Des ressources qui mettent en valeur des héroïnes aux personnalités diverses (albums, romans, films d’animation)
Dans son livre Le deuxième sexe II (écrit en 1949), Simone de Beauvoir écrivait : Prenons garde que notre manque d’imagination dépeuple toujours l’avenir. Cette phrase nous invite à proposer des objets culturels aux enfants (et en particulier aux filles) qui mettent en avant des héroïnes aux personnalités diverses afin de nourrir l’imaginaire des filles comme des garçons avec des histoires où les filles ne sont pas cantonnées aux rôles passifs ou de simples assistantes. A cet effet, je vous propose une sélection de livres et d’autres ressources avec des héroïnes aux personnalités différentes.
Pourquoi proposer des livres avec des héroïnes (à un public de jeunes lectrices et lecteurs) ?
Plus récemment, dans son édition de février 2017, la revue américaine Science a publié une étude selon laquelle les stéréotypes genrés s’inscrivent dès le plus jeune âge dans le psychisme des enfants. A partir de 6 ans, la majorité des filles se reconnaissent beaucoup moins que les garçons dans la catégorie des personnes “très intelligentes”. “En tant que communauté, nous associons un haut niveau de compétences intellectuelles aux hommes plutôt qu’aux femmes, et notre recherche suggère que cette association est intégrée par les enfants dès six ou sept ans“, conclut Andrei Cimpian, professeur associé au département de psychologie à l’Université de New York, co-auteur du travail de recherche menée auprès de 400 écoliers entre 5 et 7 ans (source).
De plus, l’effet Matilda joue dans la moindre représentation des femmes dans les bibliographies de scientifiques. L’effet Matilda désigne le déni ou la minimisation récurrente et systémique de la contribution des femmes scientifiques à la recherche, dont le travail est souvent attribué à leurs collègues masculins. Nous avons découvert cet effet dans le livre éponyme offert à ma fille : L’effet Matilda de Ellie Irving (éditions Castelmore).
Hayao Miyazki, cinéaste japonais et réalisateur de nombreux longs métrages animés, a fait le choix de mettre en scène des personnages féminins forts et aux personnalités complexes. Il affirme :
Beaucoup de mes films présentent des femmes meneuses, fortes, qui se suffisent à elles-mêmes, qui n’hésitent pas à se battre pour les valeurs qui leur tiennent à cœur. Elles ont besoin d’un ami ou d’un soutien, mais jamais d’un sauveur. Je suis septique à l’idée selon laquelle dès qu’une fille et un garçon apparaissent dans la même histoire, il devrait y avoir une histoire d’amour. Je préfère faire le portrait d’une relation un peu différente dans laquelle les deux s’inspirent mutuellement dans la vie – et si j’arrive à le faire, alors peut-être que je serai plus près d’une véritable expression de l’amour.
En phase avec les propos de Hayao Miyazki, cela me tient à cœur de présenter régulièrement des livres dans lesquels les personnages féminins sont partie prenante de l’histoire. En conséquence, je vous propose une sélection de livres et films d’animation avec des héroïnes porteuses de valeurs humanistes, de malice, de courage, d’imagination, de force de caractère et d’indépendance. Ces ressources ne s’adressent évidemment pas qu’aux filles et peuvent être lues par un public tant féminin que masculin.
Albums illustrés (premiers livres avec des héroïnes)
Marre du rose de Ilya Green (éditions Albin Michel) : un livre pour les filles qui en ont marre d’être traitées de « garçon manqué ». Parce qu’elles sont des filles réussies !
La pire des princesses de Emmanuelle Pingault (éditions Milan) : une princesse qui en marre d’être enfermée dans sa tour et qui se débrouille toute seule pour en sortir, ça existe… la preuve !
Aliénor, la princesse qui voulait devenir chevalier de Nancy Guilbert et Élodie Fraysse (éditions Ricochet) : pour délivrer un prince lorsque l’on est une princesse, il suffit d’avoir une bonne dose d’humour et de vivacité, additionnée d’une pointe d’espièglerie. Aliénor réalisera-t-elle la mission qui lui permettra de concrétiser son rêve ?
J’aime pas être belle de Stéphanie Richard (éditions Talents Hauts) : J’aime pas être belle mais tous les jours avant d’aller à l’école, maman vérifie si ma robe est bien repassée, mes cheveux bien coiffés, mes collants bien tirés, mes chaussures bien cirées. Le pire, c’est le jour de la photo de classe.
Misako de Lisa Bresner (éditions MeMo) : Tous les matins, Misako se lève après avoir entendu les pas d’un inconnu qui passe dans la rue où elle habite. Elle n’a jamais cherché à savoir qui il était, mais un jour, il ne vient pas. Misako fait le vœu de le retrouver. Pour le réaliser, elle doit traverser cinq ponts sans dire un seul mot. Un petit voyage à Kyôto, accompagné d’onomatopées et d’impressions japonaises.
Le chemin de Jada de Après le succès de Comme un million de papillons noirs, le nouveau livre de Laura Nsafou et Barbara Brun. Elles proposent ici une histoire de formation et de tolérance autour de deux sœurs jumelles à la teinte de peau de couleur pourtant différente. Au cours d’une partie de cache-cache prolongée jusqu’à la nuit tombée, celle à la peau plus foncée découvrira que sa beauté, sans être semblable à celle de sa sœur, est bien réelle. Une formidable histoire de réconciliation sur la sororité et l’acceptation de soi peu courante en littérature jeunesse.
Romans
Les Malheurs de Sophie de La Comtesse de Segur (éditions Casterman) : Sophie a tout pour être heureuse : une maman qui prend un soin tout particulier de son éducation, un papa qui l’adore, un cousin qui la défend toujours, une bonne qui est aux petits soins pour elle, un château magnifique… Oui, mais voilà : Sophie est loin d’être la petite fille modèle que l’on attend, au contraire de ses amies Camille et Madeleine.
Matilda de Roald Dahl (éditions Folio) : Avant même d’avoir cinq ans, Matilda sait lire et écrire, connaît tout Dickens, tout Hemingway, a dévoré Kipling et Steinbeck. Pourtant son exercice est loin d’être facile entre une mère indifférente, abrutie par la télévision et un père d’une franche malhonnêteté. Sans oublier Mlle Legourdin, la directrice de l’école, personnage redoutable qui voue à tous les enfants une haine implacable.
Fifi Brindacier de Astrid Lindgren (éditions Le Livre de Poche): Fifi Brindacier est une petite fille rousse au visage constellé de tâches de rousseur, intrépide, joyeuse et dotée d’une force et d’une imagination incroyables. Fille d’un pirate des mers du Sud, elle vit seule dans une grande maison avec son singe et son cheval. Ne connaissant aucune contrainte, elle entraîne ses petits voisins dans des aventures extraordinaires.
Le magicien d’Oz de Lyman Frank Baum (éditions Usborne) : les fabuleuses aventures de Dorothée et de son chien Toto au pays d’Oz.
La Métamorphose d’Helen Keller de Margaret Davidson (éditions Folio Cadet) : en 1880, aux États-Unis, à la suite d’une scarlatine, la petite Helen Keller devient aveugle et sourde. Privée de tout échange avec son entourage, elle s’enferme dans la solitude et la colère. Désespérés, ses parents font appel à Annie Sullivan. Cette fragile jeune femme, elle-même presque aveugle, consacrera sa vie à transformer Helen, violente petite rebelle, en brillante étudiante connue du monde entier.
Ronya, fille de brigand de Astrid Lindgren (éditions Le livre de Poche) : Ronya est fille de brigand tout comme Rik. Et dans la forêt de Mattis, ces deux bandes sont rivales depuis toujours. Surtout depuis que la bande du père de Rik s’est installée dans le château de son ennemi, le père de Ronya. Mais un jour Ronya et Rik se rencontrent au bord du Gouffre, et rien ne sera plus comme avant chez les voleurs.
Jade et les sacrés mystères de la vie de François Garagnon (éditions Monte Cristo): Jade est une petite fille qui aborde la vie avec la profondeur du philosophe, l’attention émerveillée du poète et la candeur de l’enfant. Le sens de la vie, la joie, le hasard et la destinée, le sacré, Dieu, rien n’échappe à sa perspicacité ni à son regard facétieux. Par exemple, pourquoi les hommes parlent-ils toujours de la paix et n’arrêtent-ils pas de se faire la guerre ? Comment vivre son rêve au lieu de passer son temps à rêver sa vie ?
Heïdi de Johanna Spyri (éditions Flammarion) : Orpheline, la jeune Heidi est recueillie par son grand-père, vieil homme bourru qui vit dans un petit village des Alpes. Heidi s’attache à lui et s’éprend de la vie à la montagne. Sa vie sera à nouveau bouleversée lorsqu’elle doit quitter les alpages pour aller vivre à Francfort aux côtés de Clara, une jeune fille handicapée…
Penelope Green de Béatrice Botter (éditions Casterman): À la mort de son père, un célèbre journaliste, Pénélope Green décide de reprendre l’une de ses enquêtes : le dossier Foxglove Court. Indépendante, audacieuse et déterminée… Pénélope Green est une héroïne des plus attachantes ! De Londres à New York, de Shangaï au Caire, la suivre dans ses aventures haletantes constitue un plaisir de lecture de tout premier ordre.
Le Petit Monde de Charlotte de EB White (éditions L’Ecole des Loisirs ) : Le livre raconte l’été heureux de la petite Fern, de son cochon Wilbur et de la meilleure amie de Wilbur, la magnifique araignée grise, Charlotte. Un jour, Fern entend la brebis apprendre à Wilbur que les hommes l’engraissent pour en faire du jambon et du saucisson. Wilbur en est bouleversé. Que faire pour échapper à ce sinistre destin ?
L’effet Matilda de Ellie Irving (éditions Castelmore) : Matilda, douze ans, adore les sciences ! Ses héros sont Léonard de Vinci et Marie Curie, et elle passe son temps à imaginer et à fabriquer des inventions géniales. Elle est donc stupéfaite d’apprendre que sa grand-mère était une astrophysicienne, et qu’elle a autrefois découvert une planète ! Mais son odieux chef le professeur Smocks s’est attribué cette extraordinaire trouvaille… Pour Matilda, il est hors de question de le laisser s’en tirer et gagner un prix Nobel. Elle fera éclater la vérité ! Elle n’a que deux jours pour embarquer Mamie Joss dans un voyage loufoque et épique jusqu’en Suède…
Ama : Le souffle des femmes de : Japon. Fin des années 1960. Nagisa, jeune citadine timide venue de Tokyo débarque sur Hegura, une ile minuscule perdue dans La mer du Japon. Que vient-elle faire là ? Nul ne le sait. Mais si elle veut rester. elle devra se faire sa place parmi les “Ama”, ces femmes qui plongent nues à ta recherche des précieux ormeaux et possèdent un statut à part, cheffes de famille libres et fortes, n’obéissant à aucune autre loi qu’à celles de leur clan…
Viser la lune de
Les Fabuleuses aventures d’Aurore – tome 01 de
Bande dessinée
Yoko Tsuno de Roger Leloup (éditions Depuis) : Venus d’une planète transformée en enfer par une étoile trop proche, les Vinéens se sont réfugiés dans les entrailles de la Terre. En leur sein, s’est développée une force maléfique, à la considérable puissance, qui s’apprête à transformer les Humains en esclaves. Yoko Tsuno, électronicienne de charme tombée par accident dans leur monde souterrain. Avec ses compagnons du “Trio de l’étrange”, elle va tenter d’empêcher les catastrophes qui se préparent. Et partir dans l’espace, à deux millions d’années-lumière de la Terre, à la recherche de Vinéa. Mais a-t-elle survécu au cataclysme ?
Culottées de Pénélope Bagieu (éditions Gallimard) : Guerrière apache ou sirène hollywoodienne, gardienne de phare ou créatrice de trolls, gynécologue ou impératrice, les Culottées ont fait voler en éclats les préjugés.Quinze portraits de femmes qui ont inventé leur destin.
Adèle Blanc-Sec de Jacques Tardi (éditions Casterman) : Dans ce premier épisode des Aventures Extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec , nous faisons connaissance avec la célèbre héroïne de Tardi. Dotée d’une personnalité hors du commun, Adèle nous entraîne dans un univers mystérieux (dans lequel Paris occupe une place de choix), peuplé de monstres et d’êtres étranges, qui fera le succès de cette série.
Cahiers et magazines
Mon Super-Cahier d’Activités Antisexiste de Claire Cantais (éditions La ville brûle) : Un cahier d’activités plein d’humour et de fantaisie pour découper, colorier, s’amuser… et réfléchir ! 56 pages de jeux qui fournissent aux enfants des clés pour grandir en s’affranchissant des stéréotypes de genre.
Ni poupée ni super héros, mon premier manifeste antisexiste ! de Delphine Beauvois (éditions La ville brûle) : un mix de deux albums “On n’est pas des poupées” et “On n’est pas des super-héros”. Pour que filles et garçons partent ensemble à la chasse aux stéréotypes, ce manifeste pose les bases de comportements égalitaires et antisexistes, sans périphrases ni métaphores, mais avec beaucoup d’humour et de fantaisie.
La déclaration des droits des filles de Elisabeth Brami (éditions Talents Hauts) : Les filles ont le droit d’être débraillées, ébouriffées, écorchées, agitées, de choisir le métier qu’elles veulent, de ne pas être tous les jours des princesses, d’aimer qui elles préfèrent : garçon ou fille (ou les deux).
Magazine Tchika : Tchika est un magazine papier et trimestriel d’empowerment pour les enfants (et particulièrement les filles) de 7 à 12 ans publié en France. Le magazine aborde des sujets comme des portraits de femmes et filles inspirantes (scientifiques, sportives, femmes politiques, artistes…) , la déconstruction de stéréotypes de genre, des publireportages sur la science, l’écologie ou encore l’histoire.
Bibliographies (livres avec des héroïnes réelles)
Ces femmes qui changent le monde de Marie Ange Le Rochais (éditions Ronds dans l’Ô) : Par leurs actions, leurs inventions, leurs combats, certaines femmes se sont inscrites dans l’histoire de l’humanité. Parmi elles, Simone Veil, Eve, Ada Byron, Claudie Haigneré, Marie Curie, Georges Sand….
Leçons de Marie Curie : physique élémentaire pour les enfants de nos amis (éditions EDP Sciences) : les comptes-rendus de cours élémentaires de physique, que Marie Curie donna en 1901 à sa fille Irène et aux enfants de ses collègues dans le cadre d’une ” coopérative d’enseignement “. Ils sont écrits de la main de l’une de ses élèves, Isabelle Chavannes, et sont ici retranscrits dans leur intégralité. Marie Curie a imaginé elle-même ces leçons, destinées aux enfants d’une dizaine d’années.
Le journal d’Anne Franck (éditions Le livre de Poche) : en 1942, les Frank s’installent clandestinement dans «l’Annexe» de l’immeuble du 263. Le 4 août 1944, ils sont arrêtés sur dénonciation. Déportée, Anne meurt du typhus en 1945. La jeune fille a tenu son journal du 12 juin 1942 au 1er août 1944, et son témoignage, connu dans le monde entier, reste l’un des plus émouvants sur la vie quotidienne d’une famille juive sous le joug nazi. Existe sous forme de bande-dessinée.
Je suis une esclave : Journal de Clotee, 1859-1860 de de
(éditions Folio) : le journal de Clotee, douze ans, esclave dans une plantation de coton de l’État de Virginie qui a appris à lire et à écrire en cachette.
Films d’animation
Princesse Mononoké de Hayao Miyazak : une légende où Ashitaka, jeune guerrier empoisonné par le sang d’un démon, se retrouve entre la princesse Mononoke, jeune fille élevée par les loups, et Lady Eboshi, femme de caractère à la tête d’une forge et voulant plus que tout détruire les forêts et les dieux animaux. De cette bataille résultera peut-être sa guérison. Attention aux enfants sensibles (quelques scènes violentes).
Kiki la petite sorcière de Hayao Miyazak : Chez Kiki, treize ans, on est sorcière de mère en fille. Mais pour avoir droit à ce titre, il faut subir une épreuve initiatique. Un beau soir, accompagnée de son chat Jiji, après avoir embrassé ses parents et sa grand-mère, Kiki enfourche son balai et met le cap vers le sud « pour voir la mer » et commencer son apprentissage.
Nausicaa de la vallée du vent de Hayao Miyazak : Sur une Terre ravagée par la folie des hommes, une poignée d’humains a réussi à survivre dans une vallée. Ce peuple agricole est pourtant menacé par une forêt toxique. Ces quelques survivants voient un jour leur roi assassiné et leur princesse Nausicaä faite prisonnière. Or cette dernière, sensible à la nature et à l’écosystème, est seule capable de communiquer avec les mutants…
Dilili à Paris de Michel Ocelot : Dans le Paris de la Belle Époque, en compagnie d’un jeune livreur en triporteur, la petite kanake Dilili mène une enquête sur des enlèvements mystérieux de fillettes. Elle rencontre des hommes et des femmes extraordinaires, qui lui donnent des indices. Elle découvre sous terre des méchants très particuliers, les Mâles-Maîtres. Les deux amis lutteront avec entrain pour une vie active dans la lumière et le vivre-ensemble… Existe également en album. Nous avons eu un énorme coup de COEUR pour ce film d’animation vu et revu pendant le confinement… dernier dans ma liste mais pas des moindres !
Cette liste de livres avec des héroïnes n’est pas exhaustive, mais ouvre des possibles par associations d’idées, d’auteurs et de maisons d’éditions qui conduiront à de nouvelles belles découvertes.
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Pour les enseignants, une plate forme dédiée à ces enjeux autour des stéréotypes genrés avec des ressources pour une utilisation en classe : www.matilda.education