comptoir, mais travailler son histoire personnelle est tout sauf accessoire. Nous sommes très nombreux à être gouvernés par notre mémoire traumatique dès qu’il s’agit d’éducation. Revenir sur notre histoire personnelle et oser affronter nos blessures du passé est le seul remède pour nous en délivrer véritablement.
L’idée n’est pas de devenir un moine bouddhiste impassible et de supprimer la colère de notre registre émotionnel. J’explique dans cet article en quoi la colère est une émotion saine car elle nous alerte sur le fait que nos limites personnelles ont été dépassées et que nous avons tout à fait le droit d’éprouver de la colère (la colère n’étant pas synonyme de violence).
Nous pouvons en revanche accepter de nous montrer vulnérables devant nos enfants car la vulnérabilité est un antidote à la violence : «Quand cela se passe comme ça entre nous, je ne sais pas quoi faire. Je sens que je deviens très, très en colère et je préfère qu’on fasse une pause. J’en ai besoin pour me calmer. »
Cette pause peut prendre quelque forme que ce soit mais ne doit pas se transformer pour autant en punition aux yeux de l’enfant (“vas dans ta chambre te calmer” ou”je ne veux plus te voir/ je ne te supporte plus, je m’en vais”). Il est possible de s’isoler quelques instants pour faire baisser le niveau de colère (tout en disant où nous allons pour ne pas inquiéter l’enfant).
Plusieurs techniques peuvent être utiles pour revenir au calme avant de pouvoir faire le point sur ce qui est touché en nous :
- prendre de grandes respirations
- boire un verre d’eau
- repenser à son enfant lorsqu’il était bébé
- appeler le/la conjoint.e si c’est possible ou un.e ami.e/ un membre de la famille
- passer le relais pendant un moment si c’est possible
- caresser le chien/ le chat…
Ce temps de calme est nécessaire pour prendre du recul et embrayer sur un “jeu de piste” émotionnel :
- qu’est-ce qui s’est passé ? quel a été le déclencheur (ce qui a été dit, vu, entendu…) ?
- qu’est-ce que me dit ma colère ? de quoi aurais-je eu besoin ? quelle valeur importante pour moi a été touchée ?
- et maintenant, de quoi ai-je besoin ?
- comment puis-je le formuler à mon enfant ?
S’engager à ne pas utiliser la violence comme méthode éducative
Audrey Zucchi nous invite à avoir le courage d’expliquer posément à l’enfant: «Quoi que tu fasses, quoi que tu dises, PERSONNE n’a le droit de te taper, de mal te parler, de te manquer de respect, pas même ton papa et ta maman. »
Le dire à l’enfant, ce n’est pas décharger sur lui la responsabilité de votre emportement, mais prendre acte vis-à-vis de lui que vous ne pouvez pas commettre de tels agissements.- Audrey Zucchi
Avec des enfants capables d’entendre des discours rationnels (pas avant 6/7 ans), nous pouvons compléter nos explications, utiliser des exemples, et partager nos aspirations : «Nous savons très bien, tous les deux, qu’il est interdit de faire du mal aux plus petits que soi. Au contraire on doit prendre soin d’eux, les protéger, les aider. Il existe toujours un moyen respectueux de résoudre les conflits et je m’y engage.»
Réparer la relation
Assumer sa responsabilité d’adulte
Quoi que l’enfant ait pu dire ou faire, les adultes restent toujours responsables de la qualité de la relation et ont le devoir de trouver d’autres moyens que la violence pour accompagner les enfants. Il est à noter que les actes de violence ne se résument pas à la violence physique (tirer les cheveux de l’enfant ou ses oreilles, donner une claque ou une fessée, pincer, priver de dessert…) mais les mots peuvent faire aussi mal que les coups (insultes, humiliations, rejet, retrait d’amour, menace, chantage, ultimatum…).
Audrey Zucchi formule quelques suggestions pour assumer notre responsabilité après un accès de violence contre un enfant :
- Demandez pardon à l’enfant: «Ce geste/ ces paroles ne sont pas acceptables. Il arrive que les parents fassent des erreurs, c’en est une très grave et je te demande sincèrement pardon.» Assumez pleinement votre responsabilité, car elle n’incombe qu’à vous seul.
- Reconnaissez sa souffrance physique et/ou psychologique : «J’ai du te faire peur/mal/te donner l’impression que je ne t’aimais plus…/ Tu dois être en colère contre moi et c’est bien normal, je n’avais pas le droit de te traiter comme ça. »
- Même si votre geste est injustifiable, affirmez que vous avez conscience que ce n’est pas ainsi que l’on résout les conflits
- Demandez-lui s’il accepte de vous pardonner et de rétablir un contact physique (un câlin, une main sur l’épaule). Si ce n’est pas le cas, il a peut-être besoin de temps. Laissez-le alors revenir vers vous dès qu’il en sera capable.
- Enfin, prenez le temps, seul ou avec votre conjoint, de réfléchir à ce qui s’est passé. Reconstituez le déroulé précis des événements, identifiez les déclencheurs, décidez précisément de ce que vous souhaiteriez faire une autre fois dans une situation similaire. Cette expérience est certes un échec, mais elle constitue clairement une opportunité qu’il nous faut saisir pour devenir un meilleur parent.
- Très important: si vous êtes bloqué dans ce processus et que vous répétez des actes de violence, si vous arrivez à les justifier («Tu l’as pas volé, celle-là!») ou si vos gestes sont prémédités («Tu vas prendre une fessée, tu ne viendras pas dire que je ne t’avais pas prévenu!»), il est urgent et nécessaire de vous faire aider par des professionnels, pour votre enfant comme pour vous-même.
Trouver des solutions
Il est important de garder en tête qu’il est inutile de vouloir chercher des solutions ou de rediriger le comportement de l’enfant avant une connexion émotionnelle profonde, empathique et sincère (telle qu’exposée plus haut).
Dans un deuxième temps, nous pouvons impliquer l’enfant dans une recherche de solutions (pas avec les plus jeunes) : «Voici le problème. Peut-être as-tu une idée pour qu’il ne se représente plus ? Moi, je pensais à… Qu’est-ce que tu en dis ?».
Il n’est pas rare que les enfants fassent d’eux-mêmes des propositions ou présentent des excuses quand ils comprennent que leur comportement a eu des impacts négatifs sur les autres.
A noter que les jeunes enfants ont surtout besoin d’indications claires, formulées avec bienveillance, et de comportements modèles de la part des adultes à imiter.
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Source : Une journée Montessori : Mettez en pratique la parentalité positive au quotidien ! de Audrey Zucchi (éditions Marabout). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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