Les bébés aiment être portés parce qu’ils en ont besoin, non pas par caprice (et ce n’est pas une mauvaise habitude)

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Notre nature d’espèce portée et porteuse est incompatible avec l’idée de caprices ou de mauvaise habitude

Un bébé ou un enfant qui demande à être porté ne fait pas un caprice ou ne va pas prendre de mauvaises habitudes. Les bébés et enfants humains font partie d’une espèce portée et ont besoin de bras qui accueillent leurs émotions et les contiennent.

Un bébé humain naît “prématuré” par-rapport à d’autres mammifères et son évolution vers l’autonomie se fait sur un temps long. L’acquisition de compétences motrices, émotionnelles et cognitives s’étendant sur un temps long, la dépendance du bébé humain aux adultes est très élevée. Nos ancêtres devaient porter leur progéniture pour les protéger dans un environnement hostile.

Comme le suggère Portmann (1944/69), le nourrisson n’est pas nidicole de nature, mais notre société fait de lui un nidicole “culturel” (Peiper, 1950, 1955, 1961). Pourtant, du point de vue de la biologie du comportement, le bébé humain manifeste toujours son appartenance au type “petit marsupial”, qui a besoin de la présence physique proche de la personne qui prend soin de lui pour se sentir en sécurité. Cela signifie que les bébés humains sont faits pour être portés de manière prolongée et non pas laissés seuls dans un nid (ou un lit, une poussette, un transat…). Ce dont les bébés humains ont besoin prioritairement est de contact proximal (chaleur, toucher, peau à peau, bruit du cœur de l’adulte porteur, position fœtale et contact contenant) et de soutien émotionnel (respect des émotions, réponse aux pleurs, du temps, une présence attentive). Comme notre espèce n’est pas nidicole mais portée, le portage répond aux besoins physiologiques des bébés donc il est déplacé de parler de “caprice” ou de “mauvaise habitude”.

Parent comme enfant ont beaucoup à gagner dans le portage prolongé

Le contact des corps parent/ enfant permet de réchauffer le bébé et les parents ont autant à y gagner que les enfants. Le portage est une façon de vivre au quotidien avec son enfant. Un enfant sécurisé par le portage prolongé permet aux parents d’être eux-mêmes plus sereins. De plus, en ayant les deux mains libres, l’adulte peut vaquer à ses occupations.

Pour aller plus loin : Le fait de porter les bébés réduit la fréquence de leurs pleurs

Porter, c’est avoir un enfant qui est calme et qui pleure peu parce qu’il est rassuré par le corps. Porter, c’est aussi savoir en quelques instants quand un enfant a faim ou quand il a trop chaud. Porter, c’est permettre aux bébés de se développer de manière optimale tant au niveau de son crâne que de sa posture ou de sa régulation émotionnelle. Porter, c’est permettre à l’enfant de se faire confiance pour son sommeil. Garder un enfant tout contre soi permet de se sentir efficace. Le tout dans un minimalisme exceptionnel ! – Natacha Butzbach ( L’humain comme espèce portée | TEDxLaBaule 2019)

Grâce au portage prolongé, les bébés humains vivent des expériences sensorielles qui répondent aux attentes de leur continuum

Le concept de continuum

Jean Liedloff, conceptrice de l’idée de “continuum”,  définit le continuum humain comme “un enchaînement d’expériences qui correspondent aux attentes et tendances de notre espèce, dans un environnement de même logique que celui où sont nées ces attentes et tendances. Cela implique un comportement adéquat vis-à-vis des autres acteurs dans cet environnement et une attitude appropriée de ceux-ci envers nous.” Elle estime qu’un bébé continuum est emmené partout porté par sa mère idéalement, et toute autre personne de son entourage : il a beau être endormi la plupart du temps, il s’habitue aux voix des siens, aux sons de leurs activités, aux secousses, aux mouvements et aux arrêts inattendus.

La personne qui s’occupe de lui lui imprime sur le bébé continuum le rythme de son activité, de son confort et du cycle jour-nuit. Le bébé continuum a le loisir de s’habituer aux changements de texture et de température. Il est tenu par un corps vivant et se sent bien. Il vit des expériences aussi nombreuses que diverses.

Durant la phase dans les bras (que Jean Liedloff estime de la naissance à l’exploration à 4 pattes), un bébé emmagasine de l’expérience et apprend à quoi ressemble la vie.

Des expériences riches pour le bébé porté de manière fréquente et prolongée

Grâce au portage prolongé, les bébés humains vivent des expériences sensorielles qui répondent aux attentes de leur continuum :

  • contact de chaleur et de chair vivante (des mains qui touchent sa peau, la chaleur d’un corps humain)
  • expériences auditives (mélodies, voix des parents, sons du quotidien…)
  • expériences visuelles (les couleurs, les objets du quotidien, les mouvements des arbres…)
  • expériences tactiles (toucher les différentes textures…)
  • expériences olfactives (sentir les odeurs des parents, d’autres gens, sentir les odeurs du quotidien, de la maison, de dehors…)
  • mouvements (balancement, bercement…)

D’ailleurs, d’autres adultes que les parents peuvent porter l’enfant.

Choisir un porte-bébé physiologique

Tous les porte-bébés ne se valent pas. Les porte-bébés rigides, où le bébé est comme “suspendu” jambes pendantes, sans être bien maintenu contre le corps du porteur, cumulent les inconvénients :

  • pour l’enfant : dans ces modèles le bébé est dans une position dangereuse pour sa colonne vertébrale parce qu’il n’est pas en flexion, comme il l’était dans la position fœtale ;
  • pour le porteur : le poids de l’enfant tire sur le cou, les épaules et les reins.

Avec un porte-bébé physiologique où le bébé est bien maintenu contre le corps de l’adulte, son poids est mieux réparti, ce qui évite le mal au dos au porteur et un risque de mauvais développement de la colonne au bébé porté.

Les porte-bébés physiologiques ont leurs confort et inconfort et chaque parent pourra trouver parmi les choix proposés celui qui lui convient le mieux.