L’éducation bienveillante : une “méthode” d’éducation ou plutôt un regard, une philosophie ?
L’éducation bienveillante n’est pas une méthode à appliquer par des parents qui seraient des robots ou qui devraient avoir des livres sous la main pour chaque type de situation rencontré avec leurs enfants : c’est un regard, une philosophie.
Pour Emmanuelle Opezzo, autrice de Appliquer la pensée Montessori chez soi, l’éducation bienveillante est celle qui respecte la nature de l’enfant.
Éduquer nos enfants “en bienveillance”, c’est les aider à être et non pas à devenir.
Elle propose plusieurs pistes de réflexion pour définir l’éducation bienveillante :
- Aider sans faire à la place, protéger sans surprotéger, sécuriser et adapter l’environnement pour laisser place à l’autonomie
- Comprendre, soutenir, accompagner, être attentif : affectivement, émotionnellement et socialement pour fonder la sécurité intérieure, la confiance en soi et l’estime de soi des enfants
- Être partenaire (des “sparring partners” au sens de Jesper Juul : des adultes dignes de confiance qui restent fidèles et ouverts, prêts à reconnaître que les autres vivent la réalité de façons différentes)
- Être en confiance mutuelle : je fais confiance à mon enfant (la nature de mon enfant est bonne, je ne cherche pas à disqualifier ce qu’il éprouve) et mon enfant me fait confiance (il sait qu’il peut me parler sans se faire juger, culpabiliser, étiquetter, moquer ou punir)
- Assumer la responsabilité de nos erreurs au lieu d’en rendre les enfants responsables : par des marques d’affection et/ou des paroles (voir cet article sur les excuses entre parents et enfants)
Ce que l’éducation bienveillante n’est pas :
- Une méthode prête à l’emploi dépourvue d’émotion et d’imprévu à suivre à la lettre pour être des “parents parfaits”
- Un rapport de force ou un pouvoir sur l’enfant
- Avoir raison, imposer, contrôler
- Projeter sur ses enfants nos propres attentes, nos espoirs (même les meilleurs)
Le cercle vertueux de développement de l’enfant s’amorce par la confiance que les adultes lui portent. Emmanuelle Opezzo écrit :
Savoir que son enfant est capable est le point de départ du développement de sa confiance en lui.
Si l’enfant est en confiance, il n’a pas peur. S’il n’a pas peur, il ose faire. S’il fait, il apprend à faire. S’il refait, il se perfectionne.
Notre quotidien repose sur des petits choix sans incidence pour lesquels nous nous substituons aux enfants par habitude. Essayons de leur laisser la liberté de décider dans certaines situations, afin d’aiguiser leur capacité à choisir.
Cela apaisera, en outre, de nombreux conflits.
Pas besoin donc de penser à la “technique” et au “mieux faire” pour vivre en harmonie et en conscience avec nos enfants.
Cela m’arrive moi-même encore de perdre patience, de crier parfois mais j’ai suffisamment confiance en moi pour reconnaître ma responsabilité, m’excuser, réfléchir à ce qui a causé en moi ce débordement et penser à une meilleure manière de réagir la prochaine fois et en ma fille pour qu’elle me dise quand ma manière d’être ne lui convient plus (les dernières en date : “Maman, tu commences à t’énerver, chante à la place et ça ira mieux” et “Tu as dit que quand on était fâché, on pouvait se faire un câlin alors moi j’ai envie d’un câlin”).
Jesper Juul écrit même :
Les enfants sont nés comme des personnes sociables et humaines et, pour développer ces qualités, ils ont seulement besoin de vivre avec des adultes qui se comportent avec sociabilité et humanité. Toute forme de méthode n’est pas seulement superflue, elle est contre indiquée, parce qu’elle fait de l’enfant un objet pour ses proches.
C’est valable pour tous les articles écrits sur ce blog : ils sont à prendre comme des inspirations, des pistes qu’on décide d’adopter ou non, sur lesquelles chacun et chacune va venir mettre sa touche, que chaque parent va faire vivre et évoluer à sa manière, qui peuvent être testées et abandonnées, re-testées plus tard et validées (ou toujours pas :-) ).
Par ailleurs, la bienveillance envers soi-même est un pilier de l’éducation bienveillante (ou positive ou non violente… quel que soit le nom qu’on lui donne). Je vous invite à regarder cette vidéo pour comprendre cette notion de bienveillance envers soi-même : Être bienveillant avec soi avant de pouvoir être bienveillant avec ses enfants.
Et enfin, pour conclure, j’aime beaucoup cette phrase de Haïm Ginott : Ce dont on parle est d’une direction, pas de la perfection…
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Source : Appliquer la pensée Montessori chez soi d’Emanuelle Opezzo (éditions Poche Marabout)