Poser des limites en respectant l’intégrité des enfants et sans les humilier

Poser des limites en respectant l'intégrité des enfants et sans les humilier

Arnaud Deroo explique que l’autorité éducative se pense en termes de responsabilité, pour rendre l’enfant acteur et responsable de ses actes. Le projet éducatif n’est pas l’obéissance mais l’écoute des états émotionnels de l’enfant et le respect de ses besoins.

Face à un comportement où il y a infraction à une règle sociétale, la réaction de l’adulte doit aider l’enfant à comprendre la portée de ses actes et la nécessité du respect de la règle pour vivre ensemble. 

Face à un comportement « non civilisé », l’enfant doit être entendu dans son besoin et il faut qu’on lui dise qu’il y a en lui d’autres moyens pour satisfaire ce besoin qu’en tapant, agressant, insultant… que ces comportements ne sont pas acceptables.

Quand un enfant est élevé avec empathie, il ne cherche que rarement à dépasser les règles, les limites, à mettre en difficulté ses parents puisqu’il intègre “J’ai de l’importance, tu as de l’importance”. – Arnaud Deroo (Porter un regard bien-traitant sur l’enfant et sur soi)

La plupart des problèmes disciplinaires comportent deux parties : des émotions de colère et des gestes de colère. Il faut gérer chacune des parties de façon différente. On doit identifier les émotions et s’en occuper; tandis que l’on doit limiter les gestes et les orienter dans une autre direction.

Parfois, l’identification des émotions de l’enfant suffit à elle seule à détendre l’atmosphère.

En d’autres occasions, l’identification des émotions ne suffit pas et les limites sont nécessaires. Par exemple, si un enfant veut couper la queue de son chat pour voir ce qu’il y a à l’intérieur, on peut accueillir la curiosité scientifique tout en limitant le geste : “Je sais que tu veux savoir à quoi ça ressemble à l’intérieur. Et la queue doit rester là où elle est. Essayons de trouver une image qui montre comment c’est fait à l’intérieur”.

Certains parents stoppent les actes indésirable tout en fermant les yeux sur ce qui a poussé les enfants à faire ces gestes. Une approche plus efficace est de se concentrer sur l’aide à offrir à l’enfant à la fois en ce qui concerne sa conduite mais aussi ses émotions.

14 manières d’être ferme sur le comportement et souple sur les émotions avec les enfants

Le Dr Haim Ginott propose des outils pour poser des limites aux enfants qui invitent à la coopération et à l’auto discipline.

 

  • Reconnaître et reformuler le désir de l’enfant

« Tu as vraiment envie de regarder la télé ce soir »

« Tu as l’air très fâché contre ta soeur »

“Tu voudrais ramener au moins un jouet. Tu le veux vraiment. Tes larmes m’indiquent jusqu’à quel point tu veux ce jouet. Comme je souhaiterais avoir les moyens de te l’acheter aujourd’hui !”

On traite ses enfants avec le respect qu’on attend d’eux. – Haïm Ginott

 

  • Rappeler les règles

” La règle dans cette maison est « pas de télé les soirs en semaine » ”

« Tu peux être furieux contre ta soeur mais pas question de lui faire mal »

“On ne frappe pas. Je ne te permettrais jamais de le faire.”

“Si tu es fâché, dis le avec des mots”

2 conditions pour que les rappels de la règle soient efficaces :

  • Un rappel court et succint : “Fini la télé. C’est l’heure.”, “Pas de cris entre vous”.
  • Répéter la règle sans attaque sur la personne de l’enfant, de manière impersonnelle

Il est difficile de faire respecter plusieurs règles à la fois. C’est pourquoi les parents auraient avantage à en réduire le nombre et à vraiment choisir leur bataille. – Haïm Ginott

Sur quoi suis-je prêt(e) à lâcher prise ? 

Est-ce que ce comportement est réellement dangereux/ immoral/ illégal ou est-ce que je l’interdis par habitude, par convention sociale, par peur du regard des autres ? 

Qu’est-ce que ça fait en moi quand mon enfant se comporte comme ça ? Comment je me sens ? Qu’est-ce que ça réveille ?

Face à cette situation, quels apprentissages mon enfant va-t-il en retirer ?

 

  • Rediriger l’action ou suggérer des façons d’exaucer le désir

« Tu pourras regarder la télé samedi soir et tu choisiras le film : tu as réfléchi à ce qui te ferait envie ? »

« Tu peux lancer autant de pierres que tu veux par terre. »

“Le papier est fait pour écrire, pas le canapé. Voici des feuilles”.

 

  • Solliciter l’imaginaire

“Comme tu aimerais ne pas avoir à aller à l’école aujourd’hui ! Tu souhaiterais qu’on soit samedi au lieu de lundi, afin de pouvoir jouer. Tu aimerais au moins pouvoir jouer plus longtemps. Je sais. Qu’est-ce que tu aurais aimé faire si on avait été samedi ?”

“Tu as envie de rester au parc combien de temps encore ? Et comment tu occuperais tout ce temps ? Raconte moi sur le chemin.”

 

  • Compatir avec la frustration de l’enfant

« Tu souhaiterais que cette règle n’existe pas ! »

« Si tu veux, tu peux me dire ou me montrer ou même dessiner combien tu es fâché ».

 

  • Utiliser un langage positif d’action

Au lieu de l’interdiction « ne touche pas ce caillou », une formulation de ce type serait plus efficace « le caillou reste par terre, tu peux mettre ton hochet à la bouche et/ou toucher le caillou avec ton main, tes pieds ».

 

  • Mettre en application les restrictions sans violence ni colère excessive, de manière succincte

Quand un enfant franchit une limite, il peut devenir anxieux parce qu’il s’attend à des représailles. Ce n’est pas le moment de faire monter son stress ou sa peur.

Si les parents parlent trop ou perdent le contrôle, ils montrent de la faiblesse au moment même où ils devraient montrer de la force et de la maitrise de soi afin que les enfants prennent exemple sur eux.

 

  • Rappeler la fonction d’un objet

“La chaise est faite pour s’asseoir, pas pour monter dessus”

“Les cubes sont faits pour jouer, pas pour lancer”

“C’est la balle qui est faite pour être lancée”

 

  • Donner des informations, notamment sur le temps

“Le car scolaire sera là dans 10 minutes”

“La séance de cinéma commence à 13 heures. Il est maintenant 12h30.”

“Le diner sera servi à 19h. Il est  18h30”

“Ton ami sera là dans 15 minutes”

 

  • Comprendre et anticiper la rancœur de l’enfant à l’égard des restrictions

Etre prêt à accueillir la colère et la frustration.

On pose des limites aux actes; on ne restreint ni les désirs ni les sentiments. – Haïm Ginott

 

  • Etre clairs sur les 3 niveaux de discipline : ce qui est permis, ce qui est encouragé et toléré en fonction des circonstances, ce qui est défendu

Le deuxième niveau recouvre les conduites non autorisées mais tolérées à cause de circonstances exceptionnelles. On peut accorder de la latitude pour les débutants, les enfants qui découvrent les conséquences de leurs actes pour la première fois, mais également pour les moments difficiles (accident, maladie, déménagement, séparation…).

Le troisième niveau recouvre les conduites qu’on ne peut pas tolérer du tout et qu’on doit arrêter, pour des questions de sécurité (pour l’enfant et les autres), de respect (des personnes, des animaux, des objets…), de bien-être (social, physique, financier), de loi ou de morale/ d’éthique.

 

  • Une limite absolue plutôt qu’une limite partielle

Une déclaration trop vague ou une limite donnée sans conviction suscitent des bras de fer que personne ne peut gagner (ni les enfants ni les parents). Quand les parents ne savent pas ce qu’il y a lieu de faire, il vaut mieux s’abstenir et réfléchir afin de clarifier leurs attitudes sans “faille” dans laquelle les enfants pourraient s’engouffrer.

En s’identifiant à ses parents ainsi qu’aux valeurs qu’ils personnifient, l’enfant accède ainsi à des normes personnelles d’auto régulation. – Haïm Ginott

 

  • Impliquer dans la résolution d’un problème et ouvrir un dialogue

Au lieu d’essayer d’imposer leur volonté, les parents auront une plus grande influence sur leurs enfants s’ils comprennent leur point de vue et s’ils les impliquent dans la résolution d’un problème. – Haïm Ginott

“Ton enseignant nous a informés que tu ne faisais plus tes devoirs. Peux-tu nous dire quel est le problème ? Est-ce qu’on peut faire quelque chose pour t’aider ?”

 

  • Raisonner en termes de besoin et d’attachement

Les enfants, comme les adultes, ont toujours une bonne raison d’agir comme ils le font. Comprendre les besoins des enfants permet de mieux faire respecter les règles et les limites.

Le besoin de dépenser sainement leur énergie est primordial chez les enfants (et ce, tous les jours !). De nombreux problèmes de discipline surviennent quand les enfants n’ont pas leur dose d’activités physiques.

On ne devrait pas restreindre de façon excessive les activités motrices des enfants. Pour leur santé à la fois physique et mentale, les enfants ont besoin de courir, sauter, grimper, sautiller etc… Quand on interdit l’activité physique des jeunes enfants, on déclenche chez eux une tension émotionnelle qui peut s’exprimer sous forme d’agressivité. – Haïm Ginott

 

limites aux enfants

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Source : Entre Parent et Enfant de Haïm Ginott (éditons Les ateliers des parents). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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