TedX Champs Elysées : LA COOPERATION ET L’ENTRAIDE A L’ECOLE (3/4)

 

J’ai choisi cet autre thème parce que ces conférences ont toutes fait écho à ce que j’ai entendu dire un jour : dans notre cerveau, la mise en « compétition » rime avec séparation et active les mêmes zones que celles du dégout, lorsque la coopération nous relie à celles du plaisir et aux autres. On a tout à gagner à générer l’entraide et la communication entre les élèves et entre profs et élèves.

Dans le 1e cas, le risque est de se refermer sur soi, dans le second, de s’ouvrir aux autres.

« Stop aux notes ! » nous dit encore Hippolyte. Nul  besoin de nous référer davantage aux neurosciences, dans le récit de son vécu, il décrit très bien la souffrance et l’écœurement ressenti en milieu scolaire, son  expérience d’un système où l’évaluation, telle qu’elle fonctionne encore trop souvent, génère cloisonnement, comparaison et mal-être, chez les « bons »  comme les « mauvais » élèves.

 

Et comment son ciel s’est ouvert le jour où en changeant d’établissement il a été amené à pouvoir aider ceux qui, parmi ses camarades, avaient moins d’aisance que lui dans l’apprentissage, plutôt que de demeurer dans l’isolement du camp des bons qui regardent d’en haut les abonnés aux 0. Voyez par vous-même :

 

Les pays nordiques ont compris les innombrables bénéfices liés à une éducation coopérative et ont adapté leur système où l’entraide remplace désormais la mise en compétition : là aussi les élèves ayant plus de facilité aident ceux pour qui l’apprentissage se révèle plus délicat. Pas la peine de vous faire une longue démonstration de combien il est vertueux d’instaurer ce fonctionnement.

Outre qu’il favorise l’apprentissage dans toutes les matières, il permet de développer les compétences émotionnelles, relationnelles et sociales, tels que le respect et la tolérance, tout aussi fondamentales, et complémentaires des aptitudes intellectuelles et cognitives (voire notamment l’exemple de la Finlande, cité dans le film Demain qui sortira le 2 décembre) :

 

Evaluation ne veut pas nécessairement dire classification et mise en compétition.

Mettre en avant les valeurs de coopération et d’entraide nous amène à  remettre en question toute une partie du système d’évaluation basée sur la notation telle qu’elle existe.

Certes, il est important de pouvoir évaluer où l’enfant en est des apprentissages de base, essentiels dans notre société (langage parlé et écrit, lecture, etc…), mais le système de notation a souvent, malheureusement, pour écueil de classer les élèves entre eux : 1e et dernier de la classe, les bons et les mauvais, avec toutes les répercussions que l’on connait sur le développement psychique, cognitif, relationnel et social d’être enfermé dans une case, même la « bonne ».

Les mauvaises notes sont souvent vécues comme des sanctions (dans le pire des cas comme des humiliations), trop rarement comme les indicateurs d’un instant T qui serviraient à adapter au mieux le mode de transmission pour aider l’enfant à acquérir de nouvelles connaissances et compétences par rapport à ses difficultés.

Et que dire d’un système d’évaluation par la notation identique pour tout le monde, qui renvoie aux mots d’Einstein : demandez à un poisson de grimper à un arbre, et vous aurez vite fait de penser qu’il est stupide…

 

Ecoutez comment Gaele Regnault, que le regard aimant et attentif sur son fils souffrant d’autisme a poussé à réfléchir sur les manières de favoriser l’intégration scolaire et sociale d’enfant porteur de handicap et apprenant moins vite ou autrement :

Elle crée en 1992 une entreprise sociale qui démocratise l’accès aux meilleures stratégies éducatives et lutte contre l’exclusion. Elle soulève plus largement la réflexion sur la nécessité de tenir compte des différences de rythme et de mode d’apprentissage des enfants et du respect de ces différences, et de pouvoir adapter le mode de transmission à ces données essentielles. Comme nous le disait plus haut Ramzy Harbi à travers son fabuleux projet « en piste l’artiste », l’erreur est de se concentrer davantage sur les contenus que sur les stratégies d’apprentissages.

Regarder aussi la démonstration ludique et brillante de Caroline Huron sur le principe de « double tâche cognitive » et sa réponse à la question : notre cerveau peut-il faire deux choses à la fois… ? 

 

 

En nous déstabilisant et nous impliquant dans une expérience concrète, et en soulevant les questions autour de la dyspraxie, elle nous informe et nous alerte sur l’importance de connaître et détecter les troubles d’apprentissage en milieu scolaire, et donne l’occasion de nous poser cette formidable question : lorsqu’un enfant ne « fait pas ce que nous voulons qu’il fasse », cherchons s’il n’est pas en situation de double tâche, et demandons-nous alors s’il « peut »le faire plutôt que de simplement penser qu’il ne « veut pas » le faire… Adopter une posture ouverte axée sur la coopération nous fait regarder les choses sous un autre angle.

L’évaluation se doit d’être uniquement de l’information. Evaluer pour être informé de là où l’on en est par rapport à quelque chose à atteindre ou intégrer, et surtout, sans cesse se poser les questions en tant qu’enseignant et parents, de « comment » permettre à  chaque enfant d’acquérir de nouvelles connaissances et compétences.

Donc oui à une évaluation si elle est informative sur l’évolution de l’enfant par rapport à l’apprentissage, oui à une évaluation intelligente et flexible qui tient compte du rythme et des capacités de chacun, oui à un système permettant le développement des aptitudes sociales et relationnelles (capacité d’entraide, de coopération, d’empathie…).

Dans son discours, Yann Algan, un savant mélange d’économiste et d’expert du bien-être, nous parle de «l’école de la confiance », et nous démontre que le succès scolaire n’est lié ni au QI ni aux connaissances cognitives mais à une aptitude à la ténacité et la discipline associée aux compétences sociales.

Coopérer, se parler les uns aux autres, apprendre à travailler en groupe, savoir écouter les perspectives des autres. Il prône lui aussi une école de la coopération, du bien vivre et de la confiance mutuelle. Une école qui replace le plaisir au cœur de l’apprentissage et qui favorise le développement des capacités sociales.

 

Peut-être aussi la coopération commence-t-elle en demandant à nos enfants de quoi ils ont besoin pour se sentir bien, confiants et soutenus dans leurs apprentissages ?

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>>> Continuer la lecture du compte-rendu de Céline :

TedX Champs Elysées : POUR CONCLURE, « J’AI DES QUESTIONS A TOUTES VOS REPONSES » (4/4)

 

« EDUQUER C’EST ELEVER » : TEDx Champs Elysées sur l’EDUCATION (1/4)

TedX Champs Elysées : STIMULER ET NOURRIR LA CURIOSITE DES ENFANTS (2/4)