Réussir, ça s’apprend : 7 points pour accompagner efficacement les enfants dans leurs apprentissages
1. Partons toujours des questions et des centres d’intérêt des enfants
Nous pouvons saisir toutes les occasions de faire évoquer les enfants.
Par exemple, si un enfant est en admiration devant une fleur, nous pouvons engager la conversation avec elle :
– “Tu la trouves belle, cette rose ?
– Oui ! C’est dommage qu’on ne puisse pas la cueillir, j’aurais bien aimé l’emporter dans ma chambre.
– Comme ça, tu aurais pu la regarder chaque fois que tu en aurais eu envie ? Je comprends. Tu sais ce qu’on va faire ? Tu vas bien la regarder pour essayer de la mettre dans ta tête. Et après, tu fermeras les yeuxet tu vérifieras si elle y est toujours, même quand tu ne la vois plus avec tes yeux. D’accord ? On y va ? “
L’expression “mettre dans ta tête” est volontairement neutre car l’enfant a le choix des images mentales qu’il veut créer.
– “Quand tu fermes les yeux, est-ce que tu vois la rose ? Si ce n’est pas le cas, je peux te parler de cette rose, te dire sa couleur, sa forme, comment elle est faite, et tu vas essayer de te répéter en silence ce que je t’aurais dit. Ou encore, si tu préfères, c’est toi-même qui vas, en observant attentivement la rose, te dire les mots et les phrases que tu choisiras dans ta tête. Qu’est-ce que tu préfères ? Qu’est-ce qui te convient le mieux ?”
A partir d’un centre d’intérêt, nous pouvons montrer aux enfants les différents types d’images mentales qu’on peut se faire : visuelles, auditives ou verbales.
On peut même enrichir cette conversation avec des évocations kinesthésiques :
– “Est-ce que tu préfèrerais sentir la rose ? t’imprégner de son parfum, et mettre ce parfum dans ta tête pour pouvoir te le redonner ensuite ? Ou bien la toucher, et là aussi mettre dans ta tête ec que tu as ressenti dans tes doigts lors de ce contact ?
Il y a plusieurs chemins possibles pour mettre la rose dans ta tête. “
Parmi toutes ces propositions, c’est l’enfant qui choisit le type d’évocation qui lui convient.
Tout cela se fera sous forme de jeu, sans forcer l’enfant. Nous répéterons volontairement “dans ta tête”, “mettre dans ta tête”, “ce que tu as mis dans ta tête” pour que l’enfant prenne bien conscience de la différence qu’il y a entre la fleur qui est devant lui et l’image mentale qu’il s’est donné de la fleur, entre le mot “fleur” qu’il entend et l’image mentale du mot “fleur” qu’il se donne.
2. Prenons du temps pour écouter, observer, s’émerveiller et parler avec les enfants
La capacité d’admiration et notre enthousiasme face aux apprentissages des enfants les encouragent à progresser.
Alors regardons-les comme si c’était la première fois ! Retrouvons ce regard neuf que nous avions lorsqu’isl faisaient leurs premiers pas et laissons-les nous surprendre. Non, pas tous les jours. Mais ne serait-ce qu’une seule fois : pour voir. Nous y gagnerons en disponibilité et une qualité d’écoute qui seront nos meilleurs atouts quand notre enfant aura besoin de notre aide.
Ne nous contentons pas d’observer nos enfants. Pour en savoir plus long sur eux, et surtout pour leur permettre de mieux connaître leurs processus mentaux, ne perdons pas une occasion de leur parler et de les écouter. – Antoine de la Garanderie (Réussir, ça s’apprend)
Cela peut passer par des questions qui soutiennent :
- la réflexion : “C’est quoi ? Cela te dit quelque chose ? Que sais-tu sur ? Comment peux-tu mettre en relation ces deux informations ? Qu’est-ce que tu en conclus ? La prochaine fois que tu as une question comme celle-là, comment vas-tu faire ?“
- la compréhension : “Où en as-tu entendu parler ? Est-ce que cette information peut te donner une idée de la signification de ce mot ? Confronte cette idée avec ton cours et essaye de voir si ça correspond. Es-tu bien sûr(e) que.. ? Regarde à nouveau avec tes nouvelles idées. Est-ce que le sens te parait maintenant satisfaisant ?”
- l’imagination :”Comment fais-tu pour… ? Dans quel but ? Raconte moi…, pense à… Cela peut être une bonne idée, qu’en penses-tu ?“
- la mémorisation : “Comment tu vas t’y prendre pour retenir… ? Explique moi comment tu fais. L’essentiel, c’est d’arriver au bon résultat. Où est-ce que tu en auras besoin ? Quand est-ce que tu en auras besoin ? Est-ce que tu t’en souviendras encore ce soir/ demain/ pour l’interrogation ? Imagine toi en situation de restitution.“
3. Donnons-leur des moyens d’accomplir des gestes mentaux
Les étiquettes (“Tu es bête ! Tu es nul en maths/ en français ! Dans la famille, on n’est pas littéraire. Tu n’as jamais réussi, il n’y a pas de raison pour que cela change !“) et les petites phrases assassines sans en avoir l’air (“Réfléchis un peu ! Ce n’est pourtant pas difficile à comprendre ! Creuse toi un peu la cervelle !”) n’aident pas les enfants à réfléchir.
Ouvrir la voie qui mène au geste mental et accompagner l’enfant dans l’accompagnement de ces gestes sont plus efficaces.
Nous décrivons des habitudes mentales mais les enfants peuvent parfaitement en acquérir d’autres. Nous sommes au contraire là pour leur montrer l’immense étendue de leur univers mental.
4. Communiquons-leur la confiance que nous avons en eux
Si nous leur faisons confiance, eux aussi auront confiance. Les enfants ont surtout besoin que nous leur transmettions notre certitude quant à leurs capacités, quel que soit leur âge.
Quand nous avons pris le temps d’observer et de parler avec les enfants, nous connaissons leurs champs de réussite et nous pouvous les aider à prendre conscience de leurs processus mentaux efficaces. Face à un échec ou une difficulté, nous pouvons rappeler aux enfants que ces champs de réussite existent et les aider à retrouver les processus mentaux efficacecs dans les situations où ils réussissent, puis à effectuer le transfert de ces processus dans les situations “d’échec”.
Nous sommes souvent cloisonnés mentalement, alors qu’ouvrir d’autres tiroirs mentaux pourraient nous sortir d’affaire… c’est la même chose pour les enfants !
5. Aidons-les à formuler leurs projets mentaux
Souvent, nos enfants savent où ils veulent aller, mais ils ne savent pas comment aborder le problème. A nous de les aider à préciser leurs projets mentaux au service de leurs objectifs. – Antoine de la Garanderie (Réussir, ça s’apprend)
Même quand les buts et les objectifs sont clairs, les projets mentaux qui vont permettre de les atteindre ne le sont pas toujours. Les questions ouvertes pourront guider nos enfants :
- comment tu vas t’y prendre ?
- où est-ce que tu vas pouvoir trouver des informations ?
- qu’est-ce que tu sais déjà ?
6. Adaptons-nous aux goûts et au tempérament de chacun
Pour aller vite, nous aurions envie que, spontanément, nos enfants adoptent la bonne démarche. Et trop souvent, nous oublions qu’il a ses habitudes qui ne sont pas les nôtres et que nous gagnerions à lui parler dans “sa langue”.
Nous avons tous des habitudes différentes qui peuvent être sources de malentendus, lors des devoirs notamment :
- préférence pour tel ou tel domaine d’évocation (auditif, verbal, visuel)
- expliquer (besoin de comprendre pour apprendre) ou bien appliquer (apprendre pour se servir des savoirs sans forcément comprendre)
- un raisonnement inductif (partir des faits ou des exemples pour remonter à la règle) ou déductif
- commencer par une série d’évocations pour les exposer par écrit, les développer et enfin les associer, les hiérarchiser ou bien créer une image mentale très claire de l’ensemble sous forme de plan et d’idées détailler puis rédiger
7. Aidons-les à progresser vers l’autonomie (en dehors de l’amour trop fusionnel ou conditionnel)
Leur faire effectuer le geste mental adéquat plutôt que leur apporter la réponse toute faite est évidemment un grand pas vers l’autonomie : ce sont eux qui, avec notre aider, trouvent les solutions à leurs problèmes.
L’amour conditionnel (je t’aime si… et son corrolaire je ne t’aime plus si…), de même que l’amour trop fusionnel (je sais mieux ce qui est bon pour toi, je fais à ta place, c’est trop dur, c’est trop dangereux…) peuvent entraver la vie mentale des enfants : tout nouvel apprentissage risque d’être abordé avec la peur de ne pas y arriver (ou de ne plus être aimé) au lieu de l’être avec enthousiasme, dans un élan naturel pour la connaissance et la vie.
Mon enfant est différent de moi. Il n’est pas moi et je ne suis pas lui. C’est une personne à part entière. Il faut qu’il soit assuré de mon amour inconditionnel, sinon le fondement sur lequel il construit sa personnalité est trop instable.
Ce n’est pas seulement un être en devenir. C’est quelqu’un aujourd’hui.
Il n’est pas parfait et il ne va pas le devenir. Je renonce définitivement et solennellement à le rendre parfait. Renonçant à le rendre parfait, je l’autorise par la même occasion à faire des progrès. Et même, je l’y encourage fortement.
Je choisis de l’aider à trouver SA voie pour SA réussite et SON bonheur. – Antoine de la Garanderie (Réussir, ça s’apprend)
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Pour aller plus loin :
>> PARENTS :
Comment fait-on pour apprendre ? : la gestion mentale pour les enfants (par Bénédicte Denizot)
Commander Comment fait-on pour apprendre ? sur Amazon.
Réussir, ça s’apprend. Un guide pour tous les parents (par Antoine de la Garanderie)
Commander Réussir, ça s’apprend. Un guide pour tous les parents sur Amazon.
>> ENSEIGNANTS :
Réussir, ça s’apprend (par Antoine de la Garanderie)