Comprendre les crises des enfants et faire émerger la tristesse derrière la colère
Mieux comprendre les crises des enfants permet d’y faire face avec bienveillance. Raisonner en termes de besoins (physiologiques et/ou affectifs) et d’attachement permet souvent de mettre le doigt sur le noeud du problème, au-delà de ce qui est donné à voir (ou à entendre).
La colère a une fonction qui ne peut être assurée qu’à condition de laisser l’émotion de colère être jusqu’au bout.
Dans son livre Jouer, grandir, s’épanouir, Deborah Macnamara explique qu’un enfant en proie à une colère de frustration a besoin que ses parents accueillent cette colère jusqu’à ce que celle-ci se transforme en tristesse, signe que le processus de “deuil” s’est enclenché et que la crise touche à sa fin.
Pour que cela se produise, un enfant doit être autorisé à vivre pleinement sa colère puis à avoir des larmes de tristesse aussi longtemps qu’il en a besoin dans le cadre d’une relation de confiance avec un adulte bienveillant. L’adulte doit maintenir le jeune enfant dans sa frustration jusqu’à ce que la porte de l’acceptation puis de l’adaptation (=le deuil de la chose voulue et non obtenue) s’ouvre. Maintenir un enfant dans sa frustration signifie ne pas censurer l’émotion en menaçant l’enfant de punition, en lui demandant de se calmer, en lui disant que ce n’est rien ou en le raisonnant (“mais non, c’est pas vrai, tu ne détestes pas ta soeur”). L’émotion de colère peut dès lors aller jsuqu’au bout et assurer sa mission de réparation face à la frustration et de restauration de l’intégrité.
Comprendre les crises des enfants, c’est accompagner la colère d’un enfant jusqu’à la tristesse, signe de deuil et d’acceptation.
Une fois que la porte de l’adaptation a été ouverte, l’enfant ressentira alors de la tristesse et peut même se mettre à pleurer.
Par exemple, un parent pourra dire à un enfant qui veut mettre sa petite soeur à la poubelle : « Je sais que c’est difficile d’avoir une nouvelle petite sœur. Tu veux que les choses reviennent comme avant. » L’enfant sera autorisé à répliquer : « Oui ! Je n’aime pas ma sœur, enlève-la ! » et confirmé dans ses sentiments : « Je sais que tu te sens triste en raison des changements. Tu aimais qu’on soit juste nous deux et maintenant, nous sommes trois. » L’enfant peut continuer à se plaindre : « Ramène-la d’où elle vient ! », pendant que ses larmes commencent à couler.
Deborah Macnamara estime qu’idéalement, un parent devrait être capable de lire les signes qui annoncent, chez son enfant, que sa frustration s’adoucit et qu’il se déplace vers la tristesse. Le parent peut accompagner l’enfant sur ce chemin avec un câlin, un geste tendre, du silence, de la patience ou des mots comme « Je suis là » et « Je sais, c’est difficile » (selon ce que l’enfant accepte et ce dont il semble avoir besoin).
La danse de « fâché à triste » est différente chez chaque enfant, puisque leurs émotions varient en intensité et en vulnérabilité. Un parent doit lire les indices, avoir foi que la colère va basculer vers la tristesse et tenir le cap pendant la tempête. – Deborah Macnamara
Quand un enfant est très fâché et se met dans tous ses états, les larmes finiront toujours par arriver et les parents peuvent garder foi en cette idée en faisant de leur mieux pour laisser la frustration de l’enfant être, sans empirer les choses en le punissant, en le sermonnant ou en le rassurant. C’est toutefois difficile de traiter à la fois la frustration d’un enfant et notre propre maîtrise émotionnelle.
Quand c’est difficile de traiter à la fois la frustration de l’enfant et de garder notre calme…
Deborah Macnamara dresse la liste des raisons qui font qu’un adulte a de la difficulté à comprendre les crises des enfants et à accompagner la colère d’un enfant jusqu’aux larmes :
- le manque de connaissance des mécanismes émotionnels chez les jeunes enfants,
- le manque de soutien culturel, familial et conjugal,
- la peur de la colère ou des réactions de l’enfant,
- la peur du jugement de la part des autres parents (la peur de passer pour un parent laxiste),
- le besoin compulsif de faire les choses à la place de l’enfant,
- une trop grande dépendance au raisonnement logique (qui amène à vouloir minimiser les émotions, conseiller ou argumenter),
- le manque de profondeur dans la relation pour amener un enfant aux larmes,
- le mécanisme de mémoire traumatique qui va faire émerger chez le parent de la violence face à la colère ou à la tristesse de l’enfant.
Quand les jeunes enfants sont frustrés et aux prises avec ce qu’ils ne peuvent changer, ils ont besoin d’agents de réconfort qui vont tenir le coup jusqu’à ce que leur frustration puisse être relâchée à travers leur tristesse ou leur déception. – Deborah Macnamara
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Source : Jouer, grandir, s’épanouir de Deborah Macnamara (édition Numérique Au Carré). Disponible sur les sites de ecommerce.
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