Confiance en soi et estime de soi ne sont pas synonymes. Elles sont bien sûr liées mais elles se développent et s’entretiennent différemment. C’est notamment intéressant pour les apprentissages scolaires (mais pour tous les aspects de la vie finalement : les relations avec les autres, la prise d’initiative, la gestion des échecs, la capacité à se remettre en question…).

I. La Confiance en soi : la croyance en ses ressources internes

Définition

Dans le livre Apprendre à apprendre

, André Giordan et Jérôme Saltet écrivent que la confiance en soi est à mettre en rapport avec les capacités : elle concerne ce que nous sommes capables de faire. Elle est le résultat d’une évaluation que nous faisons de nos capacités et de nos ressources personnelles. Le niveau de confiance en soi dépend de la réponse aux questions :

“Ai-je les ressources internes nécessaires pour affronter cette situation ?”,

“Suis-je capable d’y arriver ?”,

“Suis-je à la hauteur ?”.

Une mauvaise confiance en soi entrave sérieusement les études car la moindre erreur ou la moindre remarque va contribuer à déstabiliser la personne qui souffre de manque de confiance en elle :

  • elle va plus rapidement perdre ses moyens face à la critique,
  • elle aura peur de l’échec,
  • elle va être sujette au stress (notamment lors d’évaluations ou d’examens).

La confiance en soi est le produit de l’histoire familiale, sociale et scolaire :

  • les parents sont les premières personnes à stimuler la confiance en soi des enfants.
  • des méthodes pédagogiques inadaptées peuvent contribuer à détériorer la confiance en soi des élèves.

Chaque personne a une histoire différente et il n’existe donc pas de solution unique et universelle pour développer sa confiance en soi.

 

8 manières d’aider enfants et adolescents à gagner en confiance en eux pour mieux apprendre

 

1. Lister tout ce que l’enfant sait faire

Il ne s’agit pas seulement que l’enfant prenne conscience de ce qu’il réussit à l’école mais aussi de ce qu’il réussit en dehors de l’école (il sait danser le hip hop, elle sait dribbler, il sait jouer du piano, elle sait faire le grand écart, il sait faire un gâteau tout seul, elle sait changer une ampoule toute seule, il a marqué le but de la victoire, elle a aidé sa copine à terminer son exposé…)

Ces réussites et ses succès pourront être notés dans un carnet de réussites dans lequel l’enfant se replongera pour regonfler sa confiance.

Réussir et progresser dans un domaine extra scolaire permet de valoriser l’enfant.

 

2. Lui parler et parler de lui/elle de manière positive

Apprendre à l’enfant à parler de manière positive de lui peut prendre du temps. Les humains ont une tendance naturelle aux pensées négatives qui érodent la confiance en soi. Ce n’est pas en se traitant lui-même de nul ou en s’entendant traiter de nul que l’enfant pourra se sentir confiant.

L’éducation positive propose des outils pour montrer notre confiance dans les capacités de l’enfant. Cette confiance lui donnera confiance en lui par jeu de miroir.

Les encouragements

Je vous invite à lire cet article : 30 propositions pour encourager efficacement.

30 propositions pour encourager efficacementLe renforcement positif

Le renforcement positif est l’art de surprendre l’enfant à bien faire :-). Le principe du renforcement positif est simple :

  • remarquer
  • encourager
  • valoriser

J’en parle ici.

La valorisation des réussites et des progrès

La valorisation des réussites stimule l’enfant : même si l’enfant récolte une mauvaise note à l’école, valorisez ce qui est fait, les exercices réussis, les progressions par-rapport à l’évaluation précédente. Une progression, même quand on part de bas, est source de confiance.

Il est essentiel de faire comprendre aux enfants que se comparer aux autres est néfaste : chacun a du potentiel et des limites. L’enfant peut comparer ses résultats dans le temps pour identifier ses axes de progrès mais pas se comparer aux autres.

L’analyse des obstacles à la réussite

Cela permet à l’enfant de les exprimer, des les comprendre et d’anticiper une stratégie pour y remédier :

  • que s’est-il passé lors de cette dictée ?
  • qu’est-ce qui t’a posé problème ?
  • comment vas-tu faire la semaine prochaine ?
  • qu’est-ce qu’on peut changer ?

En repérant les erreurs avec l’enfant et en l’incitant à réfléchir à ce qu’il peut faire pour ne pas les reproduire, il évitera les poncifs du genre “j’y arriverai jamais !”.

L’implication et autonomisation de l’enfant

Impliquer l’enfant dans ses apprentissages (scolaires ou autres), lui poser des questions pour l’inciter à verbaliser ses manières de faire lui permet de comprendre et de retenir les apprentissages en questions :

  • comment as-tu fait pour réussir ?
  • comment t’ y es-tu pris ?
  • comment peux-tu faire encore mieux la prochaine fois ?

L’enfant doit voir dans les yeux de ses parents qu’ils sont persuadés qu’il peut réussir sa vie et dans la vie.

 

3. Procéder par petits objectifs

Dans l’esprit du kaizen, vous pouvez donner de petits objectifs à vos enfants. Ou mieux encore : leur apprendre à se fixer de petits objectifs ! L’idée est de décomposer des tâches complexes ou des objectifs inatteignables en paliers plus facilement atteignables. Avec cette méthode des petits pas, l’objectif final reste le même (que ce soit un régime, l’apprentissage des tables de multiplication, le rangement d’une chambre…). Cet objectif est atteint à travers l’accomplissement de petites actions à notre portée à la fois dans le temps et dans l’effort à fournir. Il n’est plus question de fixer un objectif inatteignable dans un temps restreint mais de demander un effort réalisable et minime.

kaizen

Audrey Akoun et Isabelle Pailleau mentionnent l’intérêt du kaizen dans leur livre Apprendre autrement avec la Pédagogie Positive. Elles l’appliquent aux apprentissages scolaires et donnent notamment l’exemple d’une élève devant retenir ses tables de multiplication. En premier lieu, cette élève est incitée à prendre conscience des tables qu’elle connaît déjà. L’idée est de lui montrer que l’effort à fournir est moins important que ce qu’elle s’était imaginée. Une fois les quelques multiplications non connues identifiées, l’élève est invitée à retenir seulement une nouvelle table tous les deux jours. Au bout d’un mois, elle connaissait ses multiplications par cœur !

 

4. Apprendre à gérer les notes

Dans le livre Apprendre à apprendre, André Giordan et Jérôme Saltet écrivent que les notes peuvent être de puissants facteurs de perte de confiance. Il est important que les parents rappellent aux enfants que les notes sont l’évaluation d’un travail et pas de sa personne.

citation école

 

5. Avoir recours à des techniques externes

Faire semblant

André Giordan et Jérôme Saltet conseille d’enseigner aux enfants à se tenir droit, relever la tête, sourire et regarder les gens dans les yeux. C’est ce qu’on appelle les postures du pouvoir. Faire semblant d’être confiant permet de se sentir plus confiant ! Paradoxal mais bon à savoir :-).

Faire écouter une musique entraînante

La musique remonte le moral et dope la confiance en soi.

Trouver un rituel

De nombreux artistes (si ce n’est tous) ont un objet anti trac, un porte bonheur qu’ils manipulent et/ou gardent avec eux pendant une représentation. Pourquoi ne pas proposer à votre enfant des les imiter ? Cela peut aussi passer par la mise en place de rituels propres à l’enfant (toujours boire ou manger la même chose, faire un geste précis, porter un vêtement ou un accessoire).

Respirer et se détendre

Les enfants qui manquent de confiance en eux ont tendance à paniquer en situation d’évaluations ou d’examens. Vous pouvez apprendre à votre enfant des exercices de respiration discrets et rapides qu’il pourra effectuer en classe ou juste avant de rentrer dans une salle d’examen.

L’enfant peut simplement fermer les yeux, poser une main sur le ventre, inspirer profondément par le nez, expirer doucement. Il peut aussi lever son pouce devant sa bouche et souffler tout doucement dessus comme pour éteindre une bougie. Vous trouverez d’autres idées dans ces articles :

 > Exercices et mouvements de respiration pour enfants et parents

3 exercices pour entraîner les enfants à retrouver leur calme

La technique du ballon en vidéo

6. Entraîner l’enfant à solliciter son imagination

Il s’agit d’apprendre à l’enfant à se mettre en situation de passer l’épreuve (que ce soit une poésie à réciter, une évaluation ou un concours à passer, une pièce de théâtre ou un concert à jouer). Demandez-lui d’imaginer :

  • les lieux,
  • la situation,
  • les éventuels examinateurs,
  • les questions auxquelles il aura à répondre,
  • les spectateurs s’il y en a.

Si votre enfant a perdu sa confiance en lui suite à une mauvaise relation avec un enseignant ou un/des camarade(s), l’imagination peut aussi être un bon moyen de la restaurer.

Dans son livre Au coeur des émotions de l’enfant, Isabelle Filliozat raconte l’histoire de Christophe qui avait de mauvaises notes en mathématiques. Il avait eu un prof de maths qui avait l’habitude de rabaisser ses élèves. Le garçon, déstabilisé par les cris et les humiliations de l’enseignant, a accumulé des mauvaises notes et a gardé en lui la conviction qu’il était nul en maths. La psychologue l’a donc aidé à construire une visualisation comique et dédramatisante de cet enseignant : habillé et maquillé comme un clown, affublé d’un nez rouge et d’un pantalon bariolé.

 

7. Préparer l’enfant

Vous pourrez lui poser des questions comme celles qui lui seront posées le jour J. S’il doit passer un examen en public, reproduisez l’environnement avec des amis ou de la famille.

Je vous conseille la lecture de cet article en complément pour apprendre aux enfants à se poser des questions. Celui-ci vous donnera des clés pour aider votre enfant à faire ses devoirs : 7 points pour aider son enfant à faire ses devoirs.

 

8. Exprimer du soutien face à une situation injuste

Si l’enfant a peur de l’école, c’est peut-être qu’il craint son enseignant. Tous les enseignants n’ont pas recours à la dévalorisation mais cela peut malheureusement arriver.

Dans ce cas, écouter l’enfant, comprendre ce qu’il a mal vécu pour l’aider à y faire face. Même si l’enfant doit subir un enseignant “méchant”, savoir que ses parents pensent que c’est injuste l’aidera à garder sa confiance.

 

 

II. L’Estime de soi : une bonne image de soi

Définition

L’estime en soi est à mettre en rapport avec la valeur que nous nous accordons. L’estime de soi est synonyme d’image de soi. Elle est le résultat d’une évaluation que nous faisons de nous-mêmes, de nos actions. André Giordan et Jérôme Saltet écrivent

Lorsque nous accomplissons quelque chose que nous pensons valable, nous ressentons une valorisation et lorsque nos actions paraissent en opposition avec nos valeurs, nous “baissons dans notre estime”.


Dans Regarde… ton enfant est compétent, Jesper Juul ajoute que l’estime de soi peut être décrite par métaphore comme une sorte de colonne vertébrale, de centre ou de noyau.

On reconnait l’estime de soi saine et épanouie au sentiment d’être bien avec soi-même, d’harmonie avec soi.

Pour éclairer la différence entre confiance en soi et estime de soi, on peut penser à un élève qui serait un piètre sportif mais qui accorde peu d’importance à cette matière. Il a alors une mauvaise confiance en ses capacités à réaliser une bonne performance en EPS mais son estime de soi est intacte. En revanche, s’il se considère mauvais en mathématiques mais qu’il considère cette matière comme fondamentale dans sa réussite, il aura à la fois une faible confiance en soi (en ses capacités à résoudre un problème d’arithmétique ou de géométrie) et une faible estime de soi (il portera des jugements négatifs sur sa valeur d’être humain).

Pour Jesper Juul, la confiance en soi pose rarement problème quand on a une saine estime de soi, quand on se connaît bien. On sera alors capable de faire la différence entre savoir qu’il y a un domaine dans lequel on est moins doué et se sentir incapable, nul en TOUT.

On peut lire dans Apprendre à apprendre qu’une bonne estime de soi produit une énergie constructive qui permet à la personne de s’ouvrir à la nouveauté, à l’inconnu, à l’autre. On accepte plus facilement les difficultés, les obstacles, les critiques quand on a une bonne image de soi.

2 pistes pour développer l’estime de soi des enfants et adolescents

1. L’amour inconditionnel des parents

André Giordan et Jérôme Saltet admettent qu’il n’est pas facile d’expliquer de manière absolue pourquoi certaines personnes ont une meilleure estime que d’autres. Mais l’une des raisons avancées est que les parents ont joué un rôle positif dans l’enfance en :

  • acceptant leur enfant tel qu’il était même quand il prenait des chemins éloignés de ceux qu’ils avaient prévu pour lui,
  • voyant et reconnaissant l’enfant tel qu’il est,
  • affirmant la valeur de l’enfant en l’état où il est,
  • croyant en ses capacités à trouver sa voie, à réussir ce qu’il entreprenait dès la plus tendre enfance,
  • ne confondant pas existence (“je suis heureux que tu me fasses ce cadeau/ je suis contente de te voir/ merci pour ce dessin”, “je vois que tu as du mal à l’école en ce moment, as-tu réfléchi à ce qui se passe/ as-tu besoin d’aide ?”, “coucou/ c’est agréable de te retrouver/ j’aime passer du temps avec toi”) et performance (“ce dessin est beau/ tu sais bien dessiner”, “tu sais bien qu’il faut apprendre tes leçons si tu veux avoir des bonnes notes”, “c’est bien/ tu sais bien faire du toboggan/ cuisiner…”).

apprenons à nos enfants à être contents d'eux françoise dolto

 

Ils ajoutent que tout enfant mais aussi tout adolescent a besoin d’être cajolé. En tant que parent, nous pouvons cajoler nos enfants mais aussi leur apprendre à se faire un petit plaisir chaque jour. J’en parle dans cet article : Plaisirs d’enfants : qu’est-ce qui les rend heureux ? qu’est-ce qui nous rend heureux ?

 

2. Exercices positifs pour renforcer l’estime de soi 

Voici 3 petits exercices positifs à effectuer chaque jour pour consolider l’estime de soi de tous les membre de la famille : de bonnes habitudes à prendre dès le plus jeune âge :-) !

  • sourire dans le miroir au réveil,
  • se féliciter pour une réussite de la veille ou de la matinée.

Je t’aime inconditionnellement parce que tu es toi. 

C’est courageux de ta part d’essayer quelque chose de nouveau et de prendre le risque de te tromper.

Tu en es capable. Peut-être pas aujourd’hui ni même demain. D’une manière ou d’une autre, tu trouveras un moyen de réussir.

Et toi, qu’est-ce que tu en penses ?  Tu as le droit d’avoir ton avis et de le donner.

 

Je vous propose de lire ces articles pour compléter ces quelques propositions :

3 questions pour évaluer l’estime de soi des enfants

7 clés pour consolider l’estime de soi des enfants

L’importance capitale de l’estime de soi dans le bien-être de nos enfants (et de nos sociétés)

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Mes conseils lecture :