La bouderie, un langage à prendre en compte et à décoder

enfant boude

Comprendre le mécanisme de la fermeture émotionnelle, comme la bouderie 

En tant que parents, il est inutile de faire semblant de ne pas remarquer ces comportements car ils sont en réalité des moyens de communication. Cela ne passera pas avec le temps si les besoins insatisfaits à l’origine de ces comportements passifs-agressifs ne sont pas pris en compte. Un comportement passif-agressif est toujours une manière de dire quelque chose et, si les parents font semblant de ne pas percevoir le message, l’enfant va être tenté de faire monter les enchères. De même, les discours moralisateurs, les punitions ou les reproches vont entraîner des ripostes. Dès que nous remarquons une attitude qui ressemble à de la mauvaise volonté ou à de la bouderie qui signalent des représailles cachées, mieux vaut réagir avec curiosité. Cette curiosité peut passer par des questions du type :

« J’ai l’impression que tu es contrarié. Est-ce que je me trompe ? »

« J’ai remarqué que… Est-ce que c’est pour me dire quelque chose ? Tu veux bien essayer de m’expliquer ?».

Cette attitude d’exploration permet d’éviter d’entrer dans un jeu de représailles réciproques entre parents et enfants. Le véritable enjeu de la situation est recherché et le parent est toujours responsable de cette exploration car il a plus d’expérience et de maturité émotionnelle.

La bouderie cache une souffrance

Selon Isabelle Filliozat, la bouderie est un langage : elle est signe de souffrance.

La bouderie peut être assimilée à une “fermeture des écoutilles”. L’enfant se ferme car il s’est senti blessé.

C’est à nous, adultes, d’aider l’enfant à trouver une issue positive à ce moment de souffrance. Quand un enfant boude, il ne peut pas réfléchir. Il est donc inutile de laisser bouder un enfant car il ne peut pas se mettre en contact avec son cerveau préfrontal (siège de la pensée et du raisonnement).

Isabelle Filliozat conseille de ne pas laisser bouder un enfant plus de quelques minutes. Isoler un enfant qui boude ne peut qu’aggraver son problème. L’enfant a besoin que l’adulte utilise son cerveau mature pour lui enseigner à communiquer, à verbaliser plutôt qu’à se fermer.

enfant qui boude

4 pistes pour accompagner un enfant qui boude

1. Accompagner un enfant qui boude par la parole

L’enfant qui boude a donc besoin d’aide : c’est à nous de comprendre ce qui se passe, pourquoi l’enfant ne veut plus nous parler, et de trouver ce qui ne va pas.

Je vois que tu t’es senti  blessé(e) quand…

Tu es vraiment furieux(se) que je fasse ça.

Tu as le droit de dire que tu n’es pas content.

Je comprends que tu te sentes…

Je tiens à toi, je vois que tu souffres. Raconte moi ce qui est le plus dur pour toi dans ta vie.

Je t’aime. Viens avec moi, j’ai envie de passer du temps avec toi.

Le problème n’est pas forcément dirigé contre nous (il se peut par exemple que quelque chose se soit mal passé à l’école, au centre de loisirs, avec son frère ou sa sœur…). Cela peut être n’importe quel problème.

2. Accompagner un enfant qui boude par le jeu

L’enfant va peut-être avoir du mal à trouver les mots pour expliquer ce qui se passe en lui. Dans ce cas, le jeu va pouvoir l’aider. Si on pense que quelque chose s’est passé à l’école, on pourra jouer avec des Playmobil ou des peluches : chacun prend des personnages et on oriente le jeu. On s’abstiendra de donner des solutions, on ne fait que jouer.

On dit qu’ils vont à l’école. Lui, il est de mauvaise humeur. On dirait qu’il a pas trop envie d’y aller. 

On laisse l’enfant continuer le jeu. Si rien ne sort, on peut à nouveau orienter :

Qu’est-ce qu’il dirait celui-là ? t’as une autre idée ? Il a l’air de souffrir car ses copains et la maîtresse exagèrent. Comment il se sent à ton avis ?Qu’est-ce qu’il pourrait faire d’autre ? 

Rien que le fait de jouer ensemble donnera le sentiment à l’enfant de :

  • se sentir libre de tout jugement,
  • accepter ses émotions,
  • reconnaître le fait qu’il est en train de traverser une période difficile.

3. Accompagner un enfant par la restauration de la relation

Il est important de donner à l’enfant ce dont il a besoin : un espace d’écoute et de jeu, des câlins, de l’attention pour qu’il se nourrisse de ce contact, de ce soutien.

7 questions à se poser pour répondre à (presque) toutes les situations :

1. Quel est le vécu de l’enfant ? 

2. Que dit-il ? 

3. Quel message ai-je envie de lui transmettre ? 

4. Pourquoi je lui dis ça ?

5. Mes besoins sont-ils en compétition avec ceux de l’enfant ? 

6. Qu’est-ce qui est le plus précieux pour moi ? 

7. Quel est mon objectif ? 

4. Un livre pour enfants qui sert de médiateur : Moi, je boude 

Je boude pour montrer que je suis très fâché et aussi très malheureux, pour embêter ceux qui m’ont contrarié et essayer d’obtenir ce que je veux.

Pour bien montrer que je boude, je place ma bouche en canard, je gonfle un peu mes joues, je regarde par en dessous, je me tais et je reste sans bouger dans un coin. J’essaie de bouder le plus longtemps possible : parfois une journée !

Et puis je ne suis pas le seul à bouder dans la famille :

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Le problème quand je boude, c’est que je ne sais jamais quand ni comment arrêter. Parfois je m’ennuie tellement quand je boude que je me dis que c’est la dernière fois que je boude.20150514_144318

Et puis il arrive toujours un moment où je ne pense plus à bouder et je reprends ma vie d’avant la bouderie : je m’amuse et je rigole… c’est quand même plus agréable !

Moi, je boude de Titus (éditions Gautier Languereau) décrypte les mécanismes de la bouderie sans juger ou blesser les enfants. Les enfants pourront facilement s’identifier au personnage principal. On a parfois de bonnes raisons de bouder, tout le monde peut bouder, parfois on ne se rappelle plus pourquoi on boude mais, dans tous les cas, c’est quand même plus rigolo quand on ne boude plus.

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Source : podcast “Au cœur des émotions de l’enfant”, émission RTBF avec Isabelle Filliozat

Pour aller plus loin sur la question des émotions de l’enfant, je vous conseille la lecture du livre AU COEUR DES EMOTIONS DE L’ENFANT d’Isabelle Filliozat (éditions Poche Marabout).