Ce qui peut créer de l’anxiété chez les enfants
Il n’est pas possible d’éviter la peur et l’anxiété aux enfants puisque la vie est porteuse de facteurs d’anxiété en elle-même. Or le problème n’est pas l’anxiété (elle est un mécanisme efficace de sauvegarde de la vie) mais la gestion de l’anxiété.
3 facteurs d’anxiété chez les enfants
1.La nouveauté et l’incertitude
Chaque fois qu’une chose nouvelle apparaît à un humain de tout âge et que le cerveau ne connaît pas, le cerveau interprète cette chose comme si elle était dangereuse. Il s’agit d’un mécanisme inconscient au service de la survie : avoir peur incite à se protéger du danger pour maintenir la vie. Chez les enfants, cet instinct de protection face à une nouveauté se manifeste par un pic d’anxiété qui amène l’enfant à trouver refuge auprès de son parent. La nouveauté, l’incertitude, l’impression de perte de contrôle créent de l’anxiété et cette anxiété est un mécanisme sain de réponse au service de la vie (fuir face au danger ou trouver de la protection auprès de personnes aimées et aimantes).
Les parents, et de manière plus générale les adultes qui s’occupent de l’enfant, sont considérés comme une zone de sécurité pour l’enfant : quand celui-ci est auprès d’eux, il est dans sa zone de confort. C’est un des concepts de la théorie de l’attachement : le cerveau identifie les parents comme des “figures d’attachement” car ce sont eux qui peuvent aider l’enfant en cas de danger. C’est précisément l’émotion de peur qui pousse l’enfant dans les bras de son parent en situation menaçante.
2.Les émotions des parents
Les enfants apprennent de leurs parents à différencier ce qui est dangereux de ce qui ne l’est pas dans leur environnement. Les émotions étant contagieuses, quand un parent éprouve de la peur ou un malaise dans une situation donnée, alors l’enfant risque d’éprouver ces mêmes émotions même si ce parent ou un autre adulte essaie de le raisonner en lui expliquant qu’il n’y a pas de raison objective d’avoir peur. En effet, les enfants prennent leurs informations sur le monde à partir des réactions de leurs parents car ils ne connaissent pas le monde et leurs parents étant leurs figures d’attachement, ils se fient à leurs émotions et réactions d’adultes. Par ailleurs, les informations non verbales peuvent venir contredire les mots ou explications données par les parents car les enfants perçoivent très bien les manifestations corporelles, les mimiques ou les postures du parents au-delà des simples mots. Ainsi, un parent qui tente de rassurer un enfant alors qu’il a lui-même peur échouera.
3.Un stimulus de l’environnement par association
N’importe quel stimulus peut devenir source d’anxiété par association : par exemple, associer le bruit de freinage d’une voiture à un accident vécu peut déclencher des crises d’anxiété à l’écoute d’une voiture qui freine trop brutalement.
Un autre exemple fréquent est celui des enfants jetés dans l’eau sans savoir nager : l’eau est associée au danger et l’enfant, même devenu adulte, sera terrorisé à l’idée de se baigner sans avoir pied.
Avoir peur n’est pas un problème : quand la peur en devient-elle un ?
Avoir peur n’est pas un problème : les problèmes peuvent émerger quand les adultes ne permettent pas à l’enfant d’apprivoiser ses peurs à son rythme, à partir de sa zone de confort.
La sur-protection
La sur-protection va empêcher un enfant d’apprivoiser sa peur car il ne pourra pas apprendre à sortir graduellement de sa zone de confort en sécurité par pendulation (explorer le monde en étant assuré de pouvoir revenir auprès de ses parents à tout moment, sans que ceux-ci le forcent à aller au-delà de sa peur ou s’effondrent eux-mêmes à la vue du danger).
La sur-réaction des parents à la détresse de l’enfant
Certains adultes peuvent vivre une désorganisation émotionnelle face à la détresse de leur enfant. Cela peut se traduire de différentes manières :
- blindage face à la souffrance de l’enfant pour ne pas la ressentir ni chez soi ni chez l’enfant (cela peut se manifester par des phrases du type “Fais pas ta chochotte”, “Mais arrête ta comédie, ça ne fait pas peur” ou encore “Je veux rien savoir, tu y vas, un point c’est tout”),
- panique face à la souffrance de l’enfant et amplification de son anxiété à lui (cela peut se traduire par un parent qui dramatise le moindre bobo au risque que l’enfant ne puisse pas faire confiance à ses sensations personnelles et doivent finalement rassurer son parent dans une inversion des rôles et une impression de ne jamais être pris réellement au sérieux),
- évitement de toute situation potentiellement source de stress (ce qui se rapproche de la sur-protection, l’enfant étant empêché, découragé d’explorer).
Dans tous les cas, l’adulte ne parvient pas à être un “cerveau de secours” émotionnellement mature pour permettre à l’enfant d’explorer en étant assuré de pouvoir revenir vers son parent pour y trouver le réconfort nécessaire en cas de besoin.
La sous-protection
Quand il y a sous-protection, l’enfant ne peut pas construire une vision du monde sûre dans laquelle les expériences difficiles peuvent être surmontées avec de l’aide et du temps car cette construction suppose la disponibilité et la bienveillance des parents. Jeter un enfant dans une situation ingérable sous prétexte de le faire grandir et de l’aider à dépasser sa peur ne va faire qu’augmenter son niveau d’anxiété au risque de développer des troubles anxieux et/ou un traumatisme.
Tout l’art consiste à observer l’enfant, à passer du temps avec lui pour le comprendre, pour bien le connaître et à évaluer le plus finement possible ses capacités. L’idée est que la peur ne soit pas trop forte et ce niveau de peur “gérable” dépend des expériences précédentes ainsi que du tempérament et de l’âge de l’enfant (plus l’enfant est âgé, plus ses capacités cérébrales sont importantes).