L’accompagnement émotionnel des femmes enceintes est bénéfique.

Faire des choix réellement éclairés en matière de naissance

Le rôle des doulas

Dans son livre Fronts de mères, Frédérique Horowitz rappelle que le terme “doula” a été remis au goût du jour dans les années 1970 par des chercheurs qui ont étudié les bénéfices de la présence d’une figure maternelle non médicale auprès des femmes pendant la grossesse et l’accouchement. Les résultats de ces études ont montré que les césariennes et les recours à la péridurale sont en baisse, de même que les dépressions post-partum, quand un accompagnement émotionnel de la maternité est proposé. Le doulas ne sont pas des sages-femmes et ne pratiquent aucun examen (pas de toucher vaginal par exemple). Elles ont un rôle de soutien des femmes enceintes dans une vision où l’être prime sur le faire.

Frédérique Horowitz, elle-même doula, estime qu’une femme qui donne naissance se sent plus forte, plus confiante, quand elle est soutenue par quelqu’un qui la connaît et qu’elle connaît dans un rapport de confiance mutuelle.

Cette place de doula est relativement rare et parfois décriée par le monde médical parce qu’elle ouvre une brèche dans le système de naissance qui a troqué du confort contre la liberté des femmes qui donnent naissance.

Sortir d’une vision purement technique de l’accouchement

Selon Frédérique Horowitz, les femmes en âge de procréer aujourd’hui ont intégré deux données dans une “culture obstétricale où le temps, c’est de la peur” :

  1. “en aucun cas,  je ne dois ressentir de trop fortes douleurs”;
  2. “je m’en remets à ceux qui savent mieux que moi ce qu’il faut faire , ils prennent les décisions et en portent seuls la responsabilité”.

Frédérique Horowitz regrette que la péridurale (entre autre acte obstétrical) soit effectivement bienvenue (et même parfois réclamée malgré une envie de s’en passer) du fait que les conditions d’accouchement en maternité soient telles qu’il est impossible à une femme de rentrer dans sa bulle, dans la planète “j’accouche”, d’aller au fond d’elle-même trouver des ressources internes sans être en permanence interrompue. Les bruits, les questions, les interruptions, les lumières vives, le défilement de personnel inconnu ramènent les femmes qui accouchent à leur mental et à leur peur, alors que les conditions d’un accouchement physiologique sont contraires à tout cela.

Frédérique Horowitz a accompagné de nombreuses mères en tant que doulas et elle relate plusieurs récits de naissances dans son ouvrage (dont ses propres accouchements). Elle estime que les femmes qui enfantent librement ont la foi en leur corps, en leur force personnelle, ont confiance dans le pouvoir intrinsèque de leur corps. Ces femmes retirent de leur enfantement une force et une confiance en elles-mêmes qui les “modifient en profondeur et durablement”.

Faire des choix réellement éclairés en matière de naissance

Il apparaît ainsi important de pouvoir faire des choix réellement éclairés en matière de naissance. Il ne s’agit pas ici de remplacer une injonction par une autre en imposant l’accouchement à domicile ou en maison de naissance, sans péridurale comme ce qu’il faut faire mais d’ouvrir un champ des possibles qui peut être exploré avec des informations fiables et parfois peu accessibles. Il ne s’agit pas non plus de juger les femmes qui préfèrent accoucher sous péridurale ou d’imposer un appel à la “nature” qui ferait forcément bien les choses (on sait bien que ce n’est pas toujours le cas et je l’écris avec d’autant plus de conviction que ma fille a passé 1 mois en néonat après une naissance prématurée).

Faire un choix réellement éclairé peut passer par le fait de :

  • lire les rapports de l’HAS (Haute Autorité de Santé), au sujet des recommandations pour les accouchements (comme “Éviter la surmédicalisation dans le cadre d’un accouchement normal”, rapport de la Haute Autorité de Santé, 2018)
  • s’informer sur les conditions de la naissance respectée et de l’accouchement physiologique (notamment via les travaux de Michel Odent ou, de manière plus accessible, via la BD de Lucile Gomez La naissance en BD)
  • contacter une doula pour un accompagnement émotionnel
  • formuler un projet de naissance
  • se renseigner sur la présence à proximité  d’une maison de naissance ou d’une maternité avec plateau technique
  • prendre contact avec une sage-femme qui pratique les accouchements à domicile (AAD) si ce projet d’AAD est envisagé
  • se renseigner sur les violences obstétricales pour comprendre ce qu’elles recouvrent et pouvoir mieux s’en prémunir (et/ou mieux se relever du traumatisme avec une prise de conscience de la réalité).

Lire aussi : Accoucher en maison de naissance ou en maternité ? 3 spécificités des maisons de naissance

Frédérique Horowitz nous invite à nous imaginer qu’un génération entière naisse sans violence ni peurs inutiles, de mères fortes parce qu’elles auront été écoutées, respectées, rassurées et renforcées dans leur confiance en elles-mêmes.

Autrefois, les femmes accouchaient naturellement, mais dans la peur, la soumission et l’obscurantisme. Les conditions d’hygiène et de santé étaient telles que de nombreuses femmes et de nombreux bébés mourraient lors de la naissance ou dans leurs premiers mois de vie. Aujourd’hui, nous avons atteint un tel niveau technique que le nombre de nouveaux-nés sans vie ou handicapés à cause d’un accouchement difficile est très bas. […] Nous avons aujourd’hui l’opportunité de prendre le meilleur de ce que nous avons expérimenté au cours des siècles. Nous sommes bien nourries, bien soignées, bénéficions d’un suivi médical optimal avec une sage-femme, et surtout nous comprenons le processus de la naissance, ce savoir accessible à toutes. Nos grands-mères n’avaient aucune de ces chances, nous les avons toutes. – Frédérique Horowitz

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Source : Fronts de mères de Frédérique Horowitz (éditions Le Hêtre Myriadis). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet (site de l’éditeur).

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