Déconstruire l’idée du caprice chez les enfants

Déconstruire l'idée du caprice des enfants

Caprice et besoins

Un caprice est une demande insistante de l’enfant, qui parait incohérente aux adultes et qui peut mener à des crises (par exemple, se rouler par terre pour avoir un bonbon). Maria Montessori parle d’un “mystère à percer”.

Or ce que le langage commun appelle “caprice” est toujours motivé par des besoins que les enfants ne savent pas (encore) identifier. Par exemple, certains enfants disent qu’ils ont faim quand ils s’ennuient ou qu’ils sont fatigués alors qu’ils sont tristes. Il y a toujours une “bonne” raison aux comportements, une raison “positive” qui peut être trouvée derrière ce qui est donné à voir ou à entendre.

Quand on est tenté de qualifier les demandes des enfants de “caprices”, nous pouvons essayer de plutôt raisonner en termes de besoins cachés, d’intentions et de motivations de l’état émotionnel de l’enfant. Cela ne signifie pas pour autant satisfaire la demande de l’enfant (s’il demandait à boire de l’eau de Javel ou à sauter du quatrième étage, nous ne le laisserions pas faire) mais être prêts à recevoir la décharge consécutive aux émotions qu’il vit (émotions motivées par des besoins de nature physiologique et/ou affectif et/ou corporel).

Je vous propose cette liste des besoins qu’on pourra afficher à la maison et garder en tête pour accompagner les émotions des enfants :

roue des besoins enfants

 

Caprice et empathie

Un enfant en crise, qui s’oppose, qui souffre a d’abord besoin que sa souffrance soit reconnue, vue, entendue. Il a besoin de se sentir rejoint avec empathie et compris là où il est avec sa détresse sans que personne cherche à le calmer, le conseiller ou à faire diversion.

Quand l’enfant reçoit de l’empathie et que ses émotions sont reconnues, il se détend réellement, il se sent acceptée avec ce qui le traverse, dans toute sa souffrance et son vécu. Le mot magique ici est : “Oui”.

Ainsi, il est possible de dire au jeune enfant : “Oui, c’est super dur ce que tu vis en ce moment; oui, c’est douloureux et je vois bien que c’est difficile.” Dès lors, la bulle de tension se dégonfle; peut-être même que l’enfant se mettra à pleurer à chaudes larmes. Ces larmes sont à accueillir, aussi longtemps que l’enfant en a besoin.

Il est utile de pouvoir s’extraire de la scène afin d’éviter les regards jugeants et de permettre un retour au calme de l’enfant à travers un changement de situation, à travers des mouvements, à travers un câlin ou autre chose qui répond aux besoins de l’enfant sans lui faire peur ou ajouter à son stress. Certains enfants se laisseront approcher et câliner; d’autres auront tendance à fuir pour ne surtout pas être touchés ou à redoubler de cris. Mieux vaut dans ce cas rester à distance tout en étant présent, sans prendre personnellement la résistance de l’enfant.

Apprendre à identifier les besoins sans réprimer les émotions ou utiliser de la violence (punir, exclure, maltraiter verbalement, menacer..) est long et difficile. Raisonner en termes de besoins, d’émotions, d’attachement et d’empathie n’est pas notre langue maternelle et nous pouvons faire preuve d’auto-bienveillance dans cet apprentissage.

 

Caprice et frustration

Il est utile de garder en tête que la résistance à la frustration est un apprentissage qui se construit dans un temps long. Cet apprentissage se construit d’autant plus efficacement qu’il est accompagné et soutenu par des adultes bienveillants et facilitateurs d’apprentissage, dans le sens où ils proposent de l’empathie et des ressources pour apprendre à exprimer la frustration sans passer par des explosions émotionnelles.

Parmi ces ressources, on peut citer celle de la liste des envies. Les envies des enfants se distinguent des besoins dans le sens où les premières peuvent se parler et être satisfaites sur un mode imaginaire.

Un désir ou une envie peuvent être résolus par la simple reconnaissance des parents. Il suffit parfois qu’un parent sorte un crayon et un stylo pour noter les demandes d’un enfant quand celui-ci réclame un jouet dans un magasin. Dans ce cas, le parent montre qu’il prend au sérieux les envies de l’enfant et qu’il s’en soucie assez pour s’y intéresser et les noter.

Dans la lignée de cette idée, il est possible de créer une liste des envies sous forme de cahier ou de panneau des envies qui sera complété au fil du temps.

Dans le cas d’un panneau des envies, il est envisageable de prendre en photo l’objet que l’enfant désire puis, une fois à la maison, de la coller sur le panneau.

C’est bien le fait que cette envie soit reconnue qui compte : elle existe dans l’esprit de l’enfant, elle est accueillie comme légitime par les parents sans censure ni jugement. Cette envie n’a donc pas besoin d’être assouvie immédiatement pour exister.

Un simple cahier ou un panneau destiné à consigner les envies des enfants suffit souvent à calmer les crises consécutives aux refus parentaux. Il est possible d’ajouter des détails qui démontrent un intérêt pour rejoindre le monde de l’enfant : “C’est vrai que c’est joli ! Ça donne envie avec ces paillettes/ cette sirène. Ah, je vois, tu aurais envie de faire ci/ de faire ça avec ces crayons/ avec ces nouveaux Lego. Je note que tu les veux sur ta liste des souhaits/ Je les prends en photo et on va noter cette idée sur ton panneau pour s’en souvenir quand ce sera le moment de faire des cadeaux. Ça pourrait faire un chouette cadeau de Noël/ d’anniversaire.”.

Cette astuce crée de la connexion entre parents et enfants et pourra même aider les parents à mieux connaître les goûts de leurs enfants. Ce sera l’occasion de personnaliser davantage les cadeaux et petites attentions à destination des enfants. Il est envisageable de consulter la liste des envies avec l’enfant le moment opportun venu : celui-ci se rendra compte que certaines de ses envies du passé n’en sont plus dans le présent.

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