L’impact traumatogène des images violentes (attentat, accident, pornographie…) sur les enfants (en particulier sur les plus jeunes)

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Dans son livre Quand la vie fait mal aux enfants, Hélène Romano (docteur en psychopathologie et psychothérapeute) rappelle que certaines images vues sur écran peuvent avoir un impact traumatogène sur les enfants, en particulier sur les plus jeunes, car ils n’ont pas les mêmes ressources cognitives et représentationnelles que les adultes.

Nous vivons dans un monde d’écrans et d’omniprésence des chaînes d’information continue où chaque catastrophe est commentée à la minute près et montrée avec sensationnalisme. Il se peut que, selon les familles et les événements, des images violentes défilent pendant plusieurs heures d’affilée.

Le problème est double :

  • d’une part, les enfants n’ont pas les capacités de décryptage suffisantes pour prendre du recul,
  • d’autre part, les adultes peuvent être pris de sidération face aux images choquantes et ne pas réussir à saisir l’impact que celles-ci ont sur les enfants.

Hélène Romano décrit le témoignage d’enfants de CP rencontrés suite aux attentats du 11 septembre 2001 à New York. Pour ces petits âgés de 5 à 6 ans, ce ne sont pas deux avions qui se sont écrasés dans les tours, mais « des milliers d’avions » (c’est-à-dire autant d’avions que d’images vues). Comme les parents étaient sidérés devant leurs écrans, ces enfants n’ont pas été accompagnés dans leur confrontation à ces images et n’ont pas reçu le décryptage de ce drame. Hélène Romano a fait le même constat au moment des tueries de Toulouse où un certain nombres d’enfants sont restés bloqués sur l’image d’un homme en casque noir à scooter et ont assimilé tous les utilisateurs de deux-roues à des tueurs potentiels.

L’impact traumatogène ne concerne pas seulement les actualités dramatiques (guerre, terrorisme, catastrophe climatique…) mais aussi les images pornographiques, désormais facilement accessibles pour les enfants.

Pour aller plus loin : Accompagner des jeunes qui grandissent dans une société où la pornographie est facilement accessible

Hélène Romano nous invite donc à prendre conscience de l’impact traumatogène que peuvent avoir les images sur les enfants et de savoir éteindre les écrans en leur présence. Si les enfants ont été confrontés à ce type d’images (accident, attentat, sexualité…), ils ont besoin de leurs parents pour décrypter ce qui se passe et pour les réassurer sur le fait qu’ils sont en sécurité, qu’ils ne seront jamais seuls; pour parler de leurs représentations et de leurs émotions.

C’est un véritable devoir parental que de transmettre, dès que les enfants sont en âge d’être face à des images, des repères et de leur dire en particulier que des images ne sont pas la réalité, mais juste une transcription de la réalité vue par celui qui les filme. Si le jeune enfant et l’adolescent restent seuls face aux images, si aucun adulte ne prend le temps de leur en parler, de les décrypter avec eux, ils resteront seuls face à leurs croyances, leurs interrogations et leurs peurs. Sans compréhension des faits, aucun décryptage n’est possible et l’image peut devenir traumatique en tant que telle et créer une intrusion psychique durable. – Hélène Romano

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Source : Quand la vie fait mal aux enfants de Hélène Romano (éditions Odile Jacob). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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