L’isolement (le “coin”) est inefficace et nocif dans l’éducation des enfants

coin éducation enfants

Dans son livre Jouer, grandir, s’épanouir, Deborah Macnamara, spécialiste de la théorie de l’attachement, estime que la discipline de l’isolement (le “coin“) basée sur la séparation de l’enfant avec ses parents est vue comme une alternative “bientraitante” aux punitions et aux coups (fessée, claque, tirage d’oreille…). Pourtant, Deborah Macnamara regrette que son effet sur l’attachement ne soit pas pris en considération dans ce type de raisonnement.

Quand un jeune enfant est préoccupé à être bon pour éviter la séparation de ce à quoi il tient le plus, il lui reste moins d’énergie à investir pour devenir qui il est. – Deborah Macnamara

Deborah Macnamara définit les pratiques disciplinaires basées sur la séparation comme :

  • les périodes de retrait (le “coin” en français ou “time out” en anglais),
  • les périodes d’isolement,
  • le fait de feindre ou de menacer de laisser l’enfant,
  • le retrait de l’affection et de l’amour,
  • le fait d’esquiver/ ignorer l’enfant.

L’isolement ou le coin ne permettent à l’enfant ni de réfléchir ni de se calmer

L’isolement ou le coin consistent à supprimer le contact et le lien, de façon à mettre la pression sur l’enfant pour qu’il se plie aux attentes et aux demandes. Certaines personnes affirment que les enfants ne sont pas punis mais invités à se calmer et à “réfléchir” et donc qu’ils construisent des compétences émotionnelles et relationnelles par l’isolement forcé.

Or l’attachement est le plus grand besoin de l’enfant. Par conséquent, la séparation (ou la simple menace de séparation) peut profondément affecter un enfant : il ne se calme pas, son cerveau est submergé par les hormones de stress à tel point qu’il est sidéré et/ou finit par se résigner.

Par ailleurs, quand l’invitation au contact et à la proximité avec un parent est subordonnées à une performance ou un comportement (l’amour conditionnel), cela peut créer, chez l’enfant, un profond sentiment d’insécurité. L’enfant est privé de sa sécurité physique et affective qui sont pourtant le socle de son développement harmonieux.

Comme un parent me l’expliquait : « J’étais perturbée quand j’ai appris au sujet de l’insécurité qui vient quand un enfant doit être bon pour garder son attachement avec l’adulte qui en est responsable. Il n’a plus le luxe de vouloir être bon. Il est réellement placé dans une situation où il doit garder la relation intacte pendant qu’il s’efforce à conserver l’attachement. »- Deborah Macnamara

L’enfant sous stress n’est pas capable de réfléchir

Les personnes (parents et professionnels) qui font la promotion de l’utilisation de l’isolement forcé et du coin utilisent l’argument selon lequel les jeunes enfants réfléchissent à leurs actions quand on les isole ou les envoie réfléchir.

Pourtant, la capacité de réflexion n’existe pas chez un enfant avant l’âge de cinq à sept ans.

De plus, quand les enfants sont isolés, ils sont souvent bouleversés, avec une augmentation de l’alarme (= stress) et de la frustration, laissant peu de place pour penser à quoi que ce soit d’autre.

En effet, les neurosciences affectives sont unanimes à ce sujet : le stress empêche les apprentissages (quelle qu’en soit leur nature : apprentissage émotionnel, relationnel, académique…).

L’enfant sous stress ne se calme pas, il est sidéré

L’isolement forcé et le coin sont parfois vus comme des façons de calmer un enfant et de lui permettre d’augmenter sa maîtrise de soi.

La raison pour laquelle certains enfants (pas tous) semblent calmes après une telle période est que leur système d’alarme/ de stress appuie sur leurs émotions pour les refouler afin que les enfants puissent retourner dans leurs relations avec les adultes.

La menace ou l’usage de pratiques basées sur la séparation va augmenter la quête d’un enfant pour le contact et la proximité avec un adulte. Il fera à peu près n’importe quoi pour remplir l’écart dans sa relation avec l’adulte près de lui, aux dépens de sa dignité et de son intégrité. Cela, oui, mène à un bon comportement, mais à quel prix pour l’enfant et pour la relation ? – Deborah Macnamara

Quand les enfants semblent se moquer des punitions et des menaces de séparation

Deborah Macnamara tente de répondre à la question suivante : Comment comprendre les enfants pour qui les périodes de retrait ou d’isolement ne donnent rien ?

Selon elle, la discipline basée sur la séparation et l’isolement ne fonctionne que lorsqu’il y a un attachement en jeu auquel l’enfant tient. Si l’enfant n’est pas attaché à l’adulte qui utilise ce type de méthodes, cela peut augmenter la probabilité des comportements de contre-attaque.

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Source : Jouer, grandir, s’épanouir de Deborah Macnamara (éditions Au Carré – version numérique). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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