Comprendre le fonctionnement de la mémoire pour aider les enfants présentant des difficultés de mémorisation ou d’apprentissage

 

Les 3 systèmes de mémoire

La mémoire à court terme (empan mnésique)

La mémoire à court terme est la “petite” mémoire qui permet de stocker des informations temporairement. Aucune information ne peut passer directement de l’environnement extérieur à notre “boite noire” intérieure sans passer par la mémoire à court terme. La mémoire à court terme permet de garder une information quelques secondes, pas plus.

On ne peut maintenir dans la mémoire à court terme que + ou – 7 éléments à la fois. C’est pour cette raison qu’on regroupe les chiffres des numéros de téléphone pour les retenir par exemple.

Un empan est la quantité d’information (le nombre de chiffres par exemple) qu’un individu peut mémoriser dans un court laps de temps (en moins de 20 secondes). Cette mesure est importante puisqu’elle influence le nombre d’unités d’information qui peuvent être mémorisées en même temps.

 

La mémoire à court terme est très sensible :

  • aux distractions
  • à l’anxiété

Ce type de mémoire est souvent affectée lorsqu’une personne présente des troubles de l’attention (TDA).

La mémoire de travail

La mémoire à court terme garde les données présentes à l’esprit, la mémoire de travail les traite (analyse, compréhension, association avec d’autres idées…). La mémoire de travail est comme une “usine de traitement” ou un “centre de digestion”.

La mémoire de travail représente la capacité de manipuler mentalement des informations. Elle est utilisée par exemple lors d’un calcul mental, lors de l’apprentissage des tables de multiplication, lors de l’écoute en classe ou encore quand plusieurs tâches doivent être effectuées en même temps.

La mémoire de travail est constamment sollicitée.

Pour être performant en mémoire de travail, plusieurs facteurs entrent en jeu :

  • la répétition : s’entraîner, faire des exercices dans le but d’automatiser certains apprentissages
  • la sollicitation de plusieurs sens : s’entraîner à activer la représentation visuelle (regarder un film, une image ou un schéma dans la tête) ou sonore (réécouter mentalement) de ce que l’on vient d’entendre, de lire, de voir

Un grand nombre d’enfants souffrant de TDA présentent un déficit de la mémoire de travail.

La mémoire à long terme

La mémoire à long terme fait référence à l’information qui peut être maintenue dans le temps et récupéré par la suite. L’information qui entre dans la mémoire à court terme, et qui est maintenue dans le temps grâce à un bon fonctionnement de la mémoire de travail, passe ensuite dans le système de mémoire à long terme et laisse une trace mnésique (un souvenir).

La mémoire à long terme stocke, enregistre, classe et organise les connaissances, les savoirs, les compétences, les souvenirs et toute notre histoire.

 

Les 2 types de mémoire

La mémoire à long terme a plusieurs facettes :

La mémoire explicite (déclarative)

La mémoire explicite se souvient des informations exactes : l’apprentissage du “quoi” (verbalisation des événements, des procédures et des faits par des mots).

C’est une mémoire du contrôle des gestes : il faut penser à chaque étape. La mémoire explicite permet d’expliquer les connaissances et de les transmettre.

La mémoire explicite comporte :

  • la mémoire sémantique (le sens des choses, nos connaissances sur le monde) -> les mots, le vocabulaire
  • la mémoire épisodique (nos souvenirs personnels, la chronologie de notre histoire, les contextes affectifs et émotionnels dans lesquels se sont produits les événements) -> repères temporels, sensations

La mémoire implicite (non déclarative ou procédurale)

La mémoire implicite est l’apprentissage du “comment” : elle permet de mémoriser les savoir faire, les compétences automatisés et inconscients.

La mémoire implicite permet d’appliquer et de réitérer des procédures de manière automatique. C’est faire quelque chose d’utile des savoirs et connaissances.

 

Les 3 stades dans le processus de mémorisation

Il existe 3 stades dans le processus de mémorisation :

 

1. L’encodage : premier stade du processus de mémorisation

L’encodage est influencé par la quantité d’informations qui peuvent être mémorisées au départ (l’empan).

L’empan peut être augmenté de plusieurs manières :

  • La répétition des informations

Plus on est exposé à une information, plus le cerveau a de chance de la capter

  • La sollicitation de plusieurs sens

Les études précisent qu’on retient :

– 10% de ce qu’on lit

– 20% de ce qu’on entend (et qu’on se redit)

– 30% de ce qu’on voit (et qu’on revoir mentalement)

– 50% de ce qu’on lit, voit et entend

– 80% de ce qu’on est en mesure d’expliquer à autrui

– 90% de ce qu’on écrit, dessine, fabrique, après avoir bien regardé, entendu, traduit dans nos propres mots, expliqué à quelqu’un d’autre.

  • Les liens et les associations avec d’autres connaissances pré existantes dans la mémoire

Plus on créera d’associations entre une information nouvelle et celles que l’on a déjà enregistrées, plus on fera de liens en mémoire, et plus les données à mémoriser seront “contextualisées” (Jeanne Siaud-Facchin). Les informations sont intégrées dans un univers, dans un réseau de données.

Plus la mémoire est enrichie, comme la terre, plus les connaissances s’enracinent et se développent, comme les plantes… – Jeanne Siaud-Facchin

 

2. La consolidation

Les difficultés de mémoire se définissent habituellement par une perte des informations apprises à travers le temps. La consolidation représente le temps entre la période active de mémorisation et la période de récupération.

3 facteurs peuvent influencer la consolidation :

  • La répétition de l’information

Le cerveau se souvient plus facilement de ce qu’il a vu 2 fois au cours de la même journée car un signal d’intérêt/ d’utilité de l’information lui est envoyé.

Pour savoir si une information est utile et donc digne d’être conservée en mémoire, le cerveau fonctionne ainsi :

  • je revois une information 2 fois (ou plus) dans les 24 heures, cette information est utile, je la conserve en mémoire 1 semaine
  • je revois une information 2 fois (ou plus) au bout d’1 semaine, cette information est vraiment utile, je la conserve en mémoire 1 mois
  • je revois une information 2 fois (ou plus) au bout d’1 mois, cette information est vraiment utile, je la conserve en mémoire 6 mois

Afin d’avoir moins d’efforts à faire pour récupérer une information en mémoire, il vaut donc mieux la relire dans les 24 heures. Cette relecture sera d’autant plus efficace si l’information est traitée comme proposé dans les points ci-dessus.

  • L’implication active dans l’apprentissage

Fabriquer, dessiner, expliquer à autrui, transformer sous forme de dessin ou de schéma, exposer…

  • Les émotions positives ressenties au moment de l’encodage 

On apprend mieux quand on se sent bien :-).

 

3. La récupération

C’est à ce stade que nous nous servons de nos acquis.

Certains enfants peuvent apprendre de nouvelles notions, ils les consolident bien (les maintiennent à travers le temps) mais peuvent cependant difficilement les récupérer car l’information est mal structurée en mémoire ou la recherche (en mémoire) s’effectue difficilement.

Dans le premier cas, l’enfant aura besoin de stratégies au moment de l’encodage alors quand, dans le second cas, il devra apprendre à mieux se questionner afin de bien diriger la récupération de l’information.

Pour faciliter la récupération, il est important de bien classer et organiser les informations.

Dans le livre Des idées plein la tête, les auteurs comparent la mémoire à un classeur : quand nous apprenons de nouvelles notions, il est important de les classer dans les bonnes chemises et, ensuite, de placer les chemises dans les bons tiroirs. Lorsque nous tentons de nous souvenir d’événements ou d’informations précises, nous devons également ouvrir le bon tiroir afin de trouver la bonne chemise. Plus les informations sont bien organisées dans notre classeur et plus il sera facile de les récupérer par la suite. Il est donc important que les enfants comprennent que, pour mémoriser, il faut d’abord bien organiser l’information en mémoire. Apprendre ne se résume pas à apprendre par cœur :il faut également établir des liens entre les connaissances et trouver des trucs pour se les rappeler.

 

Sources :
Mais qu’est-ce qui l’empêche de réussir ? : Comprendre pourquoi, savoir comment faire

 de Jeanne Siaud-Facchin

Des idées plein la tête : Exercices axés sur le développement cognitif et moteur (éditions Chenelière/ Didactique)