Quand un aîné est jaloux de son cadet et manifeste sa jalousie par de l’agressivité ou de l’insolence
La jalousie est un sentiment normal que l’on retrouve dans de nombreuses fratries. Elle se traduit par des phrases du type « c’est pas juste! », « il a eu plus de frites que moi » ou encore « c’est votre chouchou! » Dans son petit livre Mon aîné est jaloux, Nina Bataille propose aux parents de décoder cette jalousie et de voir la souffrance de l’aîné derrière : un enfant qui cherche de l’attention de manière détournée (“bêtise”, agressivité, insolence…) a besoin de relation et de réassurance sur l’amour que lui portent ses parents.
Par exemple, alors qu’un parent donne le bain au cadet, l’aîné s’apprête à dessiner sur le mur de la cuisine. Cet acte est clairement un signe. Par ce comportement, l’aîné peut signifier qu’il s’ennuie et/ou qu’il a besoin de se sentir vu, apprécié, aimé. Il est temps de lui manifester de l’attention aimante car l’attente a sans doute été trop longue.
L’écoute empathique : un miroir pour refléter les émotions de l’aîné jaloux qui souffre
Nina Bataille rappelle que le refus d’une émotion en augmente son intensité. L’écoute empathique consiste à respecter l’enfant et à refléter ses émotions comme un miroir (sans jugement ni censure ou encore analyse ou relativisation). Quand un enfant se sent réellement compris sans être l’objet de contrôle ou de censure, il peut lâcher ce qu’il a sur le coeur dans la sécurité d’être aimé et aimable malgré des émotions fortes et des paroles blessantes dites à l’égard des parents ou des frères et soeurs.
L’écouter vraiment, c’est chercher à comprendre ce qu’il ressent, en faisant taire son propre ressenti, pour être au plus proche du sien. La question à ne pas perdre de vue: que ressent-il, au-delà de ses mots? Et ensuite, comment faire? On se tait, on s’abstient de donner son avis, on lui « renvoie juste son émotion » comme un miroir réfléchissant, en reformulant ce qu’il vient de dire. Dès que l’enfant sent qu’il a « le droit » d’éprouver une émotion, quelle qu’elle soit, il devient alors capable d’aller de l’avant. Pas forcément tout de suite. Parfois, il lui faudra quelques minutes, quelques heures, mais il va pouvoir réagir, « repartir », au lieu de rester enfermé dans son problème. – Nina Bataille
Un enfant “difficile”, voire insolent, est en souffrance.
Les mots et les comportement des enfants sont comme des fenêtres sur leur monde intérieur (en l’occurrence leur mal-être). Ainsi, les actions, les réactions, les mots des enfants (ou leur absence de mots) nous donnent des informations précieuses sur leurs émotions, leurs besoins, l’adaptation (ou inadaptation) de leur environnement et la nature de leurs relations. C’est dans les moments où il se comporte mal, se montre difficile, voire rejette ses parent, qu’un enfant a le plus besoin de preuves d’amour.
Punir un enfant dit “agressif” ou “insolent“, envoyer un enfant “désobéissant” au coin ou promettre une récompense pour qu’un enfant se comporte “bien” ne traite pas les causes, simplement les symptômes.
Au contraire, l’enfant qui exprime sa jalousie a besoin de contact physique, d’attention, de relation, de jeux et de preuves d’amour pour se sentir apprécié et désiré dans la famille. Un temps de jeu, des câlins, un mot qui dit “je te vois” (exemple : “Hum, je vois que tu en as marre, tu aimerais que je m’occupe de toi”), une histoire lue juste tous les deux sont des preuves d’affection qui désamorcent la jalousie.
Une idée pour rassurer l’aîné sur le fait qu’il a été lui aussi désiré, choyé et aimé est de lui raconter l’histoire de son attente lors de la grossesse (les préparatifs de la chambre, les achats de puériculture…), l’histoire de sa naissance et toutes ses premières fois (dents, mots, premiers pas…). En effet, l’aîné voit de ses yeux tous ces éléments vis-à-vis de son cadet mais ne se souvient pas que cela en a été de même pour lui.
Accepter que l’aîné jaloux n’aime pas forcément son frère ou sa sœur
En tant que parent, nous avons tendance à vouloir apaiser la jalousie et à “imposer” des relations d’amour dans la fratrie (exemple : “Mais tu sais bien que tu l’aimes ton frère”, “C’est ta sœur, elle est petite mais tu l’aimes”). Vouloir convaincre, c’est chercher à imposer son point de vue d’adultes mais alors on ne tient plus compte de ce que son enfant ressent.
Paradoxalement, autoriser les enfants à se détester, c’est les aider à apaiser leurs émotions. Permettez-leur un espace d’expression de leur jalousie. Avec le plus de sincérité possible, lancez le dialogue: – « Je vois que tu es jaloux, c’est dur… » – « Tu voudrais avoir Papa et Maman pour toi tout seul ?» – Nina Bataille
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Source : Mon aîné est jaloux de Nina Bataille (éditions Larousse). Disponible en librairie ou sur les sites de ecommerce (en format ebook).
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