L’écoute empathique apaise les enfants en colère, apeurés ou tristes.

L'écoute empathique apaise les enfants en colère, apeurés ou tristes.

Dans son livre Le Cerveau de l’enfant expliqué aux parents, Álvaro Bilbao (neuropsychologue espagnol et docteur en psychologie) écrit que l’empathie permet de connecter le cerveau rationnel (qui réfléchit et planifie) au cerveau émotionnel de l’enfant (qui déclenche des réflexes instinctifs comme la fuite ou l’attaque). Quand on aborde le sujet de l’écoute empathique, il est important de comprendre que toutes les émotions sont importantes et précieuses. En ce sens, on pourrait même dire que toutes les émotions sont positives, puisqu’elles portent des messages utiles au service de la vie. Toutes les émotions ont leur place dans le monde des enfants (colère, peur, tristesse, honte, déception mais aussi euphorie, excitation ou fierté). Par exemple, la colère intense aide à lutter pour la survie (et donc à attaquer dans une situation où l’intégrité physique ou morale est menacée), la frustration prédispose à faire mieux la fois suivante pour s’améliorer et la tristesse peut aider à mieux percevoir la beauté du monde.

Écouter l’enfant avec empathie l’aidera à identifier ses sentiments et à améliorer son intelligence émotionnelle. L’empathie est également un outil utile pour aider l’enfant à faire face à tout ce qui arrive et à se calmer dans des situations où il se voit submergé, débordé par l’angoisse, la colère ou la frustration. Une réponse empathique peut aider à calmer les émotions intenses quand un enfant est incapable de le faire par lui-même. – Álvaro Bilbao

Álvaro Bilbao formule 3 conseils pour écouter avec empathie les enfants en proie à des émotions fortes afin de créer des relations de qualité avec eux et de les aider à gagner en autorégulation. Cette écoute empathique permet à l’enfant se sentir réellement compris et vu tel qu’il est puis d’être plus réceptif aux remarques des autres autour de lui.

3 conseils pour pratiquer l'écoute empathique avec les enfants

1.Se caler sur la fréquence et l’intensité

Afin de cultiver des relations de qualité avec les enfants, il est aussi important de se brancher sur la fréquence émotionnelle de leurs émotions (la nature de l’émotion), comme leur intensité (la rage n’étant pas la même chose qu’une impatience).

Face à un enfant inconsolable (même pour une raison que nous estimons futiles telle que la perte d’une carte Pokemon), il est inutile de lui dire qu’il semble “en colère”. En effet, ses émotions sont plutôt de l’ordre d’une forte tristesse. Reconnaître qu’il doit se sentir « très très triste » en offrant une étreinte qui contient le chagrin (si l’enfant accepte d’être touché) sera plus utile pour que l’enfant s’ouvre et s’apaise.

Exemples :

  • Un enfant pleure depuis 5 minutes parce qu’il voulait aller au parc mais la pluie l’en empêche. Il est possible d’accompagner ses pleurs par des mots du type : « Oh, tu es tellement déçu, archi déçu ! Tu avais tellement envie d’aller au parc ! »
  • Un enfant vient d’adopter un escargot comme animal de compagnie et le présente à toute la famille avec enthousiasme. Dire à cet enfant qu’il a l’air content ne reflète pas l’intensité de ses émotions. Des adultes se connecteront mieux avec lui s’ils s’exclament avec effusion : « Wahou, tu es tout excité, on dirait ! Il est trop chouette ton nouvel animal de compagnie ! »

2.Dans les mots, mais pas seulement

Álvaro Bilbao rappelle que l’empathie ne se reflète pas seulement dans les mots que nous prononçons. Un accueil empathique des émotions d’un enfant apeuré, triste ou en colère peut passer par un regard chaleureux, une caresse, un baiser ou un câlin qui signalent une compréhension. Il est possible d’accompagner un enfant qui vit une difficulté par une démonstration physique d’affection. Toutefois, on peut garder en tête deux éléments :

  • le consentement (si l’enfant n’aime pas être approché ou manifeste son refus d’être touché, inutile d’insister ou de le forcer mais laisser une porte ouverte en disant qu’on reste disponible s’il en a envie plus tard);
  • le fait de pas empêcher les mouvements de décharge de la colère ou ne pas influencer dans la retenue des larmes. Ce dont un enfant en crise a le plus besoin est à la fois d’action (pouvoir bouger, pleurer, fuir, s’isoler) et de relation (présence non jugeante ni intrusive d’une personne qu’il aime).

Exemple :

  • Quand un enfant rentre triste de l’école, on peut décrire avec des mots ce qu’on voit sur son visage et lui proposer (sans lui imposer) un câlin ou un bisou : « Ça a l’air d’être un sacré chagrin. Je te vois avec un visage plein de tristesse. Ça t’aiderait un gros câlin ? »

3.Se déconnecter du monde adulte et de nos préjugés 

Pouvoir être en empathie avec un enfant nécessite d’échapper à nos idées reçues, nos croyances rigides et à nos préjugés.

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Mettez-vous à la place de l’enfant, pénétrez son esprit infantile pour essayer de penser comme lui. Comment vous sentiriez-vous si vous étiez à sa place. Prenons un exemple : essayez d’imaginer comment vous réagiriez si la personne que vous aimez le plus au monde – votre mari ou votre femme – passait des moments intimes avec quelqu’un comme vous, mais plus jeune et plus tendre, toutes les nuits. C’est sûrement ainsi que réagira l’enfant qui découvre que sa mère – la personne qu’il aime le plus au monde – passe maintenant plus de temps avec son frère, un nouveau-né. Ne pensez-vous pas que vous le détesteriez aussi un peu ? – Álvaro Bilbao

Exemple :

  • Si un enfant déclare qu’il déteste son frère ou sa soeur, les parents peuvent reconnaître sa souffrance : « Ça te manque que maman passe moins de temps avec toi. C’est ça ? »

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Source : Le Cerveau de l’enfant expliqué aux parents de Álvaro Bilbao (éditions Odile Jacob). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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