Le corps post-accouchement : l’accueillir avec tendresse et le célébrer pour le miracle de la grossesse, de l’accouchement et du quatrième trimestre de la grossesse (la dégestation)
Un corps post accouchement parfois (souvent) mal aimé
Dans son livre Le quatrième trimestre de la grossesse, Ingrid Bayot rappelle que le corps des jeunes accouchées peut être surprenant, méconnu et parfois méconnaissable.
Autant les modifications physiques de la grossesse sont étalées sur neuf mois, autant l’accouchement bouscule tout en quelques minutes, sans laisser la femme apprivoiser son nouveau corps petit à petit. Chez certaines femmes, les changements sont minimes (peu de prise de poids, peu ou pas de vergetures, ventre qui retrouve sa normale au bout de quelques jours seulement) mais chez d’autres, les changements peuvent être sources de complexes extrêmes.
Ingrid Bayot regrette que les magazines et les publicités nous aient conditionnés à ne voir que des corps féminins lisses, secs et fermes, hors du temps et des mannequins épilées, manucurées et maquillées (encore que ce soit de moins en moins le cas). Juste après l’accouchement, c’est le contraire absolu : des rondeurs, des moiteurs, de la sueurs, des odeurs, des poils, un ventre mou, éventuellement un cicatrice pour les femmes césarisées, des vergetures…
Il est si difficile d’« atterrir » dans ce corps intermédiaire, parfois (souvent même) mal aimé.
Se réapproprier et habiter ce corps insolite mais si manifeste, puissant mais si vulnérable, c’est tout un ajustement. Certaines femmes, totalement absorbées par leur bébé, y font à peine attention. Ça passera, ça se remettra. Soins d’hygiène, point barre. Pour d’autres, cette confrontation dépasse en intensité celle de la naissance elle-même. Parfois, il n’y a plus que les mots du dommage qui viennent : abîmé, mou, moche… – Ingrid Bayot
Cette difficulté à aimer ce corps post-accouchement est accentuée par la pression sociale (la plupart du temps intégrée comme une petite voix interne) qui insiste pour que les femmes retrouvent au plus vite leur taille de jeune fille, perdent leurs kilos en trop dans l’optique de redevenir vite séduisante (sous entendu, sexuellement désirable et disponible pour le conjoint…).
Quelle tristesse : d’un côté, l’organisme féminin vient de réaliser une prouesse inouïe et continue sur sa lancée en assurant un double chantier (déconstruction/maternage), et de l’autre, une culture déconnectée du vivant somme les femmes de ne pas s’accepter, de ne pas se donner le temps de cheminer pour et avec elles-mêmes.- Ingrid Bayot
Explorer d’autres voies : celles de l’accueil, de la tendresse et de la célébration du corps post accouchement
Ainsi, Ingrid Bayot nous invite à explorer d’autres voies : celles de l’accueil, de la tendresse et de la célébration.
Non seulement le corps des femmes nouvelles accouchées vient d’accomplir un miracle, mais il va aussi continuer d’en accomplir d’autres.
C’est la raison pour laquelle Ingrid Bayot parle de quatrième trimestre de grossesse : c’est le temps de la “dégestation” au cours de laquelle le corps des femmes qui viennent d’accoucher chemine vers un nouvel équilibre.
La “dégestation”
Ce nouvel équilibre retrouvé au cours de la dégestation se joue sur plusieurs plans dont :
- le système respiratoire (normalisation de la capacité respiratoire)
- le système cardio-vasculaire (urines plus abondantes puis progressives, disparition des éventuelles hémorroïdes en 2 à 3 mois, retour à la normale du débit cardiaque…)
- le système digestif (la capacité des intestins à absorber les nutriments se maintient pendant au moins 6 mois, la constipation diminue et le transit intestinal s’améliore)
- le système rénal (la rétention d’eau va se résorber en quelques semaines)
- le système cutané (beaucoup de transpiration, la peau du ventre prend un certain temps pour revenir à la normale…)
- les cheveux (perte de cheveux durant 3 à 4 mois ou plus)
- le système hormonal (chute des progestérones et des œstrogènes, prolactine très haute si allaitement qui modifie le sommeil…)
- l’utérus (le col se referme en vingt jours) et les régions vulvaires et vaginales (retour progressif aux dimensions normales, sècheresse vaginale, périnée moins tonique…)
- l’activité cellulaire (élimination des résidus du catabolisme par le foie, les reins…)
La dégestation est un des chantiers majeurs du quatrième trimestre. Si construire demande du temps et de l’énergie, déconstruire en demande également. Quiconque a déjà abattu un mur dans sa maison en sait quelque chose. Ainsi, la dégestation demande du repos, de l’attention, des soins… – Ingrid Bayot
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Source : Le quatrième trimestre de la grossesse de Ingrid Bayot (éditions Erès). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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