Comment utiliser la neuroplasticité pour enseigner efficacement ?
Le cerveau est comme une forêt
Pour créer de nouvelles connexions dans le cerveau, les axones doivent être prolongées pour aller toucher les dendrites d’un autre neurone. Les protéines sont le matériel de prolongation des axones et c’est grâce au déplacement de protéines à l’intérieur du cerveau que les connexions neuronales changent au cours de l’apprentissage.
Les neurones qui s’activent ensemble suite des réactions biochimiques internes (protéines) finissent par se connecter à la suite des apprentissages mais ce sont les actions répétées qui renforcera leur connexion.
Steeve Masson explique que le cerveau est comme une forêt : si on marche plusieurs fois dans le même sentier, un chemin va progressivement se créer. Dans le cerveau, il y a création de sentiers de communication entre les neurones. Ces sentiers (connexions neuronales) deviennent de plus en plus efficaces et mènent à l’automatisation des processus liés à une certaine tâche et donc à la résolution plus faciles de certains problèmes.
Mai si on ne marche pas pendant un bon bout de temps dans les sentiers créés par la forêt, la végétation reprend sa place. Les réseaux de neurones non utilisés finissent par se déconnecter progressivement.
Quelques recommandations pédagogiques
Steeve Masson en déduit que les enseignants peuvent prendre appui sur les caractéristiques de la neuroplasticité en classe.
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Favoriser la réactivation neuronale
Les neurones doivent s’activer à de nombreuses reprises pour se connecter et renforcer leur connexion. La répétition est nécessaire, pas seulement au moment de l’apprentissage en question mais tout au long de l’année. Le cerveau oublie vite les éléments appris s’ils ne sont pas remobilisés régulièrement. Si les neurones s’activent à plusieurs reprises, ils peuvent consolider leurs inter-relations et favoriser l’acquisition de l’apprentissage.
Le fait de tester les élèves pourra servir la réactivation neuronale : le test devient un moyen de consolider et de réactiver, pas un outil d’évaluation.
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Etre actif dans les apprentissages
Selon Steeve Masson, les stratégies les plus efficaces d’apprentissage et de révision consiste à poser et répondre à des questions, à placer l’élève en situation d’enseignement et d’interaction (c’est lui qui explique une notion à d’autres élèves qui lui posent des questions en retour).
La manière la plus efficace de récupérer des informations en mémoire serait de se poser des questions à soi-même. J’avais dédié un article à ce sujet : Toute connaissance est réponse à une question : apprenons aux enfants à se poser des questions.
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Espacer les périodes allouées à un apprentissage
Il serait plus efficace de répartir les temps d’enseignement sur plusieurs courtes périodes réparties elles-mêmes sur plusieurs jours, plutôt que les concentrer sur une demie-journée voire une journée.
Lors des périodes de sommeil, les neurones liés aux apprentissages dans la journée se réactivent. La nécessité d’avoir un temps de sommeil entre deux phases d’un même apprentissage découle du fait que les mêmes réseaux de neurones sont réactivés pendant l’apprentissage et pendant le sommeil qui est à considérer comme une période de consolidation des apprentissages.
Avec l’effet d’espacement, les apprentissages sont plus efficaces pour un même temps alloué mais répartir différemment et les effets d’apprentissage durent plus longtemps.
Il serait alors judicieux d’apprendre aux enfants à espacer les périodes de révisions car le fait de réviser seulement la veille ne respecte pas le fonctionnement du cerveau.
Pour aller plus loin :
Mieux connaître le cerveau pour mieux enseigner (1/5) – Les dernières découvertes en neuroéducation
Mieux connaître le cerveau pour mieux enseigner (3/5) – La lecture vue par les neurosciences
Source : Mieux comprendre le cerveau peut-il vraiment nous aider à mieux enseigner ? Conférence de Steeve Masson