Les repas en famille : faire face aux difficultés (enfant qui mange peu, qui se lève de table, qui trie les aliments…)

difficultés repas en famille

J’ai rédigé récemment un article au sujet du chantage avec la nourriture auprès des enfants : Le chantage à la nourriture : parents et enfants ont tout à y perdre

Vous avez été nombreux à réagir en estimant être conscients des méfaits du chantage mais en n’arrivant pas à trouver des solutions adaptées pour que les repas en famille se passent bien. Certains lecteurs m’ont fait part de leur difficulté face à des jeunes enfants qui mangent peu à table, qui se lèvent de table plusieurs fois par repas, qui préfèrent les desserts/ le sucré ou encore qui réclament à manger en dehors des repas (du fait qu’ils mangent peu à table).

Je vous propose quelques pistes pour apporter des éléments de réponses à ces difficultés dont le point commun est d’explorer les peurs parentales à l’origine du comportement de contrôle de l’appétit des enfants :

  • On entend souvent les parents dire que les enfants doivent apprendre à s’adapter aux règles sociales et donc rester assis pendant le repas, manger de tout, ne pas manger avec les doigts…Pourtant, la plupart des enfants sont capables de maîtriser les codes sociaux à l’extérieur (crèche, école maternelle et primaire). Il est donc intéressant de chercher ce qui dérange les adultes dans le fait qu’un enfant mange debout ou se lève de table à la maison qui est par excellence le lieu où un enfant peut se détendre justement par-rapport aux codes imposés à l’extérieur.

 

  • Par ailleurs, l’estomac des enfants est plus petit que celui des adultes et la satiété vient plus vite après quelques bouchées parfois; en conséquence, la faim revient aussi plus vite. Cela peut expliquer que les enfants aient faim en dehors des repas. En dehors des repas, il est possible de leur proposer des fruits crus ou bien secs, des compotes, du mélange d’oléagineux ou encore des légumes à croquer.

 

  • De plus, les enfants ont un besoin irrépressible de bouger. C’est tout à fait normal qu’ils se lèvent de table (d’autant plus qu’ils savent que les codes à la maison sont plus souples qu’à la crèche ou à l’école). Catherine Gueguen, pédiatre, nous rappelle que l’immobilité est une épreuve pour les jeunes enfants. Dans son livre Vivre heureux avec son enfant, elle écrit qu’un enfant a besoin de faire vivre son corps, de bouger, de courir et de sauter. Certains enfants peuvent devenir agités, voire agressifs, s’ils n’ont pas assez de moments pour dépenser leur énergie et assouvir leur besoin de mouvement.

La vie chez lui est plus forte que tout, elle bouillonne, elle le pousse à bouger, explorer, découvrir. Il a envie d’être libre dans ses mouvements. – Catherine Gueguen

Revisiter les attentes parentales et les besoins des adultes (plutôt que des enfants) au sujet des repas en famille

Si l’enfant n’a pas de souci de santé en lien avec la courbe de croissance ou autre trouble (ex : trouble de l’oralité, autisme), les attentes parentales et les besoins des adultes (plutôt que des enfants) peuvent être interrogés :

  • vous sentez-vous un mauvais parent si votre enfant ne mange pas “normalement” à table ? qui vous a fait ce type de remarques ? par-rapport à qui vous sentez-vous mal ?

 

  • ou alors peut-être est-ce complètement autre chose : avez-vous peur pour la santé de votre enfant même si sa courbe de croissance semble normale ? quels sont les signes qui vous alertent ? sont-ils justifiés ? comment les aborder avec le pédiatre ou le médecin de famille ?

 

  • ou encore peut-être passez-vous beaucoup de temps en cuisine et le fait que votre enfant mange ce que vous avez cuisiné est pour vous une preuve d’amour (et de désamour s’il ne mange pas) ?

 

  • ou alors passez-vous peu de temps en famille et les temps de repas sont importants pour vous car vous avez besoin de lien, de temps de qualité ensemble ?

En fonction des réponses à ces questions (ou d’autres choses qui émergeraient, la liste n’étant pas exhaustive), vous pouvez les communiquer en toute authenticité à votre enfant et lui dire pourquoi c’est important pour vous qu’il reste à table (en ayant bien en tête toutefois que c’est vraiment difficile pour les jeunes enfants et qu’ils ne le font pas pour embêter les parents ou défier leur autorité). Il est possible de trouver des solutions qui conviennent à parents et enfants comme charger l’enfant du ravitaillement en eau ou en pain, laisser l’enfant jouer à côté de la table, le faire participer aux discussions, rire et s’amuser avec lui pour diminuer l’ennui.

 

Si les problèmes persistent (avec une incidence sur le poids de l’enfant notamment), il est recommandé de consulter un pédiatre. Les intolérances, les allergies ainsi que les troubles alimentaires existent bel et bien. En cas de doute (peu de prise de poids ou baisse du poids, très faible nombre d’aliments tolérés, problèmes de sommeil…), vous pouvez en parler avec votre médecin ou votre pédiatre qui vous orientera vers des examens complémentaires s’il le juge nécessaire (exemples : allergologues; psychiatres, neurologues ou neuropsychologues; orthophonistes).

-> Voici un autre article qui pourrait compléter ces éléments : Comment aborder les repas avec bienveillance et dépasser les conflits au sujet de la nourriture ?

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J’aborde la question des repas dans mon livre 100 solutions pour rendre votre quotidien plus serein. Dans cet ouvrage pratico-pratique, j’ai choisi 100 situations fréquentes du quotidien qui peuvent être sources de tension entre parents et enfants (entre 2 et 8 ans). J’ai regroupé ces situations en six chapitres :

• La vie quotidienne (repas, coucher, habillage…) ;
• Les refus, oppositions et l’agressivité des enfants (tape, mensonge, “caprice”, vol et tricherie…) ;
• La jalousie et la rivalité dans les fratries (aîné agressif, enfants veulent la même chose, arrivée d’un bébé, comparaison intrafratrie…);
L’école (apprentissages, devoirs, concentration, relation avec les camarades, stress…) ;
• Les crises et émotions qui posent des problèmes (colère, anxiété, timidité, sensibilité élevée…) ;
• Le coin des parents (épuisement, culpabilité, désaccords conjugaux, difficulté à appliquer les principes de la parentalité positive…).

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