Accueillir une émotion par l’écoute empathique

Accueillir une émotion par l'écoute empathique (s'ajuster et raisonner en termes de besoins)

Dans son livre Éduquer sans entraver : un outil à l’usage des professionnels de l’enfance et de l’adolescence, Célia Carpaye estime que l’écoute empathique se situe à deux niveaux :

  • dans l’infra verbal (qui s’inscrit dans une posture souple, un visage ouvert et détendu, des pieds bien ancrés dans le sol),
  • dans le verbal (les mots et les techniques d’écoute empathique).

L’écoute empathique, ce n’est pas prétendre qu’on a parfaitement compris l’autre ou lui faire sentir qu’on sait mieux que lui ce qu’il ressent (ni faire de la lecture de pensée). Il s’agit simplement de rejoindre l’autre dans ses ressentis corporels et émotionnels, dans ses pulsions motrices (envie de pleurer, de taper…). L’écoute empathique est “enveloppement, protection, accueil”.

3 manières de pratiquer l’écoute empathique

Célia Carpaye décrit plusieurs manières de pratiquer l’écoute empathique et active (active dans le sens où l’on est dans une démarche de recherche, de compréhension, de mise au jour de ce qui se passe à l’intérieur) :

  • le silence

Dans un premier temps, face à un enfant (mais aussi un adulte) qui semble avoir besoin de se confier, de pleurer, une présence silencieuse mais réelle peut suffire : hocher la tête, dire “hum” ou “oh, je vois”. L’écoute active se manifeste alors dans la qualité de la présence.

  • la reformulation

Reformuler les émotions et les pensées de l’autre, c’est paraphraser, redire, refléter comme un miroir. Cette reformulation permet à l’autre de se sentir réellement compris et d’approfondir sa réflexion, sa compréhension de ce qui est en jeu. La reformulation ne peut être efficace que si elle s’appuie sur une empathie sincère, une envie de rejoindre l’autre, une capacité à sentir intimement ce que la personne ressent (et ne pas simplement répéter ses mots comme un perroquet sans chair ni âme).

  • le questionnement

Le questionnement peut passer par des formulations du type :

    • J’ai l’impression que tu as peur/ que tu es en colère, c’est ça ?
    • Ce que tu veux dire, c’est que, quand tu as vu (observation), alors tu as ressenti (émotion) ?
    • Quand tu dis que…, c’est que tu t’es senti humilié/ incomprise ? Ou quelque chose comme ça ?

Le questionnement est particulièrement utile quand une personne émet des reproches ou des critiques et peut s’appuyer sur une description de ce qui semble déclencher les reproches (ex : Quand tu me dis que je suis méchante, tu parles du fait que je t’ai empêché de jouer à la console tout à l’heure ?). Cela permet à l’autre de clarifier son message et l’amène vers des éléments concrets comme base de recherche de solutions.

Il n’est pas toujours évident de savoir quelle attitude adopter et de repérer à quel moment la personne en face a besoin plutôt d’une écoute silencieuse ou plutôt de reformulations. Dans une même conversation, tout cela peut évoluer. – Célia Carpaye

S’ajuster et raisonner en termes de besoins

Face à une personne très en colère, il est inutile d’adopter un ton gentil et de lui dire “Oh, j’ai l’impression que tu es en colère, c’est ça ?” C’est non inapproprié du point de vue du ton et du besoin sous-jacent. Tout dépend du degré de confiance dans la relation, de la personnalité de l’enfant concerné, de celle des adultes, du contexte.

Célia Carpaye prend l’exemple d’une adolescente en furie qui hurle que tous ses profs sont des cons. Il ne s’agit pas de lui répondre par une reformulation déconnectée de la charge émotionnelle qu’elle met dans cette attitude (comme “Est-ce que tu veux dire que tu te sens en colère quand.. ?”. Il vaut mieux se focaliser sur les besoins d’écoute et d’empathie en s’isolant dans un endroit fermé et en lui tendant une chaise/ un mouchoir/ un verre d’eau. C’est en lâchant ce qu’on est en train de faire et en se mettant à sa hauteur qu’on construit un pont avec elle. Le silence accompagné d’une communication non verbale, c’est dire sans parole “Je t’écoute”. Dans un deuxième temps peut intervenir la reformulation : “Apparemment, tes profs sont tous des cons” ou, selon l’intensité de l’émotion qui est peut-être redescendue, tenter un “Tu sembles vraiment furieuse/ Je t’ai rarement vue furieuse à ce point”.

Une chose utile à garder en tête est que l’enfant a besoin d’exprimer quelque chose : pas de redirection du comportement sans connexion émotionnelle préalable.

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Éduquer sans entraver : un outil à l’usage des professionnels de l’enfance et de l’adolescence de Célia Carpaye (éditions ESF éditeur). Disponible en médiathèque, en librairie ou en ecommerce.

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