Antidotes aux comportements agressifs des enfants (moins de 5 ans)

Dans son livre L’agressivité chez l’enfant de 0 à 5 ans, Sylvie Bourcier, éducatrice québécoise, rappelle que le fait d’apposer une étiquette à un enfant démontre l’impuissance de l’adulte à décoder les besoins de cet enfant. Dire d’un enfant qu’il est “paresseux” ou “méchant” a un effet renforçateur. L’enfant risque de s’efforcer à prouver que cette étiquette lui va comme un gant ou qu’il porte bien son surnom. Pourtant, avec de la persévérance et de la confiance dans le potentiel de l’enfance, il est possible de modifier la perception que l’enfant a de lui-même et de l’amener à se comporter différemment, c’est-à-dire de limiter les comportements agressifs.

Antidotes aux comportements agressifs des jeunes enfants

Être attentif à un comportement augmente la probabilité qu’il se répète.

L’attention qu’un adulte porte à l’enfant agit sur la manière dont cet enfant se comporte. Que cette attention soit positive (encouragements, remerciements, sourires…) ou négative (punition, menace, ultimatum…), elle va agir sur la fréquence et sur l’intensité du comportement sur lequel porte l’attention. Si on comprend que le fait d’être attentif à un comportement augmente la probabilité qu’il se répète, alors c’est très important de choisir les comportements qu’on veut consolider et développer chez les enfants.

Si on ne les souligne pas les comportements appropriés des enfants en pensant qu’ils vont de soi et qu’il ne faut pas trop féliciter les enfants au risque de trop les gâter, alors on ne renforce pas ces mêmes comportements. A l’inverse, on a plutôt tendance à accorder de l’attention aux comportements inappropriés parce que ces comportements sont dérangeants, irritants, sources de blessure et qu’ils empêchent la vie collective. Sylvie Bourcier écrit même que les adultes accorderaient de trois à cinq fois plus d’attention aux comportements dérangeants qu’aux comportements adéquats. (source : How to Promote Children’s Social and Emotional Competence. Paul Chapman Publishing Ltd., p.319) Les garçons qualifiés d’agressifs sont d’ailleurs plus punis que les autres enfants (filles et autres garçons non agressifs).

Ni punition ni menace pour rediriger les comportements agressifs des enfants.

Il est déconseillé de recourir à la punition pour éteindre les comportements agressifs des enfants jeunes. Sylvie Bourcier cite les conséquences néfastes des punitions, qu’elles soient psychologiques (chantage, infériorisation et culpabilisation) ou physiques (tape, mise au coin, tirage d’oreilles…) :

  • l’infériorisation et la comparaison agissent négativement sur la confiance en soi de l’enfant et sur son sentiment de sécurité;
  • le chantage affectif (je ne t’aime plus ou je ne t’aimerai plus) provoque chez l’enfant la peur d’être rejeté ou abandonné s’il n’obéit pas;
  • la culpabilisation («tu l’as fait pleurer, tu devrais avoir honte») insécurise l’enfant et l’enlise dans une relation qu’il perçoit comme étant fragile et sujette aux changements;
  • la punition corporelle provoque l’agressivité contre l’autre et contre soi (de l’autodestruction);
  • la punition physique confirme à l’enfant que l’usage de la force ou de la violence est un moyen efficace pour atteindre ses objectifs.

Pour aller plus loin : La punition est présentée comme la panacée éducative (mais est loin de l’être)

Remarquer et renforcer les comportements désirables permet à ces comportements de faire partie du répertoire comportemental de l’enfant.

En matière d’éducation, mieux vaut reconnaitre les comportements positifs et les efforts des enfants pour s’améliorer. Sylvie Bourcier témoigne de ce qu’elle a observé en milieu de garde (type crèches). Des équipes ont observé l’émergence de comportements dérangeants chez des enfants jusque-là bien adaptés au groupe, en réaction aux attitudes éducatives centrées sur les gestes répréhensibles. Un enfant non agressif peut en venir à reproduire des gestes inappropriés qu’il a remarqués chez des enfants qui bénéficient de l’attention des adultes précisément pour cette raison.

En effet, les programmes de répression des comportements négatifs (ceux centrés sur la punition ou le retrait) se sont avérés nettement moins efficaces que les programmes centrés sur la promotion des comportements positifs. Il est donc important d’apprendre à reconnaître les petits gestes que les enfants font et que l’on ne remarque pas puisque ce sont plutôt ceux qui nous dérangent qui attirent notre attention. – Sylvie Bourcier

Sylvie Bourcier admet que cette approche exige de l’observation, de l’attention et du temps. Ce renforcement positif peut prendre plusieurs formes :

  • un sourire,
  • un clin d’œil,
  • un mot de félicitations (les mots doivent décrire concrètement l’action de l’enfant et la satisfaction de l’adulte)
  • un signe de la main,
  • un applaudissement
  • vers l’âge de 4 ou 5 ans, on peut aussi promouvoir l’autofélicitation, comme « Wow, je vois que tu fais bien attention à… ! Et toi, es-tu content de… ?)

Les encouragements seront immédiats et autant que possible descriptifs, comme dans les exemples ci-dessous :

messages positifs renforcement positif

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A lire pour comprendre les comportements agressifs des enfants et se doter de pistes d’action pour canaliser et mobiliser positivement l’énergie des jeunes enfants : L’agressivité chez l’enfant de 0 à 5 ans de Sylvie Bourcier aux éditions CHU Sainte Justine (disponible en médiathèque, en librairie ou sur les sites de ecommerce).

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