1. Commencer par identifier et compléter les manques
La méthode des petits pas (ou kaizen) part du principe qu’on peut toujours décomposer une tâche difficile en petites taches simples. Ainsi, il sera rassurant pour l’enfant de ne pas tout reprendre à zéro et de repérer que certaines connaissances utiles sont déjà en place.
Cela peut passer par des questions de votre part :
qu’est-ce que tu as en mémoire ?
qu’est-ce que tu sais déjà sur le sujet ?
Cette approche peut aider dans la mémorisation par coeur : ainsi, l’apprentissage des tables de multiplication peut paraître insurmontable mais il est fort probable que l’enfant en connaissent déjà certaines (la table de un, de deux et quelques opérations qu’il aura retenues à force de manipulation par exemple). Il suffit donc d’identifier les tables non sues et de ne travailler que celles-ci. Un planning d’apprentissage pourra être mis en place sur quelques jours ou semaines afin d’apprendre deux ou trois tables par jour.
De même, il est plus efficace de lire quand on sait ce qu’on cherche : si l’enfant connaît le “trou” à combler, il aura un projet de lecture avant d’attaquer un document ou une leçon
2. S’appuyer sur les connaissances existantes
Pour rendre l’enfant acteur de ses apprentissages et que les devoirs soient efficaces dans la consolidation et la mémorisation des notions vues en classe, on peut guider l’élève vers la réponse en s’appuyant sur les ressources qui sont déjà dans sa tête.
Plutôt que donner une réponse toute faite, il est possible de répondre par des questions aux questions :
qu’est-ce qui te manque pour répondre ?
où penses-tu trouver cette information ?
à quel moment en avez-vous parlé en classe ?
avez-vous fait un exercice qui s’y rapporte et sur lequel tu pourrais t’appuyer ?
avez-vous lu un texte/ regardé une image qui s’y rapporte en classe ?
En laissant l’opportunité à l’enfant de trouver par lui-même les réponses à ses questions, non seulement il sera fier mais l’apprentissage sera d’autant plus efficace. En effet, les neurosciences ont montré que les émotions positives influencent positivement les apprentissages.
3. Imaginer les questions qui seront posées : un “pont vers le futur”
Il est important de préparer l’enfant maintenant à répondre à demain : à quel moment sera-t-il important que je m’en souvienne ?. Et cela pour deux raisons :
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la visualisation
Une fois en situation de restitution, il pourra faire revenir les éléments appris/ mémorisés en pensant au lieu et au moment où il l’a apprise, à ce qu’il a fait à ce moment là.
Pour que cette approche soit encore plus efficace, vous pouvez travailler de manière inhabituelle : à vélo, en jouant des scènettes (j’ai récemment rejoué la scène où le vassal prête serment au seigneur en jurant sur les reliques avec mon élève de 5°), en montant et descendant les escaliers…
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la mise en projet
L’enfant apprendra avec le projet de réciter/ restituer en classe en présence de ses camarades et selon les exigences de l’enseignant.
Vous pourrez par exemple commencer par poser des questions sur un paragraphe l’un après l’autre, puis des questions couvrant plusieurs paragraphes et enfin un chapitre entier, des questions de cours “par coeur”, des définitions, des commentaires de texte ou encore des QCM (selon les habitudes et exigences de l’enseignant).
Faire un pont vers le futur pour une matière qui vient d’être étudiée fonctionne comme un message à l’inconscient à qui on demande de faire le lien entre cette nouvelle connaissance et différents contextes.”
Le pont vers le futur constitue une “opération associée (comme si on y était)”. Elle prépare à réutiliser l’information, à la fois cognitivement et émotionnellement (réduction du stress).
4. Construire la pensée
Certains élèves ont du mal à se détacher du “par coeur” pour appliquer leurs connaissances aux exercices ou pour répondre à des questions nécessitant synthèse et reformulation.
Dans ce cas, deux approches peuvent être complémentaires :
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pour libérer l’expression
Il s’agit de travailler l’expression orale de l’enfant : cela peut passer par des échanges quotidiens sur ce qu’il a vécu, ce qu’il a vu ou lu. Il s’agira pour lui de raconter avec ses mots mais de manière structurée un film, un livre, sa journée… Mais il devra faire l’effort de s’exprimer dans un français communicable et vous devrez lui demander de répéter ou d’expliquer chaque fois qu’il cherchera à parler par des gestes, par des expressions inappropriées, chaque fois qu’il diras “tu vois ?”, chaque fois qu’il fera preuve de connivence.
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pour inventer un film à partir des connaissances apprises
L’enfant devra alors imaginer des images, se créer des illustrations des mots qu’il a appris, peut-êtres des paroles (mais le film peut aussi être muet), il pourra être acteur de ce film (se déplacer, faire des gestes, écrire en l’air, utiliser des objets comme symboles, parler…). Vous vérifierez que tous les mots importants sont présents et lui demanderez d’utiliser ce film pour répondre à vos questions. Il aura le droit de bouger, de se parler, de parler à voix haute même, de fermer les yeux… tout ce qui compte est la restitution.
5. Apprendre à regarder
Beaucoup d’enfants n’accordent pas d’importance aux illustrations et graphiques présents dans les manuels (je le constate avec mon élève de 5°). Or ces illustrations sont de vraies sources d’informations, non seulement pour mieux comprendre une notion mais aussi pour répondre à des exercices. Je demande régulièrement à mon élève :
où peut-on trouver des infos complémentaires ?
as-tu observé l’ensemble des éléments présents sur la page ?
qu’as-tu appris dans les illustrations ?
que t’apporte le titre de ce graphique ?
Il conviendrait d’apprendre aux enfants à observer et à décrire en dehors du travail scolaire. Cela peut se faire au cours d’une balade en forêt où vous pourrez vous-même décrire ce que vous voyez, sentez, entendez, touchez… L’idée est de contempler et de saisir les détails, les nuances, l’impression d’ensemble et les sous parties de l’ensemble. Petit à petit, l’enfant prendra part à cette description et exercera sa capacité à observer puis à rendre compte de ce qu’il voit.
6. Faire confiance au ressenti
Le canal des sensations nous permet de repérer une erreur. Devant une erreur ou un doute, on ressent une sensation désagréable : on sent que c’est juste. Vous pouvez donc inciter l’enfant à “sentir si c’est juste”.
En cas de doute, incitez le à écrire toutes les réponses possibles et à les passer au scanner “anti doute” :
laquelle sens-tu le mieux ?
7. Planifier l’étude et les révisions
Toute information non utilisée est oubliée après un certain temps. Pour qu’une information reste constamment accessible en mémoire longue (et c’est le cas pour les élèves préparant le brevet, le bac ou des concours d’entrée dans de grandes écoles), il faut donc :
- réellement utiliser l’information (par exemple, en faisant des exposés régulièrement, en lisant des livres en rapport avec le thème ou en parlant/écoutant la langue).
- réviser régulièrement l’information : selon Tony Buzan, le concepteur de la Mind Map, une séquence temporelle idéale serait
- sur une journée :
- 1 heure d’étude (cela peut passer par la transformation de la leçon en Mind Map)
- 10 minutes de pause
- 10 minutes de première révision
- deuxième révision de 10 minutes en fin de journée (avant de dormir par exemple pour compter sur le sommeil)
- dans la semaine :
- troisième révision
- dans le mois :
- quatrième révision
- dans les 6 mois :
- cinquième révision
- entre les 6 mois et l’examen ou le concours :
- sixième révision.
- sur une journée :
Les neurosciences ont montré que la récupération est capitale pour la mémorisation. Elle peut s’effectuer sous forme de questions. sous forme de tests par exemple. Vous pouvez donc aider votre enfant en ce sens à chacune des étapes de cette séquence temporelle car l’interrogation régulière des élèves sur le contenu du cours donne de meilleurs résultats qu’un apprentissage « par cœur ».
Pour des révisions et une mémorisation encore plus efficaces, je vous propose de compléter avec cet article : 10 méthodes pour réviser, mémoriser et apprendre efficacement
Sources :
La lettre d’Initiative et Formation n°111 (novembre 2014)