Catherine Gueguen (pédiatre) : La bienveillance est fondamentale pour l’enfant et l’adolescent !
Les bienfaits d’une éducation respectueuse et empathique validés par les neurosciences
Les découvertes sur le cerveau éclairent les conditions nécessaires à l’épanouissement des enfants.
Nos croyances éducatives nous ont conduits à penser que punir et humilier les enfants vont leur permettre d’avoir un “bon” comportement et de mieux apprendre (à l’école notamment).
Selon Rebecca Waller (chercheuse à l’université d’Oxford), les éducations punitives et sévères ont un but contraire à celui recherché par les adultes :
- elles rendent les enfants insensibles,
- elles coupent les enfants de leur empathie naturelle,
- elles conduisent souvent à des conduites anti sociales (agressivité, délinquance, vol…).
Le cerveau de l’enfant est beaucoup plus malléable, fragile et immature que nous ne le pensions. Chaque expérience relationnelle va modifier en profondeur les neurones et les circuits cérébraux, et même l’expression de certains gênes.
Les recherches en neurosciences affectives et sociales confirment qu’une relation empathique, aimante et soutenante est fondamentale pour l’évolution optimale du cerveau de l’enfant :
- connaître ses émotions
- réfléchir aux conséquences de ses actes sur autrui
- faire preuve d’empathie
- coopérer et aider
- s’engager dans l’apprentissage
- éprouver le plaisir de vivre
C’est à cette condition que l’enfant est capable de déployer toutes ses capacités affectives et intellectuelles.
Les étapes du développement émotionnel du cerveau des enfants
Beaucoup d’adultes voudraient qu’un enfant de 2/3 ans soit aussi raisonnable qu’un adulte. Or l’enfant de cet âge-là est soumis à des tempêtes émotionnelles dû à l’immaturité biologique de son cerveau. Les chagrins, les colères, les décharges émotionnelles ne sont pas des caprices. En dessous de 5 ans, le cerveau archaïque et émotionnel domine l’enfant. Le cerveau rationnel ne commence à maturer qu’entre 5 et 7 ans en fonction de l’attitude bienveillante des adultes.
Le cerveau rationnel se trouve dans le cortex orbito-frontal (au niveau du front). Il est essentiel car il :
- régule les émotions
- permet de faire preuve d’empathie
- donne le sens moral
- permet de faire des choix
L’insécurité et la non satisfaction des besoins physiologiques et affectifs fondamentaux des enfants conduisent à trois réactions instinctives possibles, dictées par le cerveau émotionnel :
- l’attaque
- la fuite
- la sidération
L’enfant n’est pas méchant mais il est dominé par son cerveau archaïque et émotionnel.
Quand l’enfant est laissé seul avec ses peurs et son stress, son organisme sécrète des molécules de stress : le cortisol. Quand le cortisol atteint un taux élevé et/ou prolongé, il devient toxique pour le cerveau fragile de l’enfant. Le cortisol peut même détruire des neurones.
Le cercle vertueux du maternage et de la bienveillance
Chaque fois que l’adulte apaise et comprend l’enfant par des mots et des gestes calmes, il fait maturer le cerveau de l’enfant et renforce la confiance en soi de l’enfant.
L’empathie et la bienveillance ne sont pas pour autant synonymes de laxisme. L’adulte donne des repères avec empathie, sans humilier ou poser des étiquettes sur l’enfant en soi (“tu n’es pas gentil”, “tu es paresseuse”, “tu es égoïste”…).
Je ne suis pas d’accord quand tu dis ou fais cela et tu vas apprendre à faire autrement. Je te fais confiance.
A tout âge, les enfants ont besoin d’être rassurés, consolés, compris, soutenus, accueillis. Les hommes sont capables tout autant que les femmes de faire preuve de bienveillance.
Le maternage et la bienveillance ont des effets physiologiques sur les enfants : ils déclenchent la sécrétion d’ocytocine, hormone du bien-être. L’ocytocine est à la base des mécanismes de l’empathie et de l’altruisme : c’est l’hormone du lien avec les autres. L’ocytocine est accompagnée de la production d’autres molécules dans l’organisme :
- la sérotonine : c’est l’hormone du calme et elle stabilise l’humeur
- la dopamine : c’est l’hormone de la motivation, du plaisir de vivre et de la créativité
- les endorphines : elles procurent une sensation de bien-être
L’empathie se transmet : à chaque fois que l’enfant reçoit de l’empathie, il sécrète de l’ocytocine qui lui permet à son tour d’être empathique et affectueux.
Moins on reçoit d’empathie, moins on a d’ocytocine dans l’organisme, moins on est capable d’empathie.
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Catherine Gueguen est l’auteure des deux livres :
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Source : Université des Colibris – Mooc Education : Comment améliorer l’éducation autour de moi ?