Comment aider un enfant à avoir moins peur ?
Lawrence Cohen, psychologue pour enfant, parle du Système de Sécurité dont la nature a doté les humains pour les protéger du danger. Le fait de nier l’émotion de peur permet de supporter l’expérience difficile, mais pas de remettre à zéro le Système de Sécurité. Il est plus efficace de nommer et décrire les émotions ressenties : « oui, c’est vrai, ça fait peur », « je vois que tu trembles de peur ». Quand on accepte de ressentir les émotions, elles passent comme des vagues. Un enfant qui tolère l’émotion de peur a moins de chance de se faire déborder par elle.
Pour aider les enfants à avoir moins peur, Cohen propose de leur expliquer les bases du Système de sécurité (alerte, alarme, évaluation, fin d’alerte). Montrer comment fonctionne le système de la peur peut être complété par des exercices de respiration ample, du dessin ou de l’écriture pour mettre à distance la peur, par des jeux de bagarre pour redonner du pouvoir personnel à l’enfant qui a peur. Ces stratégies aident les enfants à quitter leurs pensées anxieuses pour réintégrer leurs corps et, in fine, avoir moins peur.
Ressentir la peur et, en même temps, affronter le danger pour avoir moins peur
Pour aider un enfant à avoir moins peur, Lawrence Cohen conseille par ailleurs de promouvoir la tolérance de l’incertitude, du risque et de l’inconfort (Braver-ressentir, contre l’évitement, le débordement et le serrage de dents)
Braver-ressentir
Nous affrontons la situation effrayante et éprouvons les émotions qu’elle éveille.
Lawrence Cohen écrit que pour aider les enfants à apprivoiser leur anxiété, nous pouvons les encourager à passer davantage de temps dans la zone du Braver-ressentir (notamment via du réconfort pour les enfants qui sont englués dans la zone s’effondrer ou serrer les dents ou via un petit coup de pouce pour les enfants qui n’arrivent pas à sortir de l’évitement). Les êtres humains neutralisent leur anxiété grâce à la sécurité émotionnelle et la sûreté fournies par le contact humain.
Eviter
Eviter, c’est rester à distance de la situation qui fait peur, c’est ensevelir une pensée ou une émotion désagréable. L’absence d’anxiété signe le « succès » de l’évitement. Mais éviter, c’est aussi manquer une occasion de vivre quelque chose et se priver du sentiment d’avoir accompli quelque chose de grand, d’avoir surmonté un défi, d’avoir appris quelque chose. On évite non seulement l’action ou la chose qui fait peur, mais également une expérience nouvelle bénéfique pour notre sentiment de sécurité.
S’effondrer/ déborder
Quand l’effort pour éviter une situation ou une chose qui fait peur est un échec, l’émotion de peur déborde. Elle nous emporte, nous submerge et finit par nous contrôler, nous écraser. On perd le contrôle, on n’est plus soi.
Serrer les dents
Nous abordons la situation soit de notre propre chef, soit parce que quelqu’un nous y force. Cette approche nous coupe de nos émotions, de ce qui est vivant en nous. On serre les dents, les poings, les muscles et on se cramponne à tout ce qu’on peut, on retient notre respiration.
Si nous devons traverser une épreuve une seule fois, serrer les dents peut être efficace. Comme l’évitement, utilisé à bon escient, le serrage de dents peut nous sauver la vie. Mais si nous voulons vraiment surmonter une peur, alors le serrage de dents ne nous aidera pas. Nous viendrons effectivement à bout de la situation mais nous n’obtiendrons aucun bénéfice de ce « succès ».
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Source : J’ai plus peur ? : aider un enfant à surmonter ses craintes de Lawrence Cohen (éditions JC Lattes). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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