L’éducation bienveillante n’est pas synonyme de “zen” mais plutôt de travail en conscience (une “déséducation”).
Nos peurs et nos croyances gouvernent notre parentalité
Dans son livre Découvrir la parentalité positive pour être parent du cœur, Mitsiko Miller rappelle que nous avons tous, en tant que parents, des peurs en lien avec notre histoire personnelle qui peuvent nous amener à avoir des réactions inappropriées, disproportionnées dans nos relations avec nos enfants.
Mitsiko Miller prend l’exemple de ses propres réactions quand ses deux jeunes garçons jouaient à des jeux de bagarre. Elle avait tendance à les stopper immédiatement car elle y voyait des manifestations d’agressivité insupportables, inconciliables avec ses valeurs de non violence. Elle projetait sur ces simples jeux de bagarre des peurs irrationnelles (peur que ses fils deviennent des auteurs de violence conjugale).
Ainsi, on comprend que ce type de peur peut entraîner des interventions disproportionnées sans lien avec les besoins des enfants ou des parents. Quand nos actions sont gouvernées par des peurs ou croyances irrationnelles, elles font l‘impasse sur la réalité des enfants (leur âge, leurs besoins, l’aménagement de l’environnement dans lequel ils évoluent, la dynamique de la relation…) et sur la situation. Ces interventions sur le “mode stress” ne peuvent pas être bientraitantes car elles s’appuient sur le contrôle réactif qui mène fatalement à la menace et à la culpabilisation.
Les facteurs à l’origine de nos interventions parentales disproportionnées
Les facteurs à l’origine de ce type d’interventions disproportionnées peuvent être :
- une situation qui évoque notre propre enfance (pour aller plus loin : Adopter une éducation bientraitante : impossible (ou presque) sans travail sur la mémoire traumatique);
- une projection de nos peurs et de nos désirs personnels en lien avec des croyances rigides (on a tous une “bonne” raison d’agir comme on le fait dans le sens où toutes nos actions ont une motivation positive, c’est-à-dire utile dans notre système de croyances, socle de notre identité);
- une peur du jugement des autres;
- une peur de perdre le contrôle;
- une peur que l’enfant soit exclu de la communauté, ne trouve pas sa place, descende dans l’échelle sociale.
Quand nous sommes sous stress, notre tendance est de nous servir de notre pouvoir d’agir sur les enfants en nous imposant (“tu fais immédiatement ce que je te dis ou tu auras une punition”) ou bien en ignorant nos propres besoins ou ceux des autres, en nous sacrifiant (Mitsiko Miller prend l’exemple de sa réaction quand elle laissait ses garçons couper la parole aux adultes car elle estimait qu’il était important qu’ils puissent s’exprimer librement sans se rendre compte qu’ils avaient pris l’habitude d’occuper tout l’espace au détriment des autres).
Des croyances irréalistes en lien avec l’éducation bienveillante
Mitsiko Miller liste quelques croyances irréalistes en lien avec l’éducation bienveillante :
- Si on est bienveillant avec un enfant, il ne fera jamais de crises.
- Si on est bienveillant, les frères et soeurs ne se disputeront jamais.
- Un enfant élevé dans l’amour qui ne regarde pas la télévision, ne joue pas aux jeux vidéos et n’est pas exposé à la violence éducative ne tapera jamais un autre enfant.
- Un enfant élevé avec bienveillance partagera toujours avec plaisir ses affaires avec son frère ou sa sœur .
- Si un enfant pleure ou ne dort pas bien la nuit, c’est qu’on n’a pas été assez bienveillant avec lui.
La parentalité positive ou bienveillante n’est pas un évitement des conflits.
Pour certains parents, il est plus facile de mettre ses besoins entre parenthèses et de se taire plutôt que de faire des interventions parentales. Souvent, les parents adoptent cette habitude et fonctionnent sur ce mode jusqu’à ce que, épuisés de mettre leurs besoins de côté, ils explosent (violence éducative) ou implosent (épuisement parental, voire dépression). Mitsiko Miller par d’un “mouvement de balancier” dans lequel le parent a tendance à passer d’un extrême (négligence de ses propres besoins et limites personnelles et prise en compte seulement des besoins et désirs des enfants) à l’autre (négligence des besoins des enfants et prise en compte seulement des besoins des parents).
Mitsiko Miller estime que de nombreux parents confondent parentalité positive et évitement des conflits. La bientraitance éducative n’est pas synonyme de “zen” mais plutôt de travail en conscience.
Il est important de préciser que la parentalité positive que je prône n’est pas la négation ou l’oubli de soi. Pas à pas, nous avons à grandir dans la clarté de nos valeurs essentielles pour pouvoir choisir consciemment de créer l’environnement propice à l’épanouissement de tous. Ce chemin commence par la mise en lumière de nos habitudes réactives pour comprendre en quoi nous y restons coincés plus souvent qu’on ne le souhaiterait.
Pourtant, la coopération passe par le “pouvoir avec” (plutôt que “pouvoir sur” -> autocratie ou que “pouvoir sous” -> sacrifice). Ainsi, prendre conscience de nos croyances parentales et de nos attentes irréalistes est l’occasion d’évoluer, d’apprendre et de développer de nouvelles compétences. Mitsiko Miller estime que nous avons un travail de “déséducation” (c’est-à-dire une déconstruction de notre système de pensée) à faire dans le sens où nous pouvons – et devons – interroger ce que nous tenons pour acquis et qui nous empêche d’être des parents conscients.
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Source : Découvrir la parentalité positive pour être parent du cœur de Mitsiko Miller (éditions Le Courrier du Livre ). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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