“Sois sage !”, “Tiens toi bien !”, “N’embête pas les autres !” : que nous disent ces recommandations sur les attentes que nous avons à propos de nos enfants ?
Quand on émet des précautions du type “Sois sage !”, “Tiens toi bien !”, “N’embête pas les autres !”, on pense souvent le faire dans l’intérêt de l’enfant : lui rappeler les règles de conduite en société. Cela m’est déjà arrivé de le dire à ma fille au moment de la laisser chez une de ses copines pour jouer l’après-midi : “Sois sage et écoute bien la maman de Z.”.
Pourtant, cette simple recommandation en dit long sur les attentes que nous formulons à l’égard de nos enfants : cela signifie que nous nous attendons à ce qu’il/elle ne soit pas “sage” et que nous ne lui faisons pas confiance pour se conduire de manière convenable par lui/elle-même.
Et si on ajoute “N’embête pas les autres !”, “Ecoute bien les adultes !” ou “Prête bien tes jouets !”, alors nous mettons des mots sur la manière négative dont nous pensons qu’il/elle se comportera (taper les autres, ne pas écouter, ne pas prêter…). Cela sous-entend que nous prêtons ces intentions là à l’enfant.
Rudolk Dreikurs, dans le Défi de l’enfant, affirme que ce type de recommandations décourage l’enfant. Ce dernier les perçoit comme un manque de confiance (et à juste titre). Ces précautions n’enseignent rien à l’enfant, si ce n’est le fait qu’il est mauvais en soi.
Comment éviter ces recommandations ?
Dans le cas où un parent vient passer l’après midi avec son enfant chez un/une amie qui a aussi des enfants, Rudolf Dreikurs propose le scénario suivant (à partir de 4 ans) :
– présenter l’opportunité de jeu comme une chance et une situation positive, sans insister sur le caractère obligatoire (“si tu en as envie”) ni formuler de recommandation : “On va aller chez M. et Mme X. et tu pourras jouer avec leurs enfants si tu en as envie.”
– une fois chez les amis, le parent peut laisser le choix à l’enfant : “Tu peux soit aller jouer avec les autres enfants, soit rester assis avec nous.”
– si un incident se produit pendant que les enfants jouent (par exemple, l’enfant tape, mord, crie…), le parent peut intervenir en disant :”Je vois que tu as l’air provocateur/jaloux/hostile/fâché… et je suis désolé(e) que tu n’aies pas envie de jouer.”
– il est possible de réagir de plusieurs manières selon le degré de gravité de l’incident ou l’humeur du parent et de l’enfant :
– le temps de pause
Dire à l’enfant qu’il a besoin de retrouver son calme lors d’un temps de pause avant de pouvoir jouer à nouveau avec les enfants. Ce temps de pause n’est pas une punition mais une transition entre la réaction (taper, mordre, crier…) et la relation (jouer, être avec les autres), comme un temps de respiration.
On pourra par exemple proposer à l’enfant de prendre un livre à lire aux côtés des adultes, de s’asseoir quelque part à l’écart pour respirer (seul ou accompagné par le parent), de boire un verre d’eau… Le temps de pause sera suivi d’une recherche de solution et d’une réparation.
Qu’est-ce qui a provoqué la situation ?
Comment te sens-tu par rapport à cela ?
A ton avis, comment se sentent les autres enfants ?
Que feras-tu différemment la prochaine fois ?
Comment penses-tu résoudre le problème ?
– quitter les lieux
Puisqu’il/elle n’est pas prêt(e) à agir correctement avec ses camarades de jeu, le jeu s’arrête. Il ne s’agit pas d’une punition mais de l’expérience des conséquences de ses actes.
Le parent peut indiquer qu’ils reviendront jouer dès lors que l’enfant sera prêt à accepter de nouveau les règles de conduite en société. Le ton et l’attitude sont importants dans ce cas : c’est la confiance dans les capacités de l’enfant à reconsidérer son comportement qui compte, pas la volonté de sermonner l’enfant avec une leçon de morale.