La discipline positive avec les adolescents : 7 suggestions pratiques pour l’éducation des ados
Comment aborder l’éducation des ados ? Je vous propose des pistes pour faire face à la difficulté à tisser un lien de qualité avec les adolescents et pour instaurer une communication positive au sein de la famille (inspirées par La discipline positive pour les adolescents de Jane Nelsen).
1.Partir d’un regard d’amour pour développer le lien éducatif
La coopération implique, dans un premier temps, de rejoindre l’adolescent au coeur de sa problématique, pour la transformer avec lui en opportunité d’apprentissage.
Dans le cas de conflit (exemples : dépassement du couvre feu, heure de colle, mauvaises notes…), le dialogue doit toujours partir de la connexion. Cette connexion se fait à la condition de démontrer une réelle envie de comprendre le monde interne de l’adolescent (ton doux, approche bienveillante qui se traduisent par des éléments de communication non verbale). Quand l’envie authentique d’entrer en connexion est absente, la communication non verbale nous trahit car nous risquons de lever les yeux au ciel, de soupirer, de tendre vers la leçon de morale… et l’adolescent risque de se fermer comme une huitre.
Etablir une connexion requiert de faire l’effort de se mettre à la place de l’ado, de partager avec lui ou elle ce qu’on comprend de la situation et de poser des questions (exemples : est-ce que tu en as assez d’aller au collège ? est-ce que tu as l’impression de ne pas être à la hauteur ? est-ce que tu as besoin de plus d’autonomie ?…)
Entrer dans le monde de la nature même de l’échange pour laisser émerger, dans la coopération, une véritable recherche de solutions. – Jane Nelsen
2.Offrir une écoute empreinte d’une sincère curiosité
Les questions de curiosité en discipline positive ont pour objectif de bien comprendre la réalité de l’autre, en l’occurrence de l’adolescent dans le cas qui nous intéresse ici. Jane Nelsen nous prévient :
- la vraie question de curiosité n’est pas une question dont on connaît déjà la réponse.
- ce n’est pas non plus une question dont la réponse ne nous intéresse pas vraiment.
- elle perd son sens si l’ado est puni après avoir partagé une information avec honnêteté.
3. Ne pas se laisser envahir par ce que les autres vont penser et garder à cœur ce qui est important pour l’adolescent
Ne pas se laisser envahir par ce que les autres pensent, c’est faire taire la petite voix qui juge, qui critique, qui raisonne en termes de stéréotypes et préjugés. C’est, à l’inverse, raisonner en termes de besoins et d’élan vital (ce qui participe à augmenter le niveau de bonheur de l’ado, ce qui correspond à son aspiration profonde, ce qui donne du sens et du plaisir maintenant et dans le futur en prenant appui sur ses atouts tout en développant son sens de la responsabilité individuelle).
Cela nécessite de changer nous-mêmes plutôt que vouloir changer les adolescents : qu’est-ce qui est dans l’intérêt de l’adolescent ? qu’est-ce qui est bon pour lui ou pour elle (plutôt que ce que je pense être son intérêt et ce que je pense être bon pour lui ou elle) ?
4.Remplacer la critique et l’humiliation par l’encouragement
Eduquer, ce n’est pas punir, c’est enseigner. Enseigner, ce n’est pas faire des leçons de morale, c’est compter sur l’intelligence des ados pour comprendre en quoi leur comportement peut être préjudiciable et c’est remarquer et valoriser les comportements appropriés (exemple : faire preuve de gratitude quand un ado met de lui-même la table alors qu’on se bat d’habitude pour qu’il le fasse, remarquer les efforts et les progrès sur une note en augmentation même si elle reste en dessous de la moyenne, proposer des stratégies efficaces pour améliorer les notes plutôt que menacer ou priver…)
5.S’assurer que le message d’amour est entendu
Lorsque notre adolescent comment une erreur et que nous souhaitons l’aider à en faire une opportunité d’apprentissage, la première chose à faire est d’entrer en relation avec lui, de le rejoindre par un mot ou un geste. Ensuite, on s’intéresse à ce qui s’est passé et ce qu’il peut apprendre de son erreur. Ainsi le message d’amour passe avant le reste et se traduit de façon concrète dans notre façon d’agir. – Jane Nelsen
Par exemple, quand un ado rentre plus tard que prévu à la maison après une soirée, il est plus efficace d’exprimer du soulagement de le voir rentrer sain et sauf plutôt que le réprimander pour son retard. Par ailleurs, une punition ne décourage pas à recommencer… mais à mieux dissimuler les actions désapprouvées par les parents.
Se centrer sur le message d’amour (“te savoir en sécurité est essentiel pour moi”) ouvre la porte au dialogue et à la recherche de solutions (revisiter ensemble l’accord qui permet à parents et adolescents de s’assurer du respect du cadre et des responsabilités).
6.Impliquer les adolescents dans la recherche de solutions
Choisir de se centrer sur le lien nous ouvre à une communication de qualité avec nos adolescents et nous permet de voir dans les erreurs des occasions de leur enseigner des compétences essentielles comme le respect des engagements (qui marche de pair avec le respect mutuel). – Jane Nelsen
Quand les adolescents sont impliqués dans la recherche de solutions, ils sont plus enclins à respecter les solutions conclues ensemble. Ces solutions diffèrent d’une famille à une autre selon les problèmes rencontrés : elles sont l’expression d’une solution gagnant/ gagnant pour permettre la satisfaction des besoins des parents (besoin de sécurité, besoin de respect) et des ados (besoin d’autonomie, de liberté).
7.Passer des accords dans le respect mutuel
Un vrai accord mutuel et respectueux se construit dans le dialogue, et non dans une exigence à laquelle l’adolescent devra se plier. Cela peut passer par un message du type :
Je ne suis pas d’accord avec cette solution, mais je suis prêt à poursuivre cet échange jusqu’à ce que l’on trouve une formule qui soit respectueuse de tous. Maintenant, si pour l’instant, c’est impossible, je te propose de garder le même cadre jusqu’à ce que l’on trouve un autre accord satisfaisant.
Je repense par exemple à un élève de 13 ans que j’accompagne dans ses apprentissages. On prend toujours quelques minutes en fin de séance pour parler de manière informelle de ses émotions, de ses réussites, de ses échecs, des stratégies à mettre en place. Une fois, il m’a raconté qu’il avait eu une forte altercation avec son père car il avait joué à la tablette plus longtemps que le temps autorisé et s’était fait « prendre » par son père. Ce dernier l’a alors copieusement engueulé et le garçon s’est senti humilié, impuissant et avait même réfléchi à des manières de mieux se cacher la fois prochaine… On a alors essayé de comprendre pourquoi son père avait réagi ainsi et comment ils auraient pu s’en sortir sans se hurler dessus. Je lui ai demandé quelle était la règle de temps de jeu, qui l’avait édictée, comment il jugeait cette règle, quels étaient ses besoins à lui, quels besoins son père avait voulu satisfaire en réagissant ainsi et quelles émotions cette réaction avait éveillées chez l’adolescent. Il se trouve que la règle a été imposée de manière non négociable par les parents et que le garçon n’en a pas saisi les tenants et aboutissants (peur des parents pour sa santé mentale et physique en raison d’une trop grande consommation d’écran, inquiétude pour sa réussite scolaire, désir de contribuer à une vie saine…) Si la règle avait été discutée et coétablie en permettant à parents et enfants d’exprimer leurs vulnérabilités (émotions, peurs, besoins), l’adolescent aurait été plus enclin à la respecter et se serait senti le droit de demander à ses parents de la réviser en fonction de ses nouveaux besoins et de son âge… plutôt que chercher des stratégies pour mieux se cacher.
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Source : La discipline positive pour les adolescents : accompagner et encourager nos ados avec bienveillance de Jane Nelsen (éditions Poche marabout). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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