3 besoins essentiels des enfants, les connaître et les combler : besoin de pouvoir personnel, besoin d’expérimentation et besoin de connexion
Connaître 3 besoins essentiels des enfants : pouvoir personnel, connexion, expérimentation
Les enfants ont besoin de sentir qu’ils sont à la hauteur, que leur contribution personnelle a de l’importance, que leur présence est désirée et qu’ils ont une place dans leur famille, leur école, la société.
Quand le besoin de connexion des enfants n’est pas satisfait, ils peuvent par exemple refuser d’aller au lit le soir et rappeler les parents pour un oui ou un non afin de les ramener proches d’eux. Le système de l’attachement fait en sorte que les humains viennent au monde avec l’espoir d’être les bienvenus. Les bébés s’attendent à ce que quelqu’un les prenne dans ses bras, lui offre proximité (physique et émotionnelle) et secours en cas de détresse.
Quand le besoin de pouvoir personnel des enfants n’est pas satisfait, ils peuvent rejeter toutes les demandes des parents. Quand un parent impose systématiquement à un enfant ce qu’il doit faire et comment il doit le faire, ce dernier va être tenté de résister pour protéger sa dignité, pour se sentir exister comme un individu singulier, pour confirmer son expérience personnelle et son existence. Nous cherchons souvent à diriger les enfants sans les voir ni confirmer leur expérience et nous devenons alors des obstacles à la satisfaction de leurs besoins plutôt que des partenaires de confiance. Nous pouvons prêter attention non seulement à ce que nous voulons enseigner et transmettre aux enfants, mais aussi au sentiment que les enfants éprouvent quand ils reçoivent nos directives et conseils.
Quand le besoin d’expérimentation n’est pas comblé, ce besoin ne se met pas en sourdine car les humains naissent avec l’espoir qu’il y aura dehors quelque chose à découvrir et à faire. Les jeunes humains veulent trouver des choses qui les feront grandir, qui les rendront autonomes.
Gerald Hüther, neurobiologiste allemand, estime qu’il existe deux expériences majeures humaines et qui correspondent à ces 3 besoins essentiels : la croissance (besoin d’expérimentation et de pouvoir personnel) et le lien (la connexion).
Les expériences les plus importantes sont toujours celles qui ont lieu quand il est possible de combiner ces deux expériences primitives. – Dr Gerald Hüther
Un enfant ne peut pas vivre ces deux expériences quand il reçoit un amour conditionnel (il n’est pas aimé tel qu’il est), un manque de confiance en ses compétences ou un amour “grappin” (qui sur protège et empêche les expériences personnelles et la prise d’autonomie). Dans ces cas, le cerveau réagit comme s’il faisait face à des souffrances corporelles.
1.Combler le besoin de pouvoir personnel
Afin de permettre aux enfants de combler leurs besoins de pouvoir personnel, il est utile de leur laisser du pouvoir dans les faits. Souvent, dans le domaine de la parentalité positive, on conseille de laisser des choix aux enfants afin de donner du contrôle aux enfants au quotidien. Quand un enfant ne veut pas s’habiller, l’adulte peut lui proposer le choix entre deux vêtements afin de lui donner l’impression d’une certaine autonomie… et ainsi détourner son attention de la crise à venir. Le problème avec cette technique vient du fait que le choix n’en est pas un : le choix est fermé donc l’enfant n’a qu’une illusion de pouvoir personnel, le parent reste unique décisionnaire et l’idée est en réalité de contourner la manifestation de frustration de l’enfant (éviter ses larmes, ses cris plutôt que les accueillir comme un processus sain de réparation et de guérison face à la frustration).
Nous pouvons assumer de choisir parfois pour les enfants tout en étant prêt à entendre les oppositions et manifestations d’autonomie de l’enfant. En parallèle, nous pouvons faire confiance à l’enfant et aménager l’environnement de manière à éliminer le plus d’obstacles à son autonomie.
Il est possible de penser l’aménagement de l’intérieur à partir des conflits et interdictions récurrentes. S’il y a récurrence, c’est qu’il y a un problème profond d’adéquation entre le niveau de développement de l’enfant et l’aménagement de son environnement. Cela peut passer par le fait de porter attention aux moments où nous nous disons : “Ne touche pas ça !”, “Laisse ça” ou encore “Attention, ça casse/ c’est dangereux !”.
Le fait de prévoir des rangements pour chaque objet va ritualiser les activités et de permettre aux enfants d’assouvir leurs besoins d’autonomie. Des porte-manteaux à hauteur d’enfants vont également dans ce sens.
Il est possible de prévoir des espaces clairement définis pour chacun dans le salon. Dans certaines familles, des espaces de la pièce sont dédiés aux jeux des enfants (petite table et petites chaises, tableau noir pour écrire/ dessiner, chariot à roulettes avec le matériel d’activités créatives..). Dans d’autres, les écrans sont placés dans une pièce dédiée afin de ne pas empiéter sur les interactions relationnelles dans la pièce principale.
La salle de bain peut également être aménagée de manière à rendre accessibles aux enfants leurs affaires (petit bac à hauteur d’enfant ou marche pied, miroir bas, serviette accessible…). Aux toilettes, un marche pied et un réducteur de toilettes participent à nourrir le besoin des enfants de faire comme leurs parents.
2.Combler le besoin d’expérimentation
Au cours de l’enfance, les enfants exercent leur pensée et apprennent à travers les expériences qui font intervenir tous leurs sens. Alison Gopnik, psychologue américaine, nous rappelle que les enfants sont plus doués que les adultes dans la recherche d’hypothèses incongrues. Quand les enfants font des hypothèses et des expériences, on appelle cela “jouer”. Jouer est réellement une sorte de programme de recherche expérimentale.
Les bébés et les enfants sont très mauvais dans la focalisation sur une seule chose mais ils sont très bons pour récupérer beaucoup d’informations qui proviennent de plusieurs sources différentes. Les parties inhibitrices ne sont pas encore actives dans leur cerveau, contrairement à ce qui se passe dans le cerveau des adultes. Quand nous reprochons aux jeunes enfants de ne pas faire attention à ce qui est important, nous leur reprochons en fait de faire attention à tous les détails intéressants qui pourraient leur évoquer ou leur apprendre quelque chose.
Alison Gopnik constate que ce même appétit de comprendre le monde est encore plus évident chez les enfants. Pendant leurs trois premières années, ils sont comme consumés par le désir d’explorer et de faire des expériences avec les objets. C’est d’ailleurs un fait incontournable, et parfois épuisant, de la vie de parent (le bébé touchant à tout, tout le temps…).
Du point de vue de l’évolution, le comportement d’explorateur des bébés est assez étrange. Ils dépensent une énergie folle en explorations, et ces dernières mettent parfois en danger leurs chances de se perpétuer (il faut qu’ils parviennent entier à la puberté !). Cela peut s’expliquer par le fait que, pour l’espèce humaine, les dangers de l’exploration ne font pas le poids face aux bénéfices de ses enseignements. – Alison Gopnik
Les psychologues du développement pensent que cette façon qu’ont les bébés de jouer avec le monde alentour les aide à résoudre les grands problèmes de la disparition, de la causalité et de la catégorisation. Les jeux ne sont donc jamais des activités gratuites : ils sont plutôt la conséquence de l’élan vital des enfants pour comprendre le monde et apprendre.
Les bébés qui essaient de comprendre ce qui se passe dans la tête des autres gens jouent à imiter; ceux qui s’intéressent à la façon dont in voit les objets jouent à cache-cache; ceux qui explorent les sons du langage babillent. Ce sont là des jeux très sérieux.
Cette manière d’envisager le développement du cerveau des petits humains nous invitent à plus de respect de leur travail et plus d’empathie pour les démonstrations de leur curiosité. Finalement, la recherche scientifique ne prescrit rien d’autre que ce que nous faisons quand nous sommes avec nos bébé : parler, jouer, faire des grimaces, s’intéresser à eux. La question principale devient alors politique : il nous faut du temps, de l’espace et des occasions, hors de la pression d’attendus de maîtrise de compétences à tel ou tel âge.
3.Combler le besoin de connexion
Le besoin de connexion peut passer par l’écoute empathique qui consiste à reconnaître, valider et verbaliser les émotions de l’enfant. Quand on ne sait pas comment s’y prendre, une manière de se connecter consiste à simplement commencer la phrase par : “Oui, je vois…”. De même, se connecter aux motivations de l’enfant lui permet de se sentir vu, compris et accepté : “Tu voulais réussir du premier coup et ça a raté, c’est nul !” ou “Tu voulais rester dormir chez tonton et tatan !”.
Voici quelques exemples pour se connecter émotionnellement avec les enfants et nourrir leur besoin d’attachement :
- Respecter les émotions des enfants sans entrer dans un jeu de pouvoir : “Oui, je vois que tu es en colère”
- Reformuler sans juger, sans commenter ni intervenir : “Oui, c’est vrai que tu n’en as pas envie du tout”
- Accueillir l’émotion en respectant les nuances vécues par l’enfant : “Oui, tu as eu très, très peur et tu as envie de pleurer !”
- Valider avant de consoler : “Je vois que tu as mal. C’est vrai que c’est douloureux.”
- Écouter de l’intérieur ce que l’enfant est en train de vivre : “Tu hésites. Tu voudrais aller à l’anniversaire de ta copine et, en même temps, tu avais envie de passer la journée avec papi comme prévu. C’est ça ?”
- Valider le vécu : “C’est vrai que tu préfèrerais continuer à jouer, je peux comprendre ça. C’est embêtant de devoir s’arrêter en plein milieu d’un jeu pour partir.”
- Rejoindre l’enfant dans ses désirs et y participer de manière imaginaire en exagérant et en s’amusant : “Tu aurais aimé rester debout encore une heure, tu n’as pas du tout envie d’aller te coucher. Tu aimerais rester devant la télé et peut-être même que ce serait trop cool de manger des chips glace, ou mieux une glace, une énorme glace avec de la Chantilly ! C’est vrai que ce serait le rêve ! Tu pourrais même rester debout toute la nuit… quel plaisir ce serait ! Qu’est-ce que tu aimerais faire d’autre si on faisait une nuit blanche ?”
Pour aller plus loin : L’attachement est un besoin vital d’être écouté, entendu, compris et soutenu tout au long de la vie