12 manières de favoriser le développement d’une estime de soi haute et saine chez les enfant

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Les humains avec une haute estime de soi sont persuadés qu’ils sont capables et dignes. De ce fait, ils font des choix alignés avec leurs émotions et leurs valeurs, ils sont plus résistants et résilients et ils font preuve de persévérance pour atteindre les objectifs qui leur importent et qu’ils se sont fixés eux-mêmes. Ils sont plus susceptible d’être heureux et en bonne santé émotionnelle. Jesper Juul, thérapeute familial danois, estime qu’avoir une estime de soi saine, c’est avoir un système immunitaire psychosocial efficace, qui prévient la toxicomanie, les troubles alimentaires, la scarification, le suicide et les comportements suicidaires, la criminalité ou encore la violence. En effet, une estime de soi haute et saine permet à un enfant ou à un jeune de dire des OUI et des NON fermes et alignés : oui à soi-même, à ses limites, à ses valeurs personnelles, à ses pensées et ses émotions (et NON à ce qui heurte ses valeurs, son sens moral, son éthique).

Avec une faible estime de soi, une mauvaise performance affecte l’image qu’un enfant a de lui et la valeur qu’il s’accorde. Il sera moins fort pour s’affirmer et s’opposer à l’injustice dans un groupe.

Avec une haute et saine estime de soi, un enfant sera probablement déçu d’un résultat qui n’est pas à la hauteur de ses attentes, mais ce résultat n’impactera pas sa valeur en tant que personne digne d’être aimée et de vivre. Les personnes qui ont une bonne estime de soi reconnaissent leurs qualités sans fausse modestie ni surenchère de l’égo mais elles sont également conscientes de leurs limites. L’estime de soi se nourrit quotidiennement, à travers nos interactions, du sentiment d’être aimé, du sentiment d’être utile et du sentiment d’être compétent.

Je vous propose de découvrir 12 manières de favoriser le développement d’une estime de soi haute et saine chez les enfants

1.Accueillir les émotions des enfants

Il est important d’enseigner à un enfant à faire confiance à ses propres perceptions, à écouter sa voix intérieure, de se dire à lui-même : « Si je ressens quelque chose, il se peut qu’il y ait quelque chose de réel dans ce que je ressens. »

En disant à un enfant qu’il ne ressent pas ce qu’il ressent, on le dépouille de sa protection naturelle. Mais ce n’est pas tout. On le rend également confus, on le désoriente, on le désensibilise.

On le force à se construire un monde faux, fait de mots et de mécanismes de défense qui n’ont rien à avoir avec sa réalité intérieure. On le sépare de ce qu’il est. – Faber et Mazlish

Je vous propose une infographie qui résume les choses à savoir sur les émotions des enfants selon Adele Faber et Elaine Mazlish, spécialistes mondiales de la parentalité bienveillante.

choses à savoir sur émotions des enfants

 

2.Prendre en compte la volonté de coopération et d’aide des enfants

Parfois, nous pouvons être tentés de faire à la place des enfants parce que cela va plus vite quand les adultes prennent en charge les actes des enfants (en effet, cela prend plus de temps de laisser un enfant s’habiller seul ou nouer ses lacets).

Une aide utile n’est pas synonyme de “faire à la place”. Quand nous faisons quelque chose que notre enfant sait déjà faire à sa place ou quand nous empêchons notre enfant d’apprendre à faire tout seul, nous entravons son développement naturel. Aider utilement l’enfant, c’est le faire seulement quand il est en difficulté, s’il est d’accord pour être aidé et en montrant plutôt qu’en faisant à la place.

Il est possible de donner des responsabilités et des signes de confiance aux enfants (“je te charge de…”, “je te confiance pour…”) et de les impliquer dans les actes du quotidien plutôt qu’écarter leur aide pour éviter d’éventuels dégâts (“voudrais-tu m’aider en faisant…. ?”, “comment faire pour… ? as-tu une idée ?“).

3.Faire confiance aux enfants

La confiance n’a pas à être la conséquence d’un comportement fiable mais, à l’inverse, donner un gage de confiance sans condition ni attente peut changer la dynamique d’une relation. Le fait de faire confiance à une personne (un enfant en particulier) sans attendre que cette personne fasse ses preuves peut induire un comportement fiable et digne de confiance (c’est ce qu’on appelle une prophétie auto-réalisatrice). Si on a besoin de contrôler pour faire confiance, ce n’est pas de la confiance. La phrase “La confiance n’exclut pas le contrôle” est un non-sens : il s’agit soit de confiance, soit de contrôle mais les deux sont irréconciliables.

Pencher plutôt du côté du contrôle que de la confiance, c’est ne pas être prêt à prendre le risque d’être déçu ou trahi parce qu’il y a des enjeux de dépendance aux regards extérieurs (ex : que vont penser les gens si mon enfant agit ainsi ?) et de responsabilité parentale (ex : je veux que mon enfant soit poli/ ne vole pas; j’ai peur pour la sécurité de mon enfant quand il ne rentre pas à l’heure prévue). Le problème est que, plutôt de nous ouvrir authentiquement sur nos émotions, nos peurs, nos valeurs dans un langage personnel, nous basculons du côté du contrôle de l’enfant (punition, récompense, chantage).

 

4.Laisser les enfants prendre des risques et se tromper (sans les surprotéger)

L’hyperparentalité est la tendance à vouloir en faire trop, à vouloir tout bien faire, quitte à faire les choses en lieu et place des enfants et/ou sans leur demander leur avis. L’hyperparentalité est un trait caractéristique de nos sociétés modernes à plusieurs titres :

  • les naissances sont (presque toutes) désirées et plus ou moins programmées,
  • il y a une pression particulière de la société sur l’éducation, les parents étant la dernière chaîne du maillon (par exemple, la culture de la norme et du risque zéro qui pousse à des injonctions tout au long de la grossesse ou des suivis de chaque écart à la norme),
  • la médiatisation des risques à travers les médias qui relaient chaque affaire angoissante avec moults détails,
  • la recherche de l’efficacité et la peur du déclassement qui poussent à “rentabiliser” tous les moments passés avec les enfants (comme le choix de jouets éducatifs uniquement) et à surinvestir le domaine scolaire,
  • la poursuite du bonheur à tout prix, comme si le bonheur parfait existait.

A la base de l’hyperparentalité, il y a une intention positive, de qualité : les parents veulent bien faire par amour pour leurs enfants. La clé est d’enlever la pression et les peurs tout en gardant l’intention positive. Cela peut se faire à travers la prise de conscience des souffrances et d’une solution gagnant/ gagnant qui permettent de diminuer ces souffrances des deux parts tout en satisfaisant les besoins des parents (sécurité) et des enfants (autonomie, liberté). Une question peut faciliter cette prise de conscience : “Comment se fait-il qu’un enfant ou un adolescent perçoive un milieu (sa famille) comme invivable alors que ce milieu est pétri de bonnes intentions ?”

 

5.Encourager sans louanges superflues

Complimenter les enfants sans les juger, sans les évaluer ni les comparer ou les classer encourage les efforts et la créativité, en valorisant le processus de création ou d’apprentissage et en remarquant les difficultés surmontées .

Porter notre attention sur les efforts et le processus, ainsi que faire des remarques descriptives sur le résultat (les couleurs, les formes, l’intention de l’enfant) n’a pas le même effet que porter un jugement sur le résultat (un joli dessin, une belle peinture…) ou une étiquette sur l’enfant (intelligente, doué…).

Les enfants ont besoin de plus que de louanges :

  • un accompagnement de leur joie à eux,
  • une attention portée à leurs sentiments, une validation de leurs émotions,
  • de l’admiration pour les efforts et les stratégies qu’ils ont élaborées.

Voici quelques propositions d’encouragements qui développent l’estime de soi (plutôt que des louanges) :

  • Tu l’as fait tout seul.
  • Tu as fait ça puis ça et ça a fonctionné.
  • C’était vraiment difficile car…. Et tu dois être tellement fière maintenant du résultat !
  • Raconte moi comment tu as fait, ça m’intéresse.
  • Comment tu as pensé à cette solution/ réponse ?
  • J’ai l’impression que tu es vraiment content d’avoir réussi à faire ça !
  • Je prends beaucoup de plaisir à lire/ écouter/ regarder tes productions. J’aime regarder ton dessin car il me fait penser à…

Par ailleurs, une présence calme et silencieuse peut suffire à encourager les enfants en leur assurant que nous nous soucions suffisamment d’eux pour leur accorder du temps et de l’attention. Il est par exemple possible de ralentir et de faire une pause quand nous passons à côté d’un enfant en train de peindre. Un simple sourire ou quelques minutes passées à regarder l’enfant peuvent être aussi (voire plus) puissant que des paroles. Il est également possible de s’asseoir à côté d’un enfant absorbé dans une activité, de prendre un travail ou une occupation (coudre, lire, équeuter des haricots…) et se contenter d’être avec l’enfant.

6.Eviter de comparer les enfants entre eux

Haïm Ginott, précurseur de la parentalité positive, affirme que nous n’aimons pas tous nos enfants de la même manière et que nous n’avons pas besoin de prétendre le contraire. C’est individuellement que nous aimons chacun de nos enfants et il n’y a pas de hiérarchie entre les compétences et résultats des enfants, seulement des différences.

Ginott propose de :

  • transmettre à chaque enfant ce qu’il y a d’unique chez lui (“tu es le seul à…”, “j’admire cela chez toi…”, “j’aime quand tu…”),
  • passer des moments de temps exclusif sans se préoccuper des autres membres de la fratrie (ne pas parler d’eux, ne pas comparer, ne pas acheter de cadeaux pour eux…).

 

7.Valoriser les enfants et rappeler leurs réussites passées 

Les adultes (en particulier les parents) peuvent être la “boîte à souvenirs” (expression de Faber et Mazlish) des comportements attendus et des réussites des enfants :

  • Rappeler les succès et bonnes actions des enfants (“Ta maîtresse ne te connaît pas comme moi. Moi, je me souviens bien du jour où…”)
  • Valoriser ce que l’enfant sait faire (“On parle bien de cet enfant qui a appris à nager à 5 ans ?“)
  • Insister sur le “pas encore” et le pouvoir du “bientôt” (“Tu ne sais pas encore faire du vélo, et tu vas bientôt apprendre.“)

 

8.Laisser les enfants évoluer en dehors d’étiquettes ou de rôles

Être qualifié d’adjectifs (même positifs) ne donne pas à l’enfant la conviction qu’il peut agir, prendre des initiatives pour changer et contrôler la manière dont il est perçu. Mieux vaut éviter les jugements personnel du type “tu es sage/intelligente/malin” autant que “tu es maladroit/fainéante/menteur”. 

Pour aller plus loin : 15 propositions pour remplacer “c’est bien” et “tu es intelligent” (encourager plutôt que complimenter)

 

9.Laisser les enfants s’exprimer en ce qui concerne les décisions qui les concernent 

Afin de permettre aux enfants de combler leurs besoins de pouvoir personnel, il est utile de leur laisser du pouvoir dans les faits. Souvent, dans le domaine de la parentalité positive, on conseille de laisser des choix aux enfants afin de donner du contrôle aux enfants au quotidien. Quand un enfant ne veut pas s’habiller, l’adulte peut lui proposer le choix entre deux vêtements afin de lui donner l’impression d’une certaine autonomie… et ainsi détourner son attention de la crise à venir. Le problème avec cette technique vient du fait que le choix n’en est pas un : le choix est fermé donc l’enfant n’a qu’une illusion de pouvoir personnel, le parent reste unique décisionnaire et l’idée est en réalité de contourner la manifestation de frustration de l’enfant (éviter ses larmes, ses cris plutôt que les accueillir comme un processus sain de réparation et de guérison face à la frustration).

Nous pouvons assumer de choisir parfois pour les enfants tout en étant prêt à entendre les oppositions et manifestations d’autonomie de l’enfant. En parallèle, nous pouvons faire confiance à l’enfant et aménager l’environnement de manière à éliminer le plus d’obstacles à son autonomie.

Il est possible de penser l’aménagement de l’intérieur à partir des conflits et interdictions récurrentes. S’il y a récurrence, c’est qu’il y a un problème profond d’adéquation entre le niveau de développement de l’enfant et l’aménagement de son environnement. Cela peut passer par le fait de porter attention aux moments où nous nous disons : “Ne touche pas ça !”, “Laisse ça” ou encore “Attention, ça casse/ c’est dangereux !”.

Le fait de prévoir des rangements pour chaque objet va ritualiser les activités et de permettre aux enfants d’assouvir leurs besoins d’autonomie. Des porte-manteaux à hauteur d’enfants vont également dans ce sens.

Il est possible de prévoir des espaces clairement définis pour chacun dans le salon. Dans certaines familles, des espaces de la pièce sont dédiés aux jeux des enfants (petite table et petites chaises, tableau noir pour écrire/ dessiner, chariot à roulettes avec le matériel d’activités créatives..). Dans d’autres, les écrans sont placés dans une pièce dédiée afin de ne pas empiéter sur les interactions relationnelles dans la pièce principale.

La salle de bain peut également être aménagée de manière à rendre accessibles aux enfants leurs affaires (petit bac à hauteur d’enfant ou marche pied, miroir bas, serviette accessible…). Aux toilettes, un marche pied et un réducteur de toilettes participent à nourrir le besoin des enfants de faire comme leurs parents.

 

10.Accompagner les enfants qui ont connu des épreuves (résilience) 

De plus en plus d’études scientifiques mettent l’accent sur un facteur clé de résilience : Chaque enfant qui a réussi à rebondir après un malheur a connu au moins une relation stable et engagée avec un adulte encourageant et bienveillant.

On peut repérer si un enfant a été traumatisé (par exemple par une opération sous anesthésie générale) quand un comportement inhabituel commence peu de temps après une expérience à charge traumatique (accident, chute, dispute, violence… que ce soit subi ou vu). Je vous propose dans cet article 5 principes pour accompagner les enfants dans la renégociation de leur traumatisme à travers le jeu : 5 principes essentiels pour la renégociation du traumatisme chez les enfants (chutes, accidents, opérations, peurs…)

 

11.Offrir des modèles qui donnent envie de grandir 

Dans son livre Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?, Thomas d’Ansembourg propose trois clés de compréhension de l’humain que nous pouvons activer dans nos relations familiales :

  • la chaleur humaine (l’amour vivant),
  • la sécurité du respect inconditionnel (respect senti, vécu et non pas seulement décrété),
  • le sens bien compris de nos actions.

Selon d’Ansembourg, nous avons tous, en tant qu’adultes au contact d’enfants et d’adolescents, le pouvoir de créer des climats “pacifiants” porteurs de valeurs non pas déclarées mais témoignées.
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Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ? de Thomas d’Ansembourg (les Editions de l’Homme). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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12.Parler des ressentis personnels des adultes (émotions, stratégies, erreurs…)

En tant qu’adultes, nous pouvons nous montrer authentiques et vulnérables, conscients de nos limites et de nos émotions pour incarner ce qu’est l’estime de soi en action :

  • Exprimer nos émotions face à un comportement attendu de l’enfant (“Je suis impressionnée/ Je suis content/ Je ressens de la gratitude/ J’ai beaucoup de plaisir à…/ Je suis épaté par la précision de tes gestes.),
  • Mettre des mots sur nos émotions (“C’est désagréable de perdre, je suis déçue mais je suis bonne perdante : félicitations, tu as bien joué !“)
  • Décrire nos procédures et stratégies (“Je dois faire le ménage, c’est décourageant, je vais nettoyer deux pièce aujourd’hui et faire le reste demain“)
  • Reconnaître nos erreurs et réparer (“J’ai renversé mon verre, j’ai besoin d’une éponge pour l’eau et de la balayette pour le verre“)

Lire aussi : Oser s’excuser (y compris en tant que parents envers les enfants) n’est pas chose aisée mais est essentiel pour des relations bien-traitantes