Les envies différentes au sein d’une fratrie sont sources de conflit : intervenir efficacement

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Les conflits entre les membres d’une fratrie peuvent provenir de la confrontation de besoins inconciliables… en apparence. Par exemple, un enfant peut avoir besoin de calme tandis que son frère ou sa sœur est excité et fait du bruit. La cohabitation devient source de tension. Pourtant, ce ne sont pas les besoins qui s’opposent, mais plutôt les stratégies mises en place pour les satisfaire. Ici, le fait que les deux enfants restent dans la même pièce n’est pas une stratégie adaptée et il est possible d’explorer des solutions possibles, réalisables dans les faits et acceptés par tout le monde (tous les enfants impliqués comme les parents).

Les parents peuvent se faire médiateurs pour apprendre aux enfants à résoudre leurs conflits sans violence. Cette médiation vise à permettre aux enfants de prendre du recul afin de trouver des solutions dans le respect de tous. Avec les plus jeunes, cela peut passer le mime de la situation avant de chercher des solutions ensemble.

Mimer

Le mime peut reprendre une situation réellement vécue mais aussi s’appuyer sur une situation imaginaire et problématique (ex : un enfant fait des constructions en Kapla et l’autre s’amuse à faire rouler ses petites voitures juste à côté jusqu’à ce qu’il détruise les tours avec une voiture lancée trop fort). Le scénario est donc proposé et les enfants sont invités à jouer la scène avec toutes les émotions vécues.

Chercher des solutions

Quand le problème émerge, le bouton “pause” est enclenché et le parent peut poser la question clé : “Comment faire ?”. Les enfants donneront leurs idées que le parent notera sur une feuille.

Ex : comment faire pour que l’un des enfants réalise ses constructions en étant assuré qu’elles ne seront pas détruites et, en même temps, pour que l’autre enfant ait suffisamment de place pour faire rouler ses petites voitures ?

Une fois toutes les solutions (même farfelues) notées, parents et enfants discuteront de chaque idée et ne retiendront que celles qui satisfont tout le monde (à la fois les enfants et les parents).

 

La médiation formelle : une aide pour les parents en difficulté

 

médiation conflits entre enfants

Les parents peuvent adopter un rôle de médiateur formel pour accompagner les enfants dans la résolution de conflits. Cette médiation deviendra de moins en moins nécessaire de la part  des adultes que les enfants y auront été confrontés, devenant capables de trouver des solutions ensemble sans besoin d’un tierce personne.

De manière formelle, la médiation peut passer par 5 étapes. Thomas Fiutak est un spécialiste américain de la médiation et a représenté ces 5 étapes à respecter au cours du processus de médiation sous forme d’une roue. Avec l’habitude, les médiations peuvent être moins formelles et plus courtes mais ce processus a l’avantage d’être suffisamment structuré pour assurer un déroulement efficace sans se laisser débordé par des affects personnels.

1ère étape. Quoi ?

Lors de cette première étape, les personnes en conflit exposent ce qui s’est passé. Cette première étape est délicate dans le sens où les parties ont tendance à accuser les autres plutôt qu’exposer les faits et à parler de leurs propres émotions.

Cette étape vise à permettre au médiateur de comprendre le contexte du conflit, sans prendre position en faveur d’une partie impliquée.

Au cours de cette étape, la cause du conflit est souvent exposée de manière superficielle. C’est au cours de la deuxième étape que les causes seront approfondies.

On reconnaît dans cette première étape des éléments semblables au processus de la Communication NonViolente, à savoir décrire les faits à la manière d’une caméra qui aurait filmé la scène.

 

2ème étape. Pourquoi ?

Cette étape est celle de l’approfondissement. La personne médiatrice demande à chaque partie de parler de ses émotions, de ses besoins et de ses attentes.

L’idée est de faire émerger ce qui est important pour chacun en s’appuyant sur les émotions, sur les besoins et sur les valeurs et attentes propres à chacun.

Cela demande d’avoir une connaissance préalable du vocabulaire des émotions, des causes des émotions en lien avec les besoins humains fondamentaux et de comprendre ce qui motive profondément les humains (les intérêts, les valeurs, le sens donné à la vie pour donner le meilleur de soi-même).

vocabulaire des émotions

 

roue des besoins enfants

 

Le médiateur peut alors reformuler pour chaque partie : “Ce qui est important pour toi est…”.

A l’issue de cette deuxième étape, le médiateur entrevoit alors les causes profondes du désaccords ainsi que les besoins des deux parties impliquées.

 

3ème étape. L’expression des émotions

Cette troisième étape porte le nom de “catharsis des émotions” (libération) et désigne le moment où les parties en conflit parviennent à identifier leurs émotions profondes à l’aide du médiateur. Les émotions sont toujours en lien avec les besoins insatisfaits.

Cette étape s’appuie donc sur l’étape précédente et son objectif est de parvenir à :

  • une reconnaissance des émotions et des besoins de chacun dans une démarche sincère d’empathie mutuelle,
  • une compréhension des motivations qui sous-tendent les actes de chaque partie,
  • une ouverture vers des positions nouvelles qui permettent de concilier les besoins des uns et des autres.

Parfois, le simple fait d’écouter et de comprendre les besoins réciproques met un terme immédiat au conflit. Toutefois, comprendre l’autre ne suffit pas toujours à être d’accord et à trouver des solutions communes. C’est alors l’enjeu des étapes suivantes.

 

4ème étape. Et si ? (les solutions)

Il s’agit ici de proposer des solutions dans un esprit gagnant/ gagnant. Chaque partie formule des propositions qui semblent convenir pour résoudre le conflit.

Il est important de souligner que toutes les propositions doivent être notées par le médiateur et qu’aucune solution ne doit être écartée, même sous prétexte qu’elle est irréalisable, ridicule ou loufoque. Le tri des solutions viendra dans un deuxième temps.

Le médiateur a la charge de stimuler la créativité des parties et de ne pas censurer les idées.

 

5ème étape. Comment ?

Cette dernière étape est celle du choix. A partir de la liste de propositions notées à l’étape précédente, les parties en conflit effectuent un choix . Cela peut se faire sous forme d’une liste des préférences (certaines solutions seront écartées d’office par les deux parties, certaines seront conservées par l’une et pas par l’autre, certaines seront conservées par les deux).

L’objectif est de parvenir à un accord commun sur une solution. Ce processus peut être difficile : peut-être qu’une solution créative qui n’avait pas été notée au cours de la quatrième étape émergera à force de négociations.

Un accord sur la mise en œuvre de la solution peut également être conclu :

  • comment passer à l’action ? quelles seront les premières actions mises en place ?
  • à quoi reconnaîtra-t-on que la solution est efficace ?
  • prévoit-on un temps pour se réunir à nouveau et parler des éventuels problèmes de mise en œuvre de la solution ?