L’autodéfense mentale pour les femmes : prévenir les agressions et riposter

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Le livre Notre corps, nous-mêmes : écrit par des femmes, pour les femmes a été rédigé par un collectif de femmes : Thyna Akeno, Nana Kinski, Mathilde Blézat, Naïké Desquesnes,  Mounia El Kotni, Nina Faure, Hélène de Gunzbourg, Marie Hermann et Yéléna Perret. Dans cet ouvrage, les autrices consacrent un chapitre à l’autodéfense mentale que les femmes peuvent cultiver pour faire face aux agressions dont elles sont victimes.

Se donner le droit à la colère en tant que femme

Les autrices rappellent que les femmes doivent se (re)donner le droit à la colère. Elles écrivent que, pour prévenir les agressions, mais aussi pour les stopper quand elles ont lieu, il faut faire sauter les verrous de la colère féminine. Si les hommes avaient peur que les femmes défendent avec fermeté leurs limites et n’hésitent pas à leur faire mal, ils seraient sans doute moins enclins à la violence tant mentale que physique. La prétendue faiblesse des femmes est en partie, une construction sociale.  Les femmes peuvent reconnaître qu’elles accomplissent quotidiennement des tâches qui requièrent une grande force et de l’endurance (donner naissance, porter les courses et les enfants, bricoler, travailler…).

Nous avons appris à nous sentir illégitimes dans nos ripostes : se mettre en colère, crier, rugir, frapper, insulter, briser, faire un scandale, blesser, un public notamment, est mal vu pour une femme. […] Nous avons appris qu’il faut toujours sauver les apparences, rester calmes, douces et polies, nous tenir à distance de la vulgarité, du ridicule, de la violence et de tout ce qui pourrait être apparenté à de l’hystérie. – Notre corps, nous mêmes

La première étape pour reconquérir les bienfaits de la colère est l’autodéfense mentale qui permet de renverser cette construction sociale. L’autodéfense mentale suppose de se donner la priorité et de poser des limites, en écoutant son corps et sa colère. La colère est justement l’émotion qui indique une frustration, une injustice, un dépassement de limite et qui donne la force de protéger son intégrité (physique et psychique). Il est courant d’entendre dans des groupes de parole féministe ou des stages d’auto défense : “Je suis la personne la plus importante de ma vie”.

L’auto défense mentale déconstruit certains mythes de notre éducation et de notre culture et peut passer par des lectures et des discussions (ex : groupes de parole menés par des organisations féministes comme le Planning familial).

Savoir identifier une agression

Une agression est une agression, point à la ligne. Elle ne fait pas moins mal parce que la victime est susceptible, parce que l’agresseur a des problèmes, parce que les voisins pourraient avoir une moins bonne image de votre couple s’ils le savaient ou parce que c’est Noël. Une agression est une agression parce qu’elle fait ma, émotionnellement ou physiquement, et c’est une raison suffisante pour la stopper. – Irene Zeilinger

Les autrices de Notre corps, nous-mêmes citent les travaux de Irene Zeilinger pour savoir identifier une agression :

  • Reconnaître quand nos limites ont été dépassées en scrutant nos réactions :
    • comportementales (ex : rire nerveux, reculer, baisser les yeux, se figer,envie de pleurer…)
    • mentales (ex : incompréhension face à des mots ou gestes qui n’ont pas de sens de la part de l’autre, excuser ou justifier l’autre, banaliser ou nier les émotions ressenties comme la peur ou la tristesse, se déconnecter de la situation…)
    • émotionnelles (ex : peur, colère, dégoût, tristesse…)
    • physiologiques  (ex : noeud dans l’estomac, respiration accélérée, tension dans les muscles, mains moites, chair de poule…)

 

  • Se demander : est-ce que je ferais ça, moi ?

 

  • Se poser la question : si une copine me racontait qu’il lui était arrivé cela, qu’est-ce que j’en penserais ?

 

Se préparer mentalement à faire face à une agression

L’autodéfense mentale est utile même pour des femmes qui ont pratiqué des arts martiaux ou de la musculation et se pensent “protégées” de par leur force physique et leurs techniques. Pourtant, ces dernières peuvent aussi se trouver paralysées par des constructions intériorisées en tant que femmes (comme la peur de passer pour une hystérique).

S’entraîner mentalement est donc recommandé pour se préparer à se défendre en tant que femme. Il est possible de faire des exercices de visualisation qui consistent à se mettre mentalement en situation d’agression selon un scénario et à imaginer les différentes ripostes verbales, objets, portes de sortie ou encore tierces personnes pour s’en sortir. Ces exercices peuvent se faire en groupe afin de partager des idées et ripostes (notamment des répliques verbales efficaces pour dérouter ou désorienter les agresseurs).

 

Utiliser le corps efficacement

Pratiquer du sport peut aider à se réapproprier son corps en tant que femme. De nombreuses femmes ont été éduquées comme de “vraies” petites filles et ont été coupées de leurs capacités physiques. Les autrices regrettent que la période où les filles peuvent faire “exploser” leurs corps et piquer des sprints en jouant au foot à la récré est assez courte du fait des nécessités de l’apprentissage de la “féminité” construire socialement.

Par exemple, l’autodéfense verbale fonctionne mieux si l’intensité de la voix et la posture sont en accord avec le message à faire passer. Une erreur serait d’utiliser une petite voix douce accompagné d’un sourire poli pour dire “non”. Les stages d’autodéfense mentale proposent des exercices de respiration par le ventre en le gonflant qui permettent de donner la voix et de réduire le stress. Pour protéger la voix, mieux vaut sortir un son grave en ouvrant et arrondir la bouche.

Le langage non verbal est également important pour affirmer des limites : par exemple, se tenir fermement ancrée dans le sol, sur les deux jambes écartées dans l’alignement des épaules, en souplesse, le dos droit et les épaules légèrement en arrière. Utiliser le corps efficacement peut aussi passer par un “stop” verbal d’un geste de la main calme, bras à l’horizontale et paume relevée.

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Source : Notre corps, nous-mêmes : écrit par des femmes, pour les femmes de Thyna Akeno, Nana Kinski, Mathilde Blézat, Naïké Desquesnes,  Mounia El Kotni, Nina Faure, Hélène de Gunzbourg, Marie Hermann et Yéléna Perret (éditions Hors d’atteinte).

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