L’art et la manière de dire ce qui fâche entre parents et enfants : le feedback “sandwich”
Christine Dimajo Donati est journaliste et coach. Elle est l’autrice du livre Quand tout devient enfin facile avec nos enfants. Dans cet ouvrage, elle propose une approche pour dire à nos enfants ce qui nous fâchent en faisant preuve d’assertivité sans tomber dans les reproches ou l’agressivité. Elle appelle cette approche le “feed-back sandwich“.
Elle rappelle qu’il est inutile de crier ou de gesticuler dans tous les sens pour passer un message fort. Au contraire, plus on gesticule, plus on devient rouge, plus on crie, moins on est crédible, moins on est raisonnable et plus on devient menaçant. La discussion a donc plus de chance de se montrer efficace si elle a lieu en dehors d’un temps fortement chargé émotionnellement.
Par ailleurs, mieux vaut utiliser moins de mots pour plus d’efficacité. Plus on est précis sur la situation (par exemple, si un enfant est en retard, annoncer le nombre de minutes ou d’heures de retard sur l’heure convenue plutôt que le traiter d’irresponsable) et sur les émotions ressenties (formuler des messages Je qui parlent des émotions ressenties et des besoins), plus le message sera efficace.
Dans une situation conflictuelle entre parents et enfants, chacun doit être conscient de sa responsabilité. L’adulte est responsable de ses propres émotions et les enfants sont responsables du manquement à la règle.
Pour un feedback efficace sur leurs comportements inappropriés, les enfants ont besoin de comprendre en quoi ce qu’ils viennent de faire n’est pas OK pour nous, en quoi nos besoins et nos valeurs ont été heurtés.
Le principe du Feed-Back sandwich est de commencer et de terminer nos propos par des points positifs (le pain) et, comme quand on fait un sandwich, dire ce qui ne va pas entre les deux (la tranche de fromage).
PAIN : Pour commencer, d’abord parler du positif (par exemple, pour un adolescent revenu en retard, mentionner le soulagement éprouvé qu’il soit rentré sain et sauf et la joie de le voir à la maison).
FROMAGE : Ensuite, demander les raisons du comportement inapproprié en gardant en tête que tous les comportements (même ceux que nous estimons inappropriés) ont une motivation positive. tous les comportements humains servent une intention positive, y compris ceux des enfants. Un comportement qu’on va étiqueter de « négatif » (bêtise pour se faire remarquer, demande constante d’attention, non coopération…) a donc une fonction positive. Un comportement inappropriée à nos yeux d’adultes peut être la manifestation d’un besoin fondamental aux yeux de l’enfant comme être aimé inconditionnellement, se sentir en sécurité, ou alors une demande de reconnaissance, ou encore éprouver de la joie, ou simplement un besoin de mouvement. Pour un adolescent en retard, la motivation peut être des besoins d’appartenance, d’autonomie, d’amusement.
L’enfant aura probablement de bonnes raisons pour expliquer son geste… qui ne seront pas nécessairement bonnes pour nous, d’où l’importance de raisonner en termes de besoins afin d’être capable de garder le lien qui nous unit à l’enfant en tête (privilégier la connexion plutôt que le fait d’avoir raison).
Puis, parler des émotions désagréables éprouvées, c’est-à-dire de l’impact de son comportement sur nous en utilisant des messages Je : “j’ai ressenti de la peur parce que je me suis inquiété.e pour ta sécurité et, maintenant, je ressens de la colère parce que j’ai besoin de savoir que les règles établies ensemble sont respectées.” .
Demander à l’enfant ce qu’il ressent quand il entend cela : “comment ça fait quand je te dis ça ?”.
PAIN : Conclure sur une réflexion conjointe sur la manière de réparer la “bêtise” ou d’éviter que l’incident ne se reproduise. Il s’agit de trouver ensemble la solution sur un mode de coopération dans un cadre commun qui prenne en compte nos besoins, les besoins de l’enfant et le cadre non négociable.
Enfin, se donner un calendrier de tests pour la mise en œuvre des solutions trouvées et célébrer chaque comportement approprié au fur et à mesure que la situation progresse (valoriser les petits pas au quotidien pour favoriser la coopération et le respect des règles).
L’objectif de la démarche est d’éviter une dispute dont la seule fonction aurait été de libérer la peur ou la colère du parent, mais qui est contreproductive, pour passer à une prise de conscience de l’enfant de l’impact de son comportement sur les autres. – Christine Dimajo Donati
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Source : Quand tout devient enfin facile avec nos enfants : une méthode simple et efficace au quotidien pour retrouver l’amour et la bonne humeur à la maison de Christine Dimajo Donati (éditions Josette Lyon)
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