Conflits et disputes entre enfants : 5 étapes pour chercher des solutions gagnants-gagnants (4 ans et +)
Dans leur livre Quand les enfants apprennent à gérer leurs conflits, Stéphanie Morand et Cécile Gerst proposent une approche en 5 points pour que les enfants résolvent leurs disputes sans violence :
- S : Souffler pour ne pas réagir sur le coup de la colère
- A : Accueillir les émotions des protagonistes
- P : Proposer des solutions
- A : Anticiper les conséquences
- S : Symboliquement ancrer le contrat (se serrer la main, accord oral, écrire la solution…)
Cette approche reprend des éléments développés par la Communication NonViolente et des auteurs pionniers de la parentalité positive, comme Thomas Gordon ou Adele Faber et Elaine Mazlish.
S : Souffler pour ne pas réagir sur le coup de la colère
Stéphanie Morand et Cécile Gerst proposent de souffler trois fois pour s’apaiser afin de ne pas réagir sur le coup de l’émotion. L’adulte qui intervient auprès d’enfants qui se disputent peut annoncer : “Wow, je vois deux enfants très énervés et prêts à en venir aux mains. On va souffler ensemble trois fois bien fort. Vous pouvez le faire séparément si vous préférez.”
A : Accueillir les émotions des protagonistes
Cette étape est celle de l’exploration du désaccord qui a mené à la dispute par le prisme de deux questions :
- que s’est-il passé ?
- qu’as-tu ressenti ?
La première question vise la description des faits comme si une caméra avait filmé la scène, c’est-à-dire objectivement en différenciant les jugements des faits. Dire “Il est méchant” est un jugement mais énoncer “Il m’a dit que j’étais nul en foot et qu’il ne voulait pas de moi dans son équipe” est une description des faits car les paroles sont rapportées sans ajouter d’autres informations.
La seconde question explore les émotions ressenties par chacun des protagonistes. La réponse à cette question nécessite d’avoir parlé en amont des émotions et de leur nature : vocabulaire des émotions, nature des émotions, sensations associées aux émotions, tendances à l’action liées aux émotions éprouvées.
P : Proposer des solutions
Lors de cette phase, les enfants impliqués dans le conflit vont explorer toutes les possibilités permettant de résoudre le problème qui se pose à eux. L’adulte peut rappeler que toutes les solutions, mêmes irréalistes, sont acceptables et qu’aucune idée ne doit être moquée ou censurée. Cette étape est précisément celle de la créativité.
Si les enfants ont du mal à trouver leurs propres idées, il est possible d’en souffler mais sans les présenter comme des obligations : “Que diriez-vous de… ? Que pensez-vous de… ?”
A : Anticiper les conséquences
Une fois toutes les solutions listées, il est temps de les évaluer et de choisir la solution qui convient à toutes les personnes impliquées. Il s’agit donc d’écarter les solutions en fonction de critères valables : chaque enfant peut expliquer pourquoi il n’est pas à l’aise avec telle ou telle solution, de même que l’adulte.
L’idée est de retenir une solution et d’envisager les conséquences de cette solution afin de vérifier sa faisabilité et sa pertinence. L’adulte peut demander aux enfants quand et comment ils vont s’organiser et ce qui se passera concrètement dans les heures ou jours à venir.
Cette étape permet de vérifier que la solution satisfait bien tous les protagonistes et d’entrer dans les détails pour passer à l’action. Il est également possible de demander aux enfants comment ils seront sûrs que cette solution résoudra bel et bien le problème. A quoi jugeront-ils que le problème est derrière eux ? Comment rectifieront-ils le tir si la solution choisie ne résout que partiellement le conflit ?
S : Symboliquement ancrer le contrat (se serrer la main, accord oral, écrire la solution…)
Stéphanie Morand et Cécile Gerst invitent les enfants à se serrer la main pour montrer qu’ils sont d’accord. Il est aussi possible de leur demander ce qu’ils préfèrent comme symbole de l’accord passé : écrire la solution choisie, un check, un engagement oral… La poignée de main a l’avantage d’ancrer la prise de décision et l’engagement à respecter l’accord trouvé.
Dans un premier temps, les adultes accompagnent évidemment les enfants au cours des 5 étapes à travers des questions clés, mais l’objectif que les enfants deviennent autonomes, à terme, dans la résolution de leurs conflits. Stéphanie Morand et Cécile Gerst estiment que les enfants peuvent être sensibilisés à cette approche dès 4 ans, mais il ne faut pas s’attendre à ce qu’ils respectent les accords trouvés. La gestion non violente des conflits est un apprentissage nécessitant un temps long et il faudra probablement remettre l’ouvrage sur le métier fréquemment.
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Source : Quand les enfants apprennent à gérer leurs conflits : le guide des parents et professionnels de l’éducation de Stéphanie Morand et Cécile Gerst (éditions Dangles). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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