L’analogie du train pour mieux comprendre les émotions de nos enfants
Cette analogie peut paraître simple mais elle a des implications qui ne sont pas si faciles que cela à mettre en pratique dans notre quotidien de parents. Les émotions sont comme des tunnels et les enfants en proie à de émotions difficiles sont des trains qui traversent ce tunnel. Ils ont besoin de rester en mouvement tout le long de la traversée de ce tunnel pour atteindre la lumière et l’air frais au bout du tunnel.
Le problème est que nous, en tant que parents et adultes, avons du mal à laisser les enfants traverser le tunnel des émotions sans intervenir.
Par exemple, face à un enfant qui pleure parce qu’il a perdu son doudou, nous aurions tendance à le rassurer (en disant que ça va aller), à minimiser (en disant que ce n’est pas si grave, que le doudou n’est peut-être pas perdu), à proposer des alternatives (en amenant d’autres doudous de remplacement), à raisonner (en demandant à l’enfant de ne pas exagérer, que ce n’est qu’un doudou après tout).
La plupart du temps, quand un enfant est submergé par des émotions douloureuses (colère, peur, tristesse, honte…), nous avons tendance à vouloir utiliser la logique pour le ramener à la raison et pour montrer que nous, adultes, avons des solutions pour mettre un terme à ses émotions.
Or il apparaît que nos agissons souvent ainsi de manière à nous sentir nous-mêmes mieux. Les émotions difficiles de nos enfants nous paraissent tellement insupportables que c’est notre propre inconfort que nous voulons évacuer en bâillonnant les émotions des enfants.
C’est nous qui voulons qu’ils arrêtent de pleurer, de crier, de taper du pied, de se plaindre (pas eux).
Or, si on en revient à l’analogie du train et du tunnel, les émotions sont comme des tunnels et les enfants sont comme des trains en mouvement. Ils ont donc besoin de se laisser traverser par leurs émotions afin de rejoindre la sortie du tunnel. Si le mouvement de l’émotion est stoppé, la sortie du tunnel est retardée.
On ne peut pas échapper au fait d’entrer et sortir du tunnel. On aura beau vouloir prendre des sorties de secours, s’arrêter au milieu du tunnel et faire comme s’il n’y avait pas de tunnel ou se distraire de manière à ne pas penser à l’obscurité du tunnel (manger un glace, boire un verre de vin, faire du shopping…), celui-ci sera toujours là tant que la sortie n’est pas atteinte.
C’est seulement quand on se laisse traverser par l’émotion qu’on peut réellement sortir du tunnel et se sentir soulagé, libéré : crier, pleurer, s’effondrer de tristesse, courir, se défouler…
Il en va de même pour les enfants : il n’y a pas de contournement ni de sortie de secours au tunnel des émotions. La seule manière de se libérer d’une émotion est de se laisser traverser par elle.