Ni comédie ni caprice : la frustration des enfants est saine (même si elle pose de gros défis aux parents)

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Un enfant frustré ne fait pas un caprice.

La frustration est une émotion saine et un enfant frustré ne fait pas un “caprice” : il est simplement traversé par une émotion puissante face à une situation où il ne peut pas obtenir ce qu’il veut. Cette émotion alimente le changement ou le processus de transformation de soi face à ce qui ne peut pas être changé. Par exemple, un enfant traversé par la frustration apprend qu’il peut survivre au fait de perdre à un jeu, même si c’est désagréable. La colère, la manifestation émotionnelle parfois bruyante et exaspérante de notre point de vue d’adulte est précisément ce qui permet à l’enfant de se remettre de la frustration.

Ainsi, on comprend que dire à un enfant d’arrêter ses caprices quand il est frustré, c’est entraver sa compréhension de l’utilité de cette émotion, à savoir aider à changer les choses ou à réparer l’intégrité quand les choses ne se passent pas comme il veut.

Le problème n’est pas l’émotion de frustration en soi, mais le fait de ne pas la maîtriser au risque de la déchainer sur une personne ou des objets (taper, crier, insulter, casser, jeter…).

Pas de punition pour les enfants qui vivent de la frustration, ils ne font pas un caprice.

Avant l’âge de 5 à 7 ans (7 à 9 pour les plus sensibles), il nous faudra attendre que le cerveau des enfants se développe et permette la maitrise des impulsions. Il vaut mieux montrer aux enfants que la frustration est OK et qu’ils sont capables de la vivre sans se laisser submerger.

Nous ne voulons pas que nos enfants cessent de se sentir frustrés, nous voulons qu’ils soient en mesure de traverser l’épisode de façon mature. – Deborah Macnamara

Le principal problème que les adultes rencontrent avec la frustration des enfants est laisser la frustration s’exprimer et, en même temps, d’assurer la sécurité de l’enfant et des personnes autour (on stoppe les gestes violents, on empêche de taper). Cela peut passer par le fait d’amener l’enfant vers un lieu mieux adapté à vivre sa perturbation émotionnelle (ex : quitter un lieu public). Cet accueil émotionnel et cette disponibilité de notre part sont incompatibles avec le fait de dire “Arrête de pleurer” ou de punir un enfant pour sa “comédie”.

Si les adultes considèrent les manifestions de frustration des enfants comme des affronts, des “caprices” ou encore des “comédies”, alors ils contribuent à augmenter leur frustration et ils deviennent des adversaires aux yeux des enfants. Les punitions sont à la fois inefficaces pour le développement de la maturité émotionnelle et nocives pour la relation parents/ enfants autant que pour l’estime de soi de l’enfant.

Les explications logiques sont inefficaces pour ramener un enfant frustré “à la raison”

De même, chercher à raisonner un enfant en proie à la frustration est inefficace. Demander à un enfant pourquoi il est en colère, lui rappeler qu’on l’avait prévenu ou chercher à expliquer logiquement pourquoi il ne peut pas avoir ce qu’il veut est inentendable par l’enfant. Écouter ne veut pas forcément dire questionner. Dans la plupart des cas, l’enfant ne connaît pas les motivations réelles et inconscientes de ses émotions, et notamment de sa peur.

Les questions qui commencent par Pourquoi ? (comme Pourquoi as-tu peur ? Pourquoi es-tu en colère ? Pourquoi te sens-tu comme ça ?) sont à éviter pour comprendre ce qui motive les émotions des enfants :

  • le « pourquoi » a tendance à être perçu comme intrusif et culpabilisant.
  • la question Pourquoi ? ne fait que s’ajouter aux problèmes. En plus de leur détresse initiale, les enfants doivent maintenant en analyser la cause et fournir une explication raisonnable. Or souvent, les enfants ne savent pas pourquoi ils se sentent de telle ou telle façon.
  • A d’autres moments, ils sont réticents à en parler parce qu’ils craignent que leur raison ne soit pas assez bonne aux yeux des adultes : Tu pleures pour ça ?
  • Par ailleurs, l’enfant n’a peut-être pas envie que l’adulte règle son problème et ne veut donc pas lui communiquer ses raisons.

Réagir sur le coup et après coup : d’abord la connexion émotionnelle, ensuite la redirection du comportement

Vouloir rediriger un comportement inapproprié sans se connecter est (presque) voué à l’échec : d’abord, connectons-nous avec empathie à ce que vit l’enfant.

Sur le coup, l’enfant a surtout besoin de compréhension, d’une présence chaleureuse et sécurisante. Des mots comme « Tes mains veulent taper parce que tu es frustré » ou « Tu hurles parce que tu es fâché » témoignent de ce que l’enfant vit sans censurer son émotion ni juger l’enfant. En tant que parents, il est primordial de ne pas perdre de vue notre amour, notre affection pour l’enfant afin que propre régulation émotionnelle aide l’enfant à traverser ses tempêtes émotionnelles.

Ensuite, après coup, l’enfant a besoin de comprendre ce qu’il a ressenti, pourquoi il a agi comme il l’a fait, et de savoir que les adultes peuvent proposer une autre façon d’agir sans critique ni leçon de morale.

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Inspiré par les travaux de Deborah Macnamara sur la frustration et le caprice des enfants (autrice de Jouer, grandir, s’épanouir, éditions Au Carré).