La psychologie positive pour les enfants : les 4 muscles de la résilience (pour mieux rebondir après un choc émotionnel)
Connaître les 4 muscles de la résilience peut aider les enfants à mieux rebondir après des chocs émotionnels.
1. Être entouré de personnes bien attentionnées et émotionnellement matures
Ce travail commence par nous-mêmes en tant que parents ou enseignants. On pourra également apprendre aux enfants à reconnaître les personnes bien attentionnées et à faire une liste de personnes vers lesquelles ils peuvent se tourner en cas de besoin. Enfin, nous pouvons glisser ici et là des messages et des pistes aux adultes qui sont amenés à s’occuper des enfants.
Le travail pour s’engager en tant qu’adultes dans une éducation bienveillante peut consister à s’engager dans une parentalité qui cultive des compétences émotionnelles et relationnelles, tant chez les parents que les enfants. C’est ce que je propose dans mon propre ouvrage “La co-éducation émotionnelle : s’élever en même temps qu’on élève les enfants” (paru aux éditions Hatier).
J’ai choisi de développer l’idée de coéducation parce que, après des années de lecture de nombreuses références touchant à la parentalité, je me suis rendue compte que parler d’éducation n’a de sens que si on parle de co-éducation. Les parents s’élèvent en même temps qu’ils élèvent leurs enfants. J’ai pris soin à concevoir ce livre de manière à prendre soin à la fois des enfants et de parents.
Je pars du principe que les conseils de “choses à faire” ou “phrases à dire” de la parentalité positive tombent à plat quand on cherche à faire autrement avant de raisonner autrement en matière d’éducation. La co-éducation émotionnelle, c’est apprendre à raisonner en termes de :
1. Vraie nature des émotions
2. Besoins humains fondamentaux
3. Attachement
4. Empathie
5. Auto-empathie
6. Histoire personnelle
7. Stades de développement des enfants (moteur, émotionnel et cognitif)
8. Aménagement de l’environnement (aménagement de la maison et de l’emploi du temps)
9. Enseignement de compétences
10. Droit à l’erreur (tant pour les enfants que pour les adultes)
La co-éducation émotionnelle n’est pas un ensemble de stratégies pour se faire obéir, pour avoir le calme ou encore pour formater des enfants dociles. La co-éducation émotionnelle n’est pas non plus un ensemble de commandements pour devenir un parent toujours d’humeur égale, équanime. Je n’utilise jamais le mot “zen” car personne n’attend des parents qu’ils deviennent des moines bouddhistes. La co-éducation émotionnelle va bien au delà de la simple compréhension des émotions et de la recherche de l’équilibre émotionnel (des enfants ou des parents). La co-éducation émotionnelle est plutôt un chemin dereconnexion à soi qui s’inscrit dans un temps long, qui n’a pas de fin mais qui prend appui sur du vivant, sur du mouvant, qui se nourrit de chaque interaction et de chaque expérience. C’est l’apprentissage de toute une vie que de se reconnecter à soi et de se défaire de mécanismes inconscients et automatiques.
2. Connaître ses forces
L’enfant qui sait répondre à la question “en quoi suis-je doué(e) ?” aura plus de chance de se focaliser sur le positif. Cela ne passe pas nécessairement par les notes scolaires, mais aussi par des choses pour lesquelles l’enfant est reconnu par ses copains (une chose pour laquelle ses copains lui demandent de l’aide ou son avis par exemple), des choses pour lesquelles il a été distingué (par exemple lors d’une compétition sportive ou d’un concert), des choses qu’il fait bien faire facilement et naturellement (par exemple, faire des gâteaux, dessiner des oiseaux, jardiner…).
C’est ce que Ken Robinson appelle l’élément : l’Élément est le point de rencontre entre nos talents naturels et nos passions. L’Élément présente ces deux composantes principales : les dons et dispositions naturelles (je sais ce que je peux faire) et les passions (j’adore ce que je veux faire) et repose sur deux conditions : l’attitude (je veux vraiment le faire) et l’opportunité (comment y parvenir ?).
3. Pouvoir s’appuyer sur des preuves du dépassement des obstacles dans le passé
Tous les enfants vivent des réussites dans un domaine ou un autre (école, sport, activité artistique, jeux vidéo, cuisine…).
Il est possible d’essayer d’immortaliser les moments clés de la vie de l’enfant ainsi que ses réussites en photo et de coller ces photos dans un album de vie en rappelant la date et les ressentis associés à ce moment (les siens et les vôtres en tant que parent). Votre enfant sera alors heureux de relire et feuilleter cet album plus tard, qui mettra en relief les “pierres de gué” de sa vie et des moments où il a connu des succès.
Et quand il sera triste, déçu, découragé, démotivé par un échec ou une erreur, ce sera le moment de ressortir l’album des réussites pour lui rappeler toutes les prouesses qu’il est capable de réaliser.
“C’est cet enfant qui a appris à faire du vélo à 4 ans/ à lacer ses chaussures à 5 ans/ qui a marqué le but de la victoire au dernier match/ qui a aidé sa copine à se relever quand elle est tombée… qui doute et qui pense qu’il ne va pas y arriver ?”
La pratique du rituel des “3 découvertes ou 3 kifs du jour” tous les soirs peut également participer à mettre en lumière et en mémoire les réussites de l’enfant (et pas seulement sur le plan scolaire – cela peut être le fait d’avoir inventé un nouveau geste de danse, d’avoir gagné des billes à un plus âgé, d’avoir aidé un copain à comprendre une notion, d’avoir marqué un but au match de foot, d’avoir fait une recette pour la première fois…) :
- Qu’est-ce que tu as aimé aujourd’hui ?
- Qu’est-ce qui t’a rendu heureux/ heureuse ?
- Qu’est-ce que tu as fait de nouveau ?
- Qu’est-ce que tu as appris ?
4. Intégrer les émotions agréables dans la vie de tous les jours
Plusieurs manières d’apporter des émotions agréables au quotidien sont possibles. La psychologie positive propose des appuis pour cultiver la résilience en famille.
- un objet ressource : associer des pensées agréables à un objet toujours à disposition.
Dans l’objet sont ancrées les sensations de bien-être liées à un moment ou un endroit particulièrement agréable. Ressortir cet objet permet de se reconnecter dans la pensée et dans le corps aux émotions agréables “gravées” dans cet objet.
- des questions pour stimuler les émotions agréables
De quoi es-tu particulièrement fier(e) ?
Qu’as-tu vu de beau aujourd’hui ? Devant quoi t’es-tu émerveillé(e) ?
A qui as-tu souri ? Qui t’a souri ?
Qu’est-ce qui t’a fait rire ?
Qu’est-ce que tu as créé de tes mains ?
Qui as-tu aidé ? Qui t’a aidé(e) ?
Qu’as-tu fait pour la première fois ?
Qu’est-ce que tu as fait d’original ?
- la “douche chaude”
Réalisable en classe ou en famille : un enfant est invité à s’asseoir au centre d’un cercle formé par les membres de la famille ou de la classe. Il ferme les yeux et chacun à leur tour, les autres sont invités à lui dire au creux de l’oreille ce qu’ils trouvent de positif chez lui, à souligner ses points forts et ses réussites, les moments où il a contribué à rendre leurs vies meilleures.
- des jeux en famille
Je vous propose un petit outil qui peut être proposé en famille ou dans un groupe d’enfants (classe ou autre). Cet outil se présente sous forme de tableau avec des questions inspirées par la psychologie positive. On peut y jouer avec les enfants en fin de journée ou en fin de semaine comme un rituel pour ressouder les liens, donner un espace pour parler des émotions, et cultiver le bonheur. Chacun pourra choisir de répondre à une question sur le tableau selon l’humeur et les besoins du moment.
Comme toujours dans ce type d’approche, le cadre de sécurité est primordial : on n’est pas obligé de répondre si on n’a pas envie et personne n’a le droit de se moquer des réponses d’un autre ni de les répéter en dehors du temps de parole dédié.
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Mon conseil lecture : Eduquer les enfants avec la psychologie positive de Julie Bazinet (éditions Jouvence). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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