Personne n’a le droit de taper : ni les adultes, ni les enfants.
Personne ne doit jamais bénéficier du droit de taper. Les parents ne tapent pas les enfants, les enfants ne tapent pas les parents.
Voir les situations où frapper émerge comme des opportunités
La parentalité bienveillante, ce n’est pas permettre aux enfants de frapper leurs parents (ou d’autres personnes). Quand un enfant porte atteinte physique à ses parents, c’est nocif à la fois pour les parents et les enfants. C’est de la négligence que de se laisser frapper par un enfant ou de laisser un enfant en frapper un autre et cela porte atteinte au développement de l’enfant qui n’apprend pas à réguler son impulsivité.
Permettre aux enfants de taper les parents, c’est manquer une opportunité : celle de comprendre ce qui amène ce geste (un manque de contrôle de l’impulsivité normal avant 4/5 ans, un manque de vocabulaire pour mettre en mots ce qui est à l’origine de la colère, une inadéquation de l’environnement engendrant du stress qui ressort sous forme d’actes agressifs, une manière de rechercher de l’attention et de la relation, une manière de se décharger d’une frustration sans en avoir les mots ou les outils de régulation émotionnelle appropriés…) De nombreux paramètres sont à prendre en compte face à un enfant qui tape et c’est le contexte qui sera le meilleur guide pour une réponse adaptée
Il n’est pas utile de gronder l’enfant qui a tapé ou mordu, ni de l’isoler “au coin” ou de le forcer à dire pardon. L’enfant qui tape a surtout besoin que l’adulte :
- accuse réception de ses besoins (d’apaisement, d’affection, de décharge, de sommeil…)
- manifeste avec fermeté son refus de laisser entrer la violence dans son foyer (“Stop ! Taper est interdit, ça fait mal, on demande les choses avec des mots.”)
- enseigne des manières socialement acceptables d’expression personnelle.
Se poser des questions à partir des besoins de l’enfant est aidant :
- que s’est-il passé ?
- de quoi l’enfant a-t-il besoin ?
- a-t-il assez dormi ? assez mangé ?
- s’est-il assez dépensé physiquement ?
- a-t-il eu assez de câlins et de contacts physiques affectueux au cours de la journée ?
- est-il soumis à trop de stimulations sensorielles (bruits, mouvements, stimulations visuelles…) ?
La redirection en douceur reste le meilleur antidote aux manifestations d’agressivité. Les parents ont aussi peu le droit de taper que les enfants. Taper ne doit pas être un privilège autoritaire des parents : un adulte qui s’arroge le droit de taper est maltraitant et cette violence est punie par la loi.
Anticiper pour éviter les coups qui partent
Si nous parvenons à être suffisamment attentifs, nous pourrons arriver à déceler des signes précurseurs et le type de situations propices aux coups :
- un enfant excité, tendu, nerveux, agité passera plus facilement à l’action et il est utile de réfléchir à des stratégies préventives (temps calme, jeu en duo avec un parent, temps d’attention individuelle, massage…),
- identifier les contextes et situations récurrentes au cours desquelles l’enfant se sent mal au point de taper,
Quoiqu’il en soit, les punitions et les coups rendus (un adulte tape/ mord l’enfant qui a lui-même tapé/ mordu pour qu’il “comprenne”) sont à bannir : elle ne sont ni efficaces en terme d’apprentissage ni respectueuses de l’intégrité de l’enfant.
Comprendre les enfants pour répondre et rediriger efficacement
Parfois, les très jeunes enfants tapent sans raison apparente. Sans raison apparente signifie que ces enfants, souvent de moins de 4 ans, ne frappent pas en réaction à une frustration, un échec, une jalousie, un vol de jouets par un autre enfant ou encore un conflit ouvert. Il ne s’agit ni de réaction émotionnelle ni de décharge de stress (non encore régulée) mais d’actes isolés. Cela peut arriver quand les enfants sont dans un état de conscience modifiée : ils sont en train de penser à autre chose (c’est le cas quand ils sont absorbés dans leurs jeux, quand ils regardent la télé ou quand ils tètent). Ils éprouvent subitement un besoin de communiquer ou de contact physique mais il y a un décalage entre le moment où ils ont quelque chose à dire et la réflexion qui pourrait les amener à savoir quoi dire (non seulement ils sont en état de conscience modifiée mais ils sont également trop petits pour trouver les bons mots).
Enfin, les enfants ont un besoin fondamental de bouger, de toucher, de sentir leurs muscles. Il est nécessaire de leur permettre de mettre leur corps en mouvement et de courir, de grimper, d’escalader, de creuser, d’explorer dans un espace naturel ouvert.
Un enfant qui tape parce qu’il a accumulé trop de stress a besoin de décharger cette tension mais pas sous forme de violence. Cela signifie qu’il faut éviter de taper dans un coussin, de frapper un punching ball. En effet, des neurones qui s’agitent ensemble se connectent ensemble : si l’enfant est habitué à taper quand il est en colère, nous créons des connexions neuronales dans son cerveau où colère = taper et il lui sera difficile de retenir le geste face à une personne. Un enfant a surtout besoin d’être contenu (dans les bras d’un adulte bien ancré et maître de lui-même) et d’avoir la possibilité de décharger son émotion jusqu’au bout sans interruption. Des compétences émotionnelles pourront être enseignées dans un deuxième temps (mettre des mots sur les émotions, trouver des solutions pour décharger la colère sans taper).
Les parents ne tapent pas les enfants, les enfants ne tapent pas les parents.
Un parent tapé qui se laisse faire (ou qui laisse son enfant taper d’autres personnes) n’offre pas un cadre suffisamment solide. Cela n’a pas de sens de suggérer à un enfant de taper dans la main plutôt que dans la jambe ou de taper moins fort parce que ça fait moins mal au parent. Les gestes violents contre les personnes sont à arrêter sur le champ et le droit de taper n’existe pour personne et dans aucun cas. Le message est clair et cohérent : “Les parents ne frappent pas les enfants, les enfants ne tapent pas les parents.”.
Haïm Ginott, précurseur de l’éducation bienveillante dans les années 70, estime qu’on ne devrait en aucun cas modifier la consigne de ne pas frapper un parent. Une éducation bienveillante est basée sur le respect mutuel entre parent et enfant, sans que le parent abdique son rôle d’adulte en relativisant les coups donnés par les enfants (“c’est de leur âge, c’est pas grave”) ni en rejoignant les enfants dans leur immaturité (en rendant les coups).
La défense de frapper est nécessaire pour mettre les enfants à l’abri de la culpabilité et de l’anxiété et pour permettre aux parents de rester émotionnellement accueillants pour leurs enfants. – Haïm Ginott
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Des ressources pour faire face aux enfants qui tapent et mordent :