Apprendre, c’est relier et délier. – Mme Bouysseapprendre c'est relier et délier

Dire qu’apprendre, c’est relier et délier est une manière métaphorique et philosophique d’exprimer la dynamique profonde de l’apprentissage. Cette formule met en lumière deux mouvements essentiels et complémentaires du processus d’acquisition de connaissances.

1. Apprendre, c’est relier.

Cela signifie établir des connexions entre :

  • Des idées : associer de nouveaux savoirs à ceux que l’on connaît déjà (construction de réseaux de sens).
  • Des disciplines : croiser des savoirs issus de domaines différents (ex. : relier les maths et la physique, l’histoire et la littérature).
  • Des expériences personnelles : faire le lien entre ce qu’on apprend et ce qu’on vit.
  • Des personnes : apprendre à travers l’échange, le dialogue, la collaboration.

Relier, c’est donc construire du sens en organisant les connaissances en un tout cohérent.

2. Apprendre, c’est aussi délier.

Cela signifie se détacher ou remettre en question :

  • Des idées préconçues, des préjugés, des croyances figées.
  • Des automatismes ou anciennes manières de penser.
  • Des liens inadéquats : corriger des erreurs ou des associations fausses.
  • Des modèles de pensée limitants, pour s’ouvrir à de nouveaux cadres conceptuels.

Délier, c’est faire preuve d’esprit critique, d’agilité mentale, et accepter de déconstruire pour mieux reconstruire. En complément, les neurosciences ont montré qu’apprendre, c’est inhiber.

L’inhibition cérébrale est la capacité à contrôler ou bloquer nos intuitions, nos habitudes ou nos stratégies spontanées. L’inhibition est un processus qui se déroule dans le cerveau quand des groupes de neurones relâchent des hormones inhibitrices qui nuisent à l’activation d’autres neurones. La région en question a plus de mal à s’activer ou ne s’activera pas du tout.

L’inhibition est surtout en lien avec les apprentissages difficiles. L’apprentissage ne se fait pas de manière linéaire (on passe d’un niveau 1 à un niveau 2 puis à un niveau 3) car certaines erreurs sont persistantes et il est nécessaire de développer l’inhibition cérébrale chez les apprenants pour que ces erreurs persistantes n’émergent pas à nouveau. En ce sens, apprendre, c’est aussi délier. 

Apprendre, c’est relier ce que l’on découvre avec ce que l’on sait déjà, et délier ce que l’on croyait savoir pour faire place au nouveau. Cette idée rejoint des approches éducatives modernes (comme celle d’Edgar Morin, qui insiste sur la complexité, l’interdisciplinarité, et l’esprit critique).