Repenser la crise d’adolescence : pour une approche bienveillante

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Les conflits avec les adolescents peuvent dégrader l’ambiance familiale. Dans son livre La crise d’ado n’aura pas lieu, Jessica Hollender propose de ne pas parler de crise d’adolescence mais plutôt d’une période de développement. Cette période peut être pénible (sans l’être nécessairement) et, surtout, elle est temporaire. Il est important de maintenir la connexion émotionnelle lors des crises relationnelles afin de ne pas risquer de perdre le lien à terme. En tant que parents, nous pouvons choisir de faire avec plutôt que contre les conflit dans une approche bienveillante.

Quels que soient le conflit, sa nature et son stade d’évolution, je vous invite à vous « connecter » à votre enfant avant de lui demander de corriger la situation. Pour rétablir ou maintenir cette connexion, quoi de plus efficace que de mettre son orgueil dans sa poche et d’aller vers lui pour repenser ce qui vous oppose ? Tout conflit avec votre ado peut être réparé, vous le valez bien (vous, votre ado et votre relation). – Jessica Hollender

Cela ne nous est ni facile ni habituel de chercher les intentions, les souffrances ou les besoins non satisfaits qui ont entraîné la confrontation chez les adolescents. Nous pouvons nous décentrer de notre propre vision de la situation et de nos croyances rigides (du type “Il faut serrer la vis”, “Elle me cherche, elle va me trouver”, “Il est insupportable, il a besoin de plus de limites”). Comprendre et écouter les adolescents, c’est accepter de regarder une part de réalité qui nous échapperait autrement. Cela ne signifie pas tout laisser faire mais créer un espace de confiance où un ado n’a besoin ni de contre attaquer ni de se protéger d’une punition par le mutisme, le mensonge ou la fuite. De plus, sa colère aura tendance à s’apaiser si elle est reconnue et accueillie sans jugement : “Je vois que c’est insupportable pour toi.” C’est après cette connexion émotionnelle qu’une solution peut être encouragée.

Aborder les crises en bienveillance avec les adolescents

En tant que parent d’adolescent, nous pouvons garder en tête que ce qui répare une relation, c’est la prise en considération des émotions des parties impliquées, pas la douleur du puni. Nous avons beaucoup à gagner à abandonner l’idée de vengeance et de punition. Jessica Hollender reprend les trois étapes dans le processus de réparation d’un dommage, telles que proposées dans la Discipline Positive.

1.Reconnaître sa part de responsabilité

Cette première étape consiste à reconnaître que le dommage existe, même si personne n’avait l’intention de blesser, de nuire ou de heurter l’autre.  Cette première étape permet à l’adolescent de comprendre que le dommage existe, même s’il n’avait pas l’intention de blesser, de nuire, de casser. Même quand une personne n’a pas fait exprès d’en heurter une autre, cela ne dispense pas de la responsabilité de réparer.

Reconnaître sa part de responsabilité passe par la prise de conscience du dommage causé. C’est à la personne qui en est à l’origine de s’excuser, y compris les parents.

Pour aller plus loin : Oser s’excuser (y compris en tant que parents envers les enfants) n’est pas chose aisée mais est essentiel pour des relations bien-traitantes

Toutefois, l’abus de culpabilité des adolescents peut entraîner des idées morbides (“je suis mauvais, je mérite de mourir”) ou bien de stratégies de justification (“j’ai simplement fait ce que les autres m’ont demandé, c’est pas de ma faute”, “de toute façon, il l’avait bien cherché”). Il est souhaitable que la culpabilité (“je suis désolé de t’avoir blessé”) soit en tremplin vers la responsabilité (“j’ai commis un acte gênant que je regrette : je vais le réparer.”)

2.Réconcilier

Cette deuxième étape permet de rétablir la connexion et passe par l’expression d’excuses sincères. Réconcilier peut passer par des mots comme :

Je suis désolé(e), je suis allé(e) trop loin. 

Je te demande pardon. Serais-tu prêt à m’excuser ?

3.Résoudre

La dernière étape consiste dans le fait de trouver des solutions pour réparer.  C’est le moment de la réflexion :

  • comment réparer mes erreurs ?
  • comment mieux agir la prochaine fois ?

La réparation peut prendre plusieurs formes :

– la réparation directe et matérielle

Si le travail de réparation est long, l’enfant peut mieux intégrer et comprendre la valeur du dommage causé. Si ce travail est bénin, le dommage causé l’est aussi; inutile alors de dramatiser et de s’appesantir dessus.

– la réparation compensatrice

Quand il n’est pas possible de réparer ce qui a été endommagé, l’enfant peut être aiguillé vers une réparation-compensation.

– la réparation symbolique

Certaines choses ne sont pas réparables. On ne peut pas recoller une personne blessée par une insulte ou un coup de pied. Les parents peuvent réfléchir avec les adolescents à une manière de présenter des excuses sincères. L’ado peut choisir le support avec lequel il est le plus à l’aise (lettre écrite remise en main propre ou postée, discussion orale face à face ou au téléphone…).

Quelle que soit la forme qu’elle prenne, la réparation n’est pas une obligation à apprécier l’autre. Elle peut être suivie par le choix de s’écarter d’un autre, de renoncer à le fréquenter à nouveau ou de lui parler.

 

Les réparations peuvent être l’occasion de réfléchir à une stratégie pour la prochaine fois. C’est différent de dire à un adolescent qui “emprunte” les affaires des autres sans les rendre : “Tu es un voleur, tu seras puni” ou “Pour te rappeler de rendre le matériel emprunté, je te propose de laisser une chose t’appartenant en gage. Tu aurais une autre idée ?”. 

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Source : La crise d’ado n’aura pas lieu de Jessica Hollender (éditions Solar). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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